Cet été, partez à la rencontre de celles et ceux qui font vibrer le Capdenacois. Aujourd’hui, nous rencontrons Benoît Girault, qui travaille le vitrail. Maître-verrier, selon la terminologie du Moyen-Âge, Installé sur le secteur depuis une vingtaine d’années, il porte un regard éclairé sur un métier où l’art et l’histoire se mêlent pour transmettre un héritage précieux aux générations futures.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
J’ai suivi des études en histoire de l’art à la Sorbonne, où j’ai découvert mon intérêt pour l’architecture, sur un volet plus pratique que théorique. Cela m’a conduit à obtenir un CAP en restauration de vitraux, combinant mes passions pour le dessin, le bricolage, et l’exploration des bâtiments anciens. Après un diplôme de l’École nationale supérieure des arts appliqués et métiers d’arts rue Olivier de Serres à Paris, je me suis installé en Bretagne pour travailler à mon compte. En 2002, Anne-Hélène Le Bras et moi avons racheté l’atelier de Pierre Lebret à Figeac, et c’est ainsi que l’aventure de l’Atelier Saint Clair a commencé.
Pouvez-vous expliquer la différence entre la restauration et la conservation d’un vitrail, et comment ces deux approches s’appliquent dans votre travail ?
La conservation vise à stabiliser l’état actuel d’un vitrail pour prévenir toute dégradation future, sans nécessairement corriger les dommages existants. Elle inclut des interventions comme le nettoyage ou le renforcement des structures pour éviter l’effondrement. La restauration, en revanche, implique une intervention plus active, où l’on cherche à retrouver l’aspect original de l’œuvre, en recréant les parties manquantes ou endommagées. À l’atelier Saint Clair, nous travaillons principalement sur la restauration, mais nous intégrons également des principes de conservation pour préserver l’intégrité historique des vitraux.
Pouvez-vous décrire les principales étapes de la restauration d’un vitrail ?
Tout commence par une veille des marchés publics pour identifier les projets intéressants. Une fois le travail attribué, je dépose les vitraux sur site, souvent avec un échafaudage. Les panneaux sont ramenés à l’atelier où ils sont photographiés, nettoyés, et les éléments fragmentés ou manquants sont recréés avec les techniques d’époque. Les vitraux restaurés sont ensuite repositionnés dans l’église. Précision importante : la restauration de vitraux n’est pas un acte artistique. Il s’agit d’un travail d’enquête, basé sur la déduction, sans place pour la création. Je ne prends aucune décision créative ; je ne fais que restituer l’existant.
Pouvez-vous nous parler d’un chantier qui vous a marqué ?
J’ai restauré deux panneaux du XVe siècle représentant des anges musiciens dans l’oratoire du château de Castelnau-Bretenoux, les plus anciens sur lesquels j’ai travaillé. J’ai également réalisé l’inventaire de la collection, en collaboration avec le service des monuments nationaux. Cette collection a été constituée par Jean Moulierat, chanteur d’opéra du XIXe siècle. Je tiens à préciser que je travaille régulièrement avec Malbrel Conservation, entreprise spécialisée dans la conservation et la restauration du patrimoine français, notamment des bâtiments, monuments et œuvres historiques, et qui est basée à Capdenac le Haut et Capdenac-Gare. Eux ne travaillent pas le vitrail, ce qui nous amène à nous associer dès que nécessaire.
Vous travaillez au cœur du patrimoine depuis de nombreuses années. Comment définissez-vous le patrimoine et quel lien entretenez-vous avec celui du territoire où vous exercez ?
Pour moi, le patrimoine, c’est tout ce qui se transmet d’une génération à l’autre, qu’il soit matériel ou immatériel. Cela peut être un bâtiment, une œuvre d’art, mais aussi des gestes de métiers, des savoir-faire qui perdurent. Mon métier s’apparente à l’archéologie : il s’agit de conserver des artefacts du passé, de comprendre comment et pourquoi ils ont été réalisés. Depuis 20 ans que je travaille ici, j’ai développé un lien profond avec ce territoire. J’ai appris à connaître les pierres locales, à observer les techniques des tailleurs de pierre, parfois très spécifiques à certaines régions. Ce savoir accumulé me donne une connaissance intime du patrimoine local, au point où je commence à mieux le connaître que celui de ma région d’origine. Hériter de ce patrimoine pour le transmettre à la génération suivante, c’est ce qui définit notre civilisation.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Côté perso, il faut dire que j’ai peu de loisirs en dehors d’un travail très prenant. Mais ce dernier est si riche ! Côté pro, je suis actuellement engagé dans un master 1 et 2 en conservation et restauration des biens culturels, spécialisé dans les vitraux à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. J’ai commencé les cours en septembre 2023 après avoir monté un dossier de VAE assez exigeant. Ce diplôme, qui me permettra d’être conservateur restaurateur, est essentiel pour accéder à certains chantiers prestigieux où il est obligatoire. Cela ouvre aussi des perspectives dans la conservation de vitraux anciens pour des musées, ce qui m’intéresse particulièrement. Au-delà de l’aspect professionnel, c’est aussi une satisfaction personnelle. J’ai obtenu mon CAP en 1984, donc j’ai une solide expérience pratique, mais il me manquait certains éléments plus théoriques. Je cherche ainsi à équilibrer mon parcours en comblant ces lacunes et en profitant de la stimulation intellectuelle que cela apporte.
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