À côté de la plaque : ils ont donné leurs lettres de noblesse à Cognac

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Clément Marot, le poète rebelle

Reliant la rue Cagouillet au boulevard de Châtenay, la rue Clément Marot rend hommage à ce poète contemporain de François Ier, comme Mellin de Saint-Gelais (lire ci-contre), dont il était proche à la cour de Cognac. C’est à Cahors qu’il naît, en 1496, fils de Jean Marot, lui-même poète. À la mort de son père en 1526, il lui succède au poste de valet de chambre du roi François Ier, avant de devenir celui de Marguerite de Navarre dont il était aussi le secrétaire.

Portrait présumé de Clément Marot (huile sur bois, 1536).
Portrait présumé de Clément Marot (huile sur bois, 1536).

Repro CL

Sensible aux idées…

Clément Marot, le poète rebelle

Reliant la rue Cagouillet au boulevard de Châtenay, la rue Clément Marot rend hommage à ce poète contemporain de François Ier, comme Mellin de Saint-Gelais (lire ci-contre), dont il était proche à la cour de Cognac. C’est à Cahors qu’il naît, en 1496, fils de Jean Marot, lui-même poète. À la mort de son père en 1526, il lui succède au poste de valet de chambre du roi François Ier, avant de devenir celui de Marguerite de Navarre dont il était aussi le secrétaire.

Portrait présumé de Clément Marot (huile sur bois, 1536).
Portrait présumé de Clément Marot (huile sur bois, 1536).

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Sensible aux idées de la Réforme, il traduisit des « psaumes de David » dont se servaient les calvinistes pour leur propagande. Accusé d’hérésie, il est emprisonné au Châtelet. Libéré, il est à nouveau compromis dans l’affaire des placards et trouve refuge à Nérac chez Marguerite de Navarre, puis en Italie d’où il adresse des épîtres au roi, qui finit par lui pardonner ses écarts. Mais une nouvelle traduction l’oblige à repartir, à Genève d’abord puis à Turin où il meurt en 1544.

Émile Albert le bienfaiteur

Avocat, magistrat, poète, érudit, bibliophile et bienfaiteur de la bibliothèque municipale : Émile Albert est tout ça à la fois. Ce Cognaçais, né en 1795 en plein cœur de ville dans l’hôtel Templereau de Beauchay, 1 rue de Lusignan, s’est fait un nom comme avocat spécialisé dans les affaires civiles. Reconnu autant par ses pairs (élu bâtonnier du barreau de Cognac à trente-trois reprises, puis juge au tribunal civil) que par les Cognaçais, puisqu’il fut élu de 1830 à 1865, dont 8 ans comme adjoint au maire (Gabriel Martell), Émile Albert consacrait son temps libre à la poésie, son violon d’Ingres, à l’érudition et à la constitution d’une importante bibliothèque, de plusieurs milliers d’ouvrages datant du XVIe au XIXe siècle.

Jean-Christophe Loubriat, responsable des fonds patrimoniaux de la médiathèque, devant les rayonnages du fonds Albert, toujours entreposé dans les réserves.
Jean-Christophe Loubriat, responsable des fonds patrimoniaux de la médiathèque, devant les rayonnages du fonds Albert, toujours entreposé dans les réserves.

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En 1876, deux ans après son ouverture, la bibliothèque de Cognac reçoit près de 7.250 volumes, imprimés et manuscrits, légués à sa mort par Émile Albert. Un fonds inestimable que possède toujours la médiathèque, dans ses réserves. En témoignage de sa reconnaissance, le conseil municipal a commandé en 1877 au sculpteur Eugène-Louis Lequesne, un buste en marbre blanc, que l’on retrouve aujourd’hui au premier étage, au rayon des livres régionaux. Puis, en 1900, donna son nom à l’ancienne rue des Ballets, qui relie le boulevard Denfert-Rochereau à la rue du Canton, où il vécut (au n°5).

« Il fait son droit à Paris mais sa passion pour la poésie le fait changer de chemin. »

Marc Marchadier, l’amoureux des arts… et du patois

Né à Verteuil en 1830 de parents viticulteurs, François-Marc Marchadier – dont le nom a été donné à cette rue que longe l’esplanade Georges-Clémenceau (ainsi qu’au parking voisin) – devient propriétaire d’une maison d’eau-de-vie à Cognac. Celui dont la probité et l’intégrité étaient saluées de tous, était un fin dégustateur de cognac et un orateur hors pair.

Passionné de littérature, il possédait aussi des dons artistiques de musicien, de poète et de prosateur. Avec un groupe d’artistes de Cognac et Jarnac, il fonda un Almanach de Cognac, qui parut durant cinq années. Avec son ami linguiste jarnacais Jean-Henri Burgaud des Marets, il mit au point un glossaire des mots en patois de Cognac et Jarnac, qu’il aimait tant, qu’il étudiait et employait, et en composa une grammaire. Son petit-neveu était l’écrivain François Porché, qui lui vouait une affectueuse admiration.

François Porché, poète et dramaturge

François Porché, justement. Lui aussi a sa rue à Cognac, depuis 1953 (perpendiculaire à la rue de Bellefonds). Honneur qu’il le doit à ses talents d’écrivain, de poète, de dramaturge et de critique littéraire. Né en 1877, ce Cognaçais de vieille souche commence ses études au collège de Cognac, puis au lycée d’Angoulême où il côtoie l’écrivain Jean Tharaud. Il fait son droit à Paris mais sa passion pour la poésie le fait changer de chemin. Influencé par Beaudelaire et Verlaine, il publie ses premiers vers à vingt ans et devient intime de Charles Péguy et Alain-Fournier, avec lequel il participe aux « Cahiers de la Quinzaine ».

François Porché (1877-1944) a été honoré par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
François Porché (1877-1944) a été honoré par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

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En 1907, il quitte la France et part en Russie, où il demeure quatre ans, comme précepteur dans une riche famille. Ses traversées de la Russie lui inspirent un premier recueil de poésies. Il revient en France en 1911 avec son épouse Ekaterina et un fils, Wladimir. Il gardera toute sa vie l’amour de la Russie.

Après la guerre de 14, dont il rentra presque mourant, il se lance dans l’écriture et la représentation de pièces de théâtre. C’est ainsi qu’il tombe amoureux de Madame Simone, une artiste de théâtre, qu’il épouse en 1923, et qui l’encourage à écrire pour la scène. En résultent huit pièces qui furent autant de succès, comme « Ma race errante » ou « Un roi deux dames et un valet ». Également journaliste et critique littéraire, François Porché reçut en 1923 le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

Sources : « Les rues de Cognac, tome I », dirigé par Andrée Marik. Dictionnaire biographique des Charentais.

La rue Saint-Gelais rend hommage autant à Octavien de Saint-Gelays (photo) qu’à Mellin de Saint-Gelays, contemporain de François Ier.
La rue Saint-Gelais rend hommage autant à Octavien de Saint-Gelays (photo) qu’à Mellin de Saint-Gelays, contemporain de François Ier.

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Les Saint-Gelais voient double

La rue Saint-Gelais, située derrière le commissariat, évoque une puissante famille du XVe siècle. Parmi eux, deux nous intéressent. Le premier c’est Octavien, 5e des 7 enfants de Pierre de Saint-Gelays, baron et seigneur de Montlieu en Saintonge. Né en 1468, ce grand poète de la Renaissance grandit à Cognac puis fit ses études à la Sorbonne à Paris, avant d’être ordonné prêtre en 1491. Beau, intelligent, musiciens, poète et frivole, il fut surtout un courtisan à succès à la cour de Charles VIII, se plongeant dans tous les plaisirs. Une terrible maladie refroidit cependant ses ardeurs et il se consacra alors aux lettres et à la poésie, laissant une œuvre littéraire très riche. On peut citer « le Séjour d’honneur » et « les Épîtres d’Ovide », dont les exemplaires – issus du fonds Émile Albert – sont conservés au musée de Cognac. L’un de ses poèmes fera même dire à Clément Marot qu’il avait rendu Cognac célèbre. Nommé évêque d’Angoulême en 1494, il resta en grande faveur à la cour de Louis XII après la mort de Charles VIII. Il mourut à Vars en 1502, à 34 ans.
Le second, se nomme Mellin, dont la naissance, vers 1491, est plus énigmatique. C’est Octavien qui s’occupa de son éducation avec beaucoup de soins et d’affection. l’élève était doué. Et après un séjour à l’université de Poitiers puis en Italie, il prit rang parmi les poètes et savants à la cour de François Ier, se liant d’amitié avec Clément Marot. Nommé par François Ier bibliothécaire royal à la bibliothèque de Fontainebleau, en 1544, il jouissait d’une grande réputation d’écrivain. C’est lui qui introduit le sonnet en France. Devenu aumônier du roi Henri II, après la mort de François Ier, il continua ses écrits galants, voire érotiques. Il mourut en 1558 à Paris.

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