Feydeau, le rire Belle Époque

« Il faut saluer en lui le mathématicien, l’horloger, l’ingénieur, le Vaucanson, le Blaise Pascal, l’Edison, le thaumaturge, le démiurge qui invente, rêve, combine, construit, remonte, fait marcher imperturbablement et impeccablement une machine aussi compliquée ». Quel peut être l’auteur qui a mérité un pareil hommage ? Il s’agit de Georges Feydeau, dont l’œuvre théâtrale est honorée de la sorte par l’un de ses contemporains, le poète Jean Richepin. Georges Feydeau est ici évoqué avec son excellente biographe, Violaine Heyraud, maîtresse de conférences en littérature française à l’université de la Sorbonne nouvelle-Paris 3. Il va falloir démêler en sa compagnie, dans cette vie d’homme et dans cette œuvre profuse, ce qui peut expliquer que, parmi tant de dramaturges, parmi les confrères de Feydeau au tournant du XIXe et du XXe siècles dont les pièces ont été englouties par le temps, les siennes continuent de prospérer de semblable façon. Pourquoi donc trouve-t-on encore régulièrement des gens de théâtre ardents à le mettre en scène et des publics enthousiastes dans leurs fauteuils ? Ce ne peut être que parce que le génie de ces intrigues et de ces formes, tout enracinées qu’elles soient dans leur époque, recèle quelque chose d’universel. En donnant au vaudeville une qualité et un éclat inédits, en nous offrant ce miroir de son temps, Georges Feydeau porte haut le rire spécifique de la Belle Époque. Un rire qui parle pour elle dans sa pleine dimension, à la fois sociale et culturelle. Mais un rire qui est capable aussi de déferler jusqu’à nous. Et l’envie nous vient de comprendre selon quelle rare inspiration, selon quelle savante mécanique, par-delà ces bourgeois, ces cocottes et ces spadassins si datés, l’œuvre de Feydeau nous parle encore très fort en nous réjouissant sans limite.

ARCHIVES

Amour et piano (comédie en un acte, 1883), interprétée par Alain FEYDEAU et Monique GERARD, « Dans leur intimité : Georges FEYDEAU », de Nicole Strauss, 31 décembre 1968.

Texte de Georges Feydeau, comment il est devenu vaudevilliste, lu par Alain Feydeau, « Dans leur intimité : Georges FEYDEAU », de Nicole Strauss, 31 décembre 1968.

Lysiane BERNHARDT : quand sa grand-mère conseille Feydeau, « Dans leur intimité : Georges FEYDEAU », de Nicole Strauss, 31 décembre 1968.

On purge bébé, avec Jean DESAILLY et Madeleine RENAUD, « Le rideau se lève », 27 mars 1949.

Francisque Sarcey à propos de La Dame de chez Maxim’s, texte lu par Béatrix Dussane, « Des chandelles aux projecteurs », de Béatrix Dussane, 19 juillet 1961.

« Comme au théâtre » paroles et musique de Roland Arday, interprétée par Cora Vaucaire, 1970.

BIBLIOGRAPHIE

Violaine Heyraud, Georges Feydeau, Folio biographies, 2023.

Violaine Heyraud, Feydeau, la machine à vertiges, Classiques Garnier, 2012.

Violaine Heyraud (dir.), Feydeau ; la plume et les planches, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2014.

Georges Feydeau, Théâtre, édition de Violaine Heyraud, La Pléiade, 2022.

Georges Feydeau, Théâtre complet, édition d’Henry Gidel, Classiques Garnier, 2012.

Georges Feydeau, Théâtre, Omnibus, 2011.

Christophe Barbier, Le Monde selon Feydeau. Portes qui claquent, maris cocus, quiproquos et fous rires, Tallandier, 2021.

Alain Vaillant, Matthieu Letourneux (dir.), L’Empire du rire. XIXe – XXIe siècle, CNRS Éditions, 2021.

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