Après des études à Dijon et à Rennes, Sarah Gommery est aujourd’hui doctorante à la Sorbonne à Paris. Ses études portent sur la formation des océans. Comme son oncle, paléoanthropologue bien connu, elle parcourt l’Afrique à la recherche de nos origines.
On connaissait déjà le paléoanthropologue Dominique Gommery, directeur de recherches au CNRS, qui court après les origines de l’homme à travers l’Afrique depuis plus de trente ans. Depuis quelques mois, sa nièce Sarah Gommery, elle, court après les origines du monde. Son père est le frère de Dominique, qui a repris la boulangerie familiale installée à Ancy-le-Franc.
« Au départ, je voulais être vétérinaire. Rien à voir avec Dominique, mais j’ai très vite compris que ce n’était pas pour moi. Et en faisant ma licence de sciences de la Terre, j’ai eu un coup de foudre pour la géologie. » Après avoir étudié à l’université de Dijon, elle va à Rennes pour un master de géodynamique. Aujourd’hui, elle est doctorante à la Sorbonne à Paris. Ses études portent sur la formation des océans et notamment le nouvel océan qui s’ouvre en Éthiopie dans la région de l’Afar, point de départ des chaînes du rift, devenu le grand terrain de jeu des paléoanthropologues.
Le rift est situé aux limites des plaques tectoniques africaine, arabe et somalienne. La plaque arabique s’éloigne du continent africain depuis 30 millions d’années, lentement mais inexorablement. La jeune scientifique étudie notamment les roches qui proviennent des différentes éruptions volcaniques de cette région. La séparation se produit à un rythme d’environ 2,5 cm par an. Les plaques africaine et somalienne se séparent aussi. Quoi qu’il en soit, le golfe d’Aden et la mer Rouge finiront par inonder la région Afar et la faille est-africaine, créant un nouvel océan. « J’ai déjà effectué plusieurs missions en Éthiopie. » Sarah Gommery en a ramené des échantillons de laves pour les étudier sous toutes les coutures et les dater. « C’est passionnant car on assiste à la création d’une faille océanique. »
Tous deux en Afrique
Si la jeune femme scrutait le sol en Éthiopie en 2023, son oncle n’était pas très loin de là, en Ouganda et en Afrique du Sud où il est retourné deux fois en ayant fait un crochet par la Namibie. Le globe-trotter est notamment retourné sur le site de Bolt’s Farm. Une fois de plus, lui et son équipe sont tombés sur les traces du dinofelis, tigre à dents de sabre, et des ancêtres des lions africains. « Six individus différents au même endroit ont été trouvés. »
Par ailleurs, les restes d’un rhinocéros apparenté au rhinocéros blanc ont été découverts, mais aussi des défenses de cochon que l’on retrouve aussi en Afrique de l’Est. « Ce qui prouve une fois de plus qu’il y a eu des connexions entre ces deux secteurs. Les conditions, notamment climatiques, ont été favorables pour qu’il y ait cette circulation. » En parallèle des fouilles, le travail en collaboration avec les chercheurs sud-africains, namibiens, ougandais est au cœur de la démarche du directeur de recherches. « La transmission est fondamentale ainsi que la confiance partagée. »
Mais lorsque l’oncle et la nièce se retrouvent lors de repas de famille, les origines de l’homme et du monde ne sont tout de même pas le sujet principal des conversations. « On parle d’autres choses quand on se retrouve pour les événements familiaux, en revanche on a plaisir de se voir à Paris. » Leurs labos respectifs sont en effet sur le même campus. « Mais surtout, Dominique a une extraordinaire expérience de l’Afrique. Il sait monter les dossiers, il a les contacts, il sait trouver les financements, et ça, c’est une richesse. D’autant plus qu’il a l’art de la transmission », apprécie sa nièce.
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