Attractivité, concurrence et recrutement : quels sont les défis qui attendent les PUI ? (congrès Curie 2024)

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« Comment amener les compétences humaines et les garder dans les projets à durée déterminée comme les PUI ? » C’est une question à laquelle ont essayé de répondre les participants d’un atelier organisé lors du congrès Curie 2024, le 11 juin 2024, à Marseille. Ils reviennent ainsi sur les enjeux et problématiques de recrutement au sein de leurs PUI respectifs. « Avec le PUI, c’est l’occasion pour nos RH de réfléchir en profondeur à leur offre et aux questions d’attractivité », résume Lucas Ravaux, directeur adjoint innovation de Sorbonne université et coordinateur du PUI ASU.

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Carli Fabre, cheffe de programme PUI de l’université de Bordeaux ; Christelle Doliwa, cheffe de projet – PUI InnoRem – Université de Reims Champagne-Ardenne ; Lucas Ravaux, directeur adjoint Innovation – coordinateur du PUI ASU – Sorbonne Université et Aurore Gassie, cheffe de projet PUI Sud Aquitaine Innovation – UPPA. AEFinfo – M.B.

« Sur les 18 postes à pourvoir au sein du PUI Alliance Sorbonne université, nous avons recruté quatre personnes. Nous sommes certes optimistes, mais nous avons encore du chemin à faire », concède Lucas Ravaux, directeur adjoint innovation de Sorbonne université et coordinateur du PUI ASU, à l’occasion d’un atelier organisé dans le cadre du congrès Curie 2024, le 11 juin 2024. « Avec le PUI, c’est l’occasion pour nos RH de réfléchir en profondeur à leur offre et aux questions d’attractivité – ce qui inclut les salaires », poursuit Lucas Ravaux. « Il faut une évolution profonde dans ce qu’on est capable de mettre en avant pour attirer les talents. »

« Nous ne pouvons pas vraiment être compétitifs en termes de salaires »

« Nous rencontrons souvent des difficultés en ce qui concerne l’attractivité des postes, qui sont souvent des CDD avec des salaires estimés ‘trop bas’ « , pointe Aurore Gassie, cheffe de projet PUI Sud Aquitaine Innovation de l’UPPA. Carli Fabre, cheffe de programme PUI de l’université de Bordeaux, revient quant à elle sur le retour d’expérience mené auprès des 11 personnes déjà recrutées au sein de son PUI, soit la moitié des recrutements envisagés. Selon elle, la nature du projet et l’opportunité de travailler dans un écosystème très riche avec les partenaires du PUI séduisent les candidats et « compensent que le fait que le poste soit un CDD ».

Par ailleurs, « nous ne pouvons pas être vraiment compétitifs en termes de salaires, car nous sommes une université », souligne-t-elle. « Nous voulons ainsi mettre en avant d’autres avantages. Nous travaillons étroitement avec notre RH pour voir comment rendre le poste le plus attractif possible : avec le titre de poste, la mise en contexte du projet, l’écosystème, nos partenaires, les fondateurs et les conditions de travail privilégiées », liste Carli Fabre. Côté PUI InnoRem, « pour attirer des talents, nous avons proposé des salaires un peu plus élevés, mais les personnels déjà en postes se sont sentis lésés », souligne Christelle Doliwa, cheffe de projet au sein du PUI. « Cela a été problématique. »

Lucas Ravaux souligne que « plusieurs sites ont fait voter la possibilité de rémunérer les business developpers à la prime, à l’intéressement ». En effet, « dans ces métiers, c’est un mode de rémunération beaucoup plus classique et plus motivant », estime-t-il. « Mais en fonction de l’établissement qui recrutera au sein du PUI, nous ne sommes pas tous armés de la même façon », concède-t-il. « J’aimerais que nous mettions cela en place chez nous. »

Coordinateur de PUI : « Il a été très difficile de recruter quelqu’un d’externe »

Qu’en est-il du recrutement d’un coordinateur du PUI ? « Il a été très difficile de recruter quelqu’un d’externe à ce poste, et ce même en interne », souligne Lucas Ravaux qui a finalement pris cette fonction au sein du PUI Alliance Sorbonne université. « Nous nous sommes rendu compte que l’un des enjeux, au-delà des aspects techniques de management de projets, était de disposer d’une connaissance fine des acteurs », poursuit-il. « Je cumule donc les deux fonctions de directeur adjoint de l’innovation de Sorbonne université et de coordinateur opérationnel du PUI », rappelle-t-il. « Aujourd’hui, bien que je continue à avoir cette connaissance, nous allons évoluer et je vais probablement faire basculer un certain nombre de mes missions de coordinateur vers d’autres personnes. »

« Nous allons devoir faire preuve d’inventivité pour recruter des business developper »

Côté PUI Alliance Sorbonne université, « nous avons pris la décision de respecter les politiques et les stratégies de recrutement propres à chaque établissement, de ne pas faire quelque chose de différent pour le PUI », souligne Lucas Ravaux. « Évidemment, le PUI doit être cité et expliqué dans la fiche de poste […] mais les canaux utilisés sont vraiment classiques et jusqu’à présent, cela n’a pas l’air de poser de problèmes en termes de candidatures », observe-t-il.

Néanmoins, « nous allons devoir évoluer et faire preuve d’inventivité pour recruter aux postes de business developpers », pointe Lucas Ravaux. « Dans notre PUI, nous n’avons pas de business school ou d’établissement qui forment ce type de profils », fait-il valoir. À Reims, « c’est la Satt qui est chargée de recruter un business developper et la tactique a été de le recruter en amont du PUI », explique Christelle Doliwa. « Nous savions que ce serait plus compliqué après. »

Des business developpers « happés par les laboratoires »

Quel est le profil de business developper recherché ? « Côté Alliance Sorbonne université, aujourd’hui nous sommes à une étape encore d’affinage du périmètre et du profil de business developper », assure Lucas Ravaux. Selon lui, recruter ces profils n’est pas une question nouvelle pour de nombreux établissements. Néanmoins, « au niveau de notre site, nous nous sommes aperçus que les missions des personnes que nous recrutions aux postes de business developper – avec des profils plutôt scientifiques – étaient décalées, concentrées quasi exclusivement sur du développement de projets tournés vers les laboratoires ». « Ces business développeurs se retrouvaient happés par les laboratoires et passaient leurs temps au niveau de leur structure de valorisation, à visiter les laboratoires », observe Lucas Ravaux. « Et, avec l’augmentation des contrats, la plupart sont devenus de super chargés d’affaires », détaille-t-il.

« C’est très bien et très utile pour nous, mais finalement, ils ne faisaient pas du business developpement, qui consiste à sortir de l’université, aller voir les industriels, les futurs exploitants, les futurs clients », pointe-t-il. « Aujourd’hui, nous n’avons pas tout à fait résolu cette problématique. C’est peut-être une question de positionnement, de recrutement spécifique ou d’animation du réseau de ces business développers », suggère-t-il.

« Un des premiers postes pourvu dans le cadre du PUI est partagé »

Interrogée sur la question de la concurrence entre les différents sites, Christelle Doliwa concède que « certains recrutements sont assez similaires ». « Mais les personnes recrutées vont-elles traverser la France pour aller à Bordeaux, par exemple ? », demande-t-elle. » Pour Lucas Ravaux, « le PUI met en lumière une concurrence sur les postes de business développer en particulier, mais ce n’est pas nouveau ». « Les difficultés classiques de recrutement que nous avons dans la fonction publique existaient avant », insiste-t-il en outre.

Côté PUI de Bordeaux, « si nous avons des candidatures que nous ne retenons pas mais que nous identifions comme intéressantes, nous partageons ces CV avec les fondateurs, mais également avec d’autres pôles universitaires d’innovation. Nous avons créé un petit réseau pour ces dispositifs dans notre région », signale Carli Fabre. En outre, « un des premiers postes qu’on a pourvu dans le cadre du PUI Alliance Sorbonne université – cela peut sembler un peu paradoxal – est un poste qui est partagé. Il est financé par le PUI Alliance Sorbonne université et le PUI de PSL », fait valoir Lucas Ravaux, précisant que le recrutement a été réalisé par l’incubateur Agoranov. « Ce qui a été assez décisif dans le recrutement, c’est que ce positionnement, qui pourrait être compliqué, permettait de dépasser éventuellement ces notions de concurrence territoriale et de périmètre », conclut-il.

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