Au centre hospitalier de Brest, un «mur de la honte» dénonce les temps d’attente à rallonge des patients

Alors que de nombreux services d’urgence de l’Hexagone connaissent des difficultés durant l’été, comme chaque année, la CGT hausse le ton contre les temps d’attente à rallonge subis par les patients du centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest. Ce lundi, le syndicat a dénoncé, dans un communiqué, cette situation délétère, assurant que ce ne sont pas moins de «127 patients de plus de 75 ans [qui] ont attendu en moyenne 23 heures aux urgences sur un brancard» entre le 10 juillet et le 7 août.

Souhaitant marquer les esprits, l’organisation représentative des salariés a installé, devant le centre hospitalier, un «mur de la honte» sur lequel sont affichés des temps d’attente impressionnants, comme l’ont raconté nos confrères du Télégramme. «M/Mme LG, 92 ans, a passé 31 heures sur un brancard», lit-on ainsi dans un exemple parmi les 90 témoignages affichés au format A4. «M/Mme K, 91 ans, a passé 29 heures sur un brancard» et «M/Mme Q, 75 ans, 30 heures», avancent d’autres cas. Une situation pour le moins inconfortable pour les patients, qui peut même devenir dangereuse. En 2023, une étude de l’AP-HP, l’Inserm, et des universités de la Sorbonne et Rouen Normandie révélait ainsi que passer une nuit sur un brancard augmenterait de 40% le risque de mortalité pour les patients âgés.

Ce calvaire pour les patients s’explique en partie parce que les plus de 75 ans représentaient en juin et en juillet plus d’un tiers des patients quotidiens, selon l’hôpital. Or, ce sont justement ces personnes plus âgées et plus vulnérables «qui nécessite[nt] de plus en plus de soins et une prise en charge de plus en plus longue», explique Stéphane Vielmas, infirmier en bloc opération et représentant syndical de la CGT, auprès du Télégramme. Par ailleurs, le parcours de prise en charge peut s’avérer – très – long. Consultations, bilans sanguins, attente des résultats d’analyse, scanners… Autant d’examens à la durée «incompressible», indique au Figaro Laurence Jullien-Flageul, coordinatrice générale des soins au CHU de Brest.

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«On ne va pas changer notre façon de faire»

La direction, quant à elle, s’agace de l’initiative de la CGT. La coordinatrice générale des soins du CHU, Laurence Jullien-Flageul, insiste sur le fait que ce «dispositif» de la CGT est même «irrespectueux pour nos soignants». Auprès de Ouest-France, la représentante assure aussi que «l’ensemble des soignants se mobilise pour prendre en charge les patients. On n’a pas honte de leur travail, loin de là». Sans infirmer ni confirmer les chiffres de la CGT, Laurence Jullien-Flageul ajoute qu’«on ne peut pas se satisfaire» d’un «temps d’attente très important». Tout en indiquant que cette attente «n’est pas un phénomène nouveau, c’est un élément de la prise en charge du patient». En théorie, les équipes peuvent consulter l’«indicateur d’activité trois fois par jour, sept jours sur sept» et peuvent ainsi voir si des patients sont là depuis plus de dix heures. Un moyen de réguler au mieux l’activité.

Pour autant, le CHU ne souffre pas de «postes vacants aux urgences», relève la coordinatrice générale. Quant aux lits, 38 sont disponibles en moyenne depuis le début du mois sur les 2500 que possèdent le centre hospitalier. Pas de quoi satisfaire la CGT : une grève illimitée et reconductible du personnel des urgences du CHU de Brest est toujours en vigueur depuis le 4 juillet. Malgré cela, «tout le monde est en poste, affirme Stéphane Vielnas auprès de Ouest-France. C’est la preuve de la pression et du manque d’effectif qui pèse sur le service».