L’humain ne descend pas du singe, les plus forts ne survivent pas nécessairement, et la nature n’est ni bien faite, ni cruelle, parce qu’elle n’a pas d’intention. Ce sont parfois les mauvaises interprétations d’une des plus célèbres théories scientifiques de l’histoire, celle de l’évolution.
C’est Charles Darwin qui en formule les fondements dans son Origine des espèces, en 1859. Il n’est cependant pas le premier à développer l’idée d’un mécanisme de filiation entre les espèces ! L’évolution était déjà dans l’air, mais c’est grâce à lui qu’elle va se répandre…
Publicité
Ces piliers centraux que sont la descendance avec modification et la sélection naturelle n’ont pas changé, ils sont toujours là et toujours valables. Pourtant, elle est aujourd’hui certainement la théorie scientifique la plus critiquée au monde !
Comment cette théorie a-t-elle été formulée ? Comment a-t-elle été vérifiée et validée ? Comment la théorie de l’évolution a-t-elle changé le monde ?
Pour en parler
Guillaume Lecointre, professeur du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, auteur de Le Monde de Darwin, éditions de la Martinière, 2015, ainsi que de la deuxième édition de L’évolution : question d’actualité ?, QUAE, 2023
Philippe Huneman, chercheur au CNRS à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, co-éditeur de Les mondes darwiniens, éditions Matériologiques, 2011
Avant Darwin
Pour comprendre l’apport de Charles Darwin et de son Origine des espèces, il est nécessaire de développer le contexte scientifique dans lequel ces travaux ont émergé. Car avant Darwin, il y avait déjà une pensée évolutionniste qui se mettait en place ! Diderot déjà, au 18e siècle, avançait l’idée d’une conception des espèces d’êtres vivants, non plus de façon statique, immuable, mais d’une façon dynamique, autour de l’idée de la transmission des caractères, qui pourraient se modifier… Il y avait donc là déjà l’intuition de la mutation génétique ! Il y aura également Jean-Baptiste Lamarck, qui aura une influence certaine sur la pensée évolutionniste :
Lamarck était un grand naturaliste, il a beaucoup contribué à la classification de la flore française, et d’autre part des invertébrés, avec cette idée que, au fond, les invertébrés, c’est une distinction absurde. Un des grands mouvements de l’histoire naturelle au 18e siècle, c’est de comprendre qu’en fait, il y a plusieurs groupes [sous ce terme]. Il y a les vers, il y a les gastéropodes… Lamarck a contribué à ça. Et puis c’est l’un de ceux qui va penser que les espèces n’ont pas été créées toutes d’une pièce et indépendamment, mais qu’elles se transforment les unes dans les autres. Il va proposer un double mécanisme, qui est faux, mais qui repose sur une sorte de vision, la physiologie. En fait, ça n’a pas vraiment pris ce transformisme-là, même si Lamarck se sent obligée d’y référer. Ce que l’histoire scientifique a retenu sous le nom de lamarckisme, c’est l’idée qu’il y a une tendance des individus à s’adapter aux circonstances et à transmettre à leurs enfants ces adaptations. C’est ce qu’on appelle dans la littérature, bien après Lamarck, l’hérédité des caractères acquis. Philippe Huneman
Quelle réception de la théorie de Darwin ?
Dans l’ouvrage L’origine des espèces, il y a deux grandes idées principales : la descendance avec modification et la sélection naturelle. Deux idées qui vont être discutées, parfois rejetées : c’est notamment une grande problématique pour l’Église, car la pensée évolutionniste invalide le discours créationniste de la Bible.
On a beaucoup théâtralisé les joutes verbales entre le révérend Wilberforce qui a eu en effet eu au moins une joute verbale avec un ami de Darwin, Huxley. Mais Darwin n’a pas été mis à l’index. Il y a eu des réactions dans le monde religieux, c’est vrai, parce que finalement les sciences prenaient leur autonomie, et elle mettait un pied sur un terrain qui jusque-là semblait réservé aux discours théologiques. Imaginez-vous, l’origine de ce qui existe, l’origine naturelle de l’homme, et en 1871, on ira même jusqu’à l’origine naturelle de la morale, parce qu’on a l’émergence de la coopération par voie de sélection naturelle, et les règles morales émergent dans les sociétés humaines pour régir en quelque sorte la balance des intérêts et la coopération. Donc tous ces gestes-là sont des prises d’autonomie scientifique, qui ne plaisent pas évidemment au clergé. Guillaume Lecointre
Références sonores
Maupertuis, 2 : Maupertuis biologiste, extrait de l’émission Heure de culture française, RDF / RTF, 1959
Albert Jacquard sur le darwinisme social, extrait de l’émission « D’où vient l’homme ? – Les dossiers de l’écran, A2 / France 2, 1977
Lecture d’un extrait de La connaissance de la vie aujourd’hui de Jean Gayon, ISTE éditions, 2018
Darwin avait raison de Feloche
I wanna be like you (BO Le Livre de la jungle) de Louis Prima
Cette chronique est reproduite du mieux possible. Si vous désirez apporter des explications sur le sujet « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Notre plateforme sorbonne-post-scriptum.com vous conseille de lire cet article autour du thème « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne ». La fonction de sorbonne-post-scriptum.com est de rassembler sur le web des données sur le sujet de Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne et les diffuser en répondant du mieux possible aux interrogations des gens. En consultant régulièrement nos pages de blog vous serez au courant des prochaines publications.