C’est quoi la Cocarde étudiante, ce syndicat d’extrême droite de plus en plus présent dans les universités françaises

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Mi-janvier, l’Union nationale des étudiant∙es de France (Unef) déplorait dans un communiqué la « montée et la banalisation de l’extrême droite dans les campus depuis plusieurs années ». Avec, notamment, une percée de la Cocarde étudiante. Pour la deuxième fois de sa courte histoire, ce syndicat proche de l’extrême droite va participer aux élections du Crous qui ont lieu cette semaine, avec des listes déposées dans treize villes en France. Mais alors, qu’est-ce que la Cocarde étudiante ? Que revendique-t-elle ? Faut-il s’inquiéter de son ascension dans les universités ? 20 Minutes fait le point.

Qu’est-ce que la Cocarde étudiante ?

Cette organisation étudiante a été fondée en 2015, à l’université de Paris Panthéon-Assas, par Pierre Gentillet et Maxime Duchauvelle. Ces deux jeunes dissidents de l’Union nationale interuniversitaire (Uni) souhaitaient réunir ceux qui se sentaient liés par « le souverainisme, l’identité et le refus du libéralisme ». Selon ses fondateurs, les troupes comportaient à la création « 40 % de non encartés, 20 % de Républicains, 20 % de Debout la France et 20 % de FN (ex-RN) », rapportait La Croix, présent lors de la présentation de cette nouvelle organisation étudiante.

Depuis, des enquêtes de Street Press et Mediapart ont montré les liens étroits entre les membres du syndicat et des groupes comme le GUD ou Génération identitaire, désormais dissous. Shinisha Milinov (dont le nom militant était « Uros »), très connu à Lyon, était un de leur porte-parole. Deux anciens militants de la Cocarde étudiante ont récemment été condamnés à 140 heures de travaux d’intérêt général après avoir repeint en blanc la statue de Victor Hugo à Besançon, avec l’inscription raciste « White Power ».

A travers ses membres, l’organisation fait donc parlé d’elle, notamment par sa participation à des blocus et à des actions militantes, parfois très violentes envers des membres d’organisations syndicales de gauche.

Sur son site, les préférences politiques de la Cocarde oscillent entre Reconquête et le Rassemblement national, comme le démontre la liste des personnalités invitées en conférence. Le RN n’hésite d’ailleurs pas à recruter directement parmi ses membres. L’ancien président de la Cocarde, Luc Lahalle, a été assistant parlementaire de Jordan Bardella.

Quelles sont les revendications de la Cocarde étudiante ?

La Cocarde étudiante se présente comme « l’alternative patriote », le « syndicat du camp national ». Elle propose dans ses revendications de « diminuer drastiquement la CVEC [la contribution à la vie étudiante et de campus] », « des repas à 2 euros » mais aussi « une priorité nationale » à l’attribution des logements et des bourses du Crous.

Pour le politologue Jean-Yves Camus, ce type de « revendications sont des revendications corpo » qui peuvent « drainer un électorat qui n’est pas particulièrement militant ». « Déjà dans les années 1980, les organisations étudiantes nationalistes, comme le GUD, faisaient assez peu une campagne idéologique mais mettaient en avant des propositions basiques et matérielles, poursuit le spécialiste. Avec cette stratégie, l’organisation peut ainsi espérer récolter assez de voix pour décrocher un siège [au conseil d’administration du Crous], étant donné que c’est une élection dont la participation est assez faible. » Par exemple, en 2021, le taux de participation à Lyon a été de 4,3 %.

Quelle est l’implantation du syndicat dans le paysage étudiant français ?

Après Assas, d’autres sections ont vu le jour un peu partout sur le territoire. Sur son site, la Cocarde étudiante revendique une présence dans vingt-deux universités en France et 500 adhérents, sur un total de soixante-douze universités, selon Campus France. Et sur les réseaux sociaux, elle cumule près de 45.000 abonnés.

En 2021, la Cocarde étudiante avait présenté deux listes pour élire les représentants au conseil d’administration du Crous, à Paris et à Lyon, et n’avait obtenu aucun siège. Mais un an plus tard, lors des élections étudiantes de Paris-Nanterre, elle a gagné ses deux premiers sièges, puis un autre en novembre 2022, à l’université Savoie Mont-Blanc. Le syndicat a également obtenu un siège en décembre 2022 à la commission de la Formation et de la Vie universitaire de la Sorbonne.

Plus récemment, en décembre 2023, il a fait une percée historique à Besançon en entrant au conseil d’administration de l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) avec 20 % des voix. Comme le rapporte France 3, cette percée s’explique en partie par une participation record aux élections étudiantes de l’établissement (21 % contre 8 % les années précédentes), qui augmente les chances d’obtenir un siège.

Faut-il s’inquiéter de la percée de ce syndicat dans les universités ?

Pour le politologue Jean-Yves Camus, « il n’y a rien de très nouveau sous le soleil » même s’il reconnaît qu’aujourd’hui, « il y a une petite percée des idées du RN chez des étudiants qui, pendant très longtemps, restaient réfractaires au parti ». Il analyse : « Depuis les années 1970, les mouvements étudiants de la droite nationaliste se mobilisent assez régulièrement pour les élections, avec des périodes de creux puis d’embellie. Ils profitent souvent d’une élection où l’on se déplace peu pour tenter le coup et avoir des élus sans trop de mal. »

Le spécialiste de l’extrême droite souligne que le syndicat semble « s’enraciner » après près de dix ans d’existence. « À l’échelle de l’organisation étudiante, les membres ont l’air d’avoir trouvé des relais pour pérenniser le syndicat. Car l’un des principaux problèmes dans ce milieu, c’est la transmission et se retrouver sans militant après la fin de la scolarité d’une génération. Ça a donc l’air d’être parti pour durer. Mais pour s’imposer dans le paysage universitaire, il faut gagner. »

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