Paul Isidore Verrier est sûrement un nom qui ne parle pas à beaucoup de monde, pourtant son parcours est étonnant. Né le 13 février 1860, à La Ferté-Macé, il deviendra au cours de sa vie une figure de la culture scandinave dans le milieu universitaire parisien. Écrivain, linguiste et spécialiste de littérature, il est le fondateur de l’Institut d’études scandinaves de la Sorbonne.
Il est le fils de Philomène Massey et de François Verrier, qui est charron, c’est-à-dire un artisan spécialiste du bois et du métal. À ses 18 ans, il obtient son baccalauréat ès lettres. Il obtient 10 ans plus tard sa licence ès lettres. En 1889, il est agrégé de grammaire en Allemagne, à l’université d’Heidelberg (qui est l’une des universités les plus vieilles d’Allemagne et elle fait partie depuis 2007 du programme d’initiative d’excellence allemande). Et en 1909, il devient docteur ès lettres.
Il part ensuite étudier l’allemand et l’anglais grâce à ses bonnes capacités linguistiques. Son intérêt pour les pays nordiques et notamment le Danemark se déclare assez tôt, ce qui le pousse à également étudier le danois. Côté vie personnelle, il se marie en 1885 avec Maria Thérésa Pfaff. L’union est scellée à Handschuhsheim (en Allemagne) et naîtra de cette union 5 enfants : Elisabeth, Alice, Marcel, Yvonne, et Roger.
Premier voyage au Danemark
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En 1897, il obtient une bourse qui lui permet de voyager dans le pays qui le fascine tant : le Danemark. Cette bourse couvre la période de 1892 à 1903. Au Danemark, il vient pour la première fois à Copenhague, où il entre immédiatement en contact avec les cercles et associations du Sud du Jutland, qui est une péninsule formant la partie continentale du Danemark.
Dans ce contexte, il s’est rendu dans le Jutland du Sud, où il a rencontré un certain nombre de personnalités de premier plan et a ainsi acquis une connaissance approfondie de la situation de la population du Jutland du Sud. Après le voyage au Danemark, Verrier a écrit un certain nombre d’articles et de poèmes sur le sud du Jutland et sur la lutte de cette région contre la domination étrangère.
Sa carrière professionnelle en tant que professeur commence en 1882, il a alors 22 ans. Il enseigne cette année-là en Angleterre à Hull puis à l’université d’Heidelberg. En 1905, il fut nommé professeur à la Sorbonne, où il devait donner des cours sur les langues nordiques modernes. Il profitait de chaque occasion pour parler du Jutland du Sud et, lorsque ses étudiants allaient au Danemark, ils recevaient toujours un salut de la part des amis de Paul Verrier à Aabenraa et à Flensburg.
Il enseignera plus tard dans divers lycées, puis devient chargé de cours de langue et littérature scandinaves à la Faculté des lettres de Paris, du 1er octobre 1909 au 15 février 1919. Il accède par la suite au statut de professeur de langues et littérature scandinaves dans la même faculté, et devient en 1922 directeur de l’Institut d’études scandinaves. Il prend sa retraite le 30 septembre 1930, en qualité de professeur honoraire.
Première guerre mondiale
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Paul se rendit disponible auprès du ministère français des Affaires étrangères et de la Guerre, lorsqu’il apprit que le 9e corps d’armée prussien, dans lequel il savait que le Jutland du Sud effectuait son service de guerre, avait marché sur la Belgique. Ayant participé à la bataille, il s’est adressé aux deux ministères et a demandé que les prisonniers de guerre du Jutland du Sud soient traités de la même manière que les prisonniers de guerre d’Alsace-Lorraine, qui, comme les habitants du Jutland du Sud, étaient contraints de mener une guerre qui n’était pas la leur.
Il a suggéré qu’un camp soit créé spécialement pour les prisonniers de guerre du Sud du Jutland et a fourni des listes de 200 sudistes. Il s’est rendu dans le Nord de la France à la recherche d’éventuels prisonniers de guerre originaires de cette région danoise.
Verrier réussit à établir un camp de prisonniers de guerre spécial pour les sudistes dans la ville d’Aurillac, dans le Sud de la France, et il reçut également la supervision du camp, tout en s’occupant de son travail d’enseignant à Paris. À l’automne 1918, le nombre de prisonniers de guerre du Jutland du Sud à Aurillac dépassait les 500. Beaucoup d’entre eux travaillaient chez les agriculteurs des environs et étaient bien traités.
L’annonce de l’Armistice le 11 novembre 1918 provoqua naturellement la liesse parmi les prisonniers, mais il fallut encore quatre mois avant qu’ils puissent naviguer via Dunkerque jusqu’à Copenhague sur le navire « Skt. Thomas ». Les 314 prisonniers de guerre arrivèrent à Copenhague le 31 mars 1919, où Paul Verrier fut félicité pour ses efforts.
Paul Verrier est resté au Danemark jusqu’après la Réunification. Durant la période de vote, il a été attaché à la Commission internationale (CEI) en tant que conseiller du député français Paul Claudel. En avril 1919, Verrier est nommé commandant de Dannebrog par Christian X (roi du Danemark de 1912 à 1947).
Ses ouvrages
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Dans sa vie, Paul Verrier a écrit de nombreux ouvrages. En premier lieu sa thèse Essai sur les principes de la métrique anglaise en 1909-1910. En 1912, L’Isochronisme dans le vers français. En 1915, des œuvres dans les revues « Pages d’histoire – 1914-1915 ». Son dernier ouvrage date de 1931 : Le Vers français ; formes primitives : développement – diffusion. Il a également traduit, en 1934, l’œuvre de Hans Victor Clausen Le Slesvig écrit en danois. Il a écrit dans la revue de phonétique. En 1912, Il a travaillé auprès de Ferdinand Burnot au service des archives de la parole.
Chevalier de la légion d’honneur
Après avoir reçu des décorations au Danemark, il est également décoré en France, en 1922 de la Légion d’honneur au rang de chevalier. En visite au Danemark deux années auparavant, il est honoré à la fête des retrouvailles à Dybbøl, le 11 juillet 1920. Il est également lauréat de l’Académie des inscriptions et belles lettres.
Paul Verrier s’éteint à son domicile du 14e arrondissement de Paris à 78 ans, en 1938. À noter que dès 1920, Paul Verrier recevait des honoraires à vie de 10 000 francs par an. Aujourd’hui, son portrait est exposé dans la galerie de peintures de Folkehjem à Aabenraa.
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