Guerre à Gaza : la contagion aux universités est-elle possible

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Ce mardi 30 avril, plusieurs campus doivent connaître une journée de mobilisation en faveur de la cause palestinienne. Toulouse, Strasbourg, Bordeaux, Amiens et Lyon doivent vivre au rythme des blocages, campements et rassemblements, dans le sillage de plusieurs établissements parisiens.

Déjà, lundi 29 avril, la police a évacué la Sorbonne, où une trentaine d’étudiants pro-Gaza avaient monté des tentes dans la cour et à l’intérieur du bâtiment afin de demander « l’arrêt des partenariats avec des universités ou des entreprises qui soutiennent le gouvernement Netanyahou et la pénalisation de la contestation », justifie Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat l’Union étudiante, un syndicat né en 2023 d’une scission de l’Unef. Ils ont été évacués par les forces de l’ordre vers 15 h 30, tandis que 300 étudiants venaient de les rejoindre.

Drapeaux, keffiehs et présence d’élus LFI

Quelques jours plus tôt, vendredi 26 avril, Sciences Po avait donné le ton, lors d’une journée de mobilisation tendue, sur des mots d’ordre similaires. Une cinquantaine d’étudiants ont organisé un blocus de l’établissement, avec drapeaux et keffiehs et en présence de plusieurs élus LFI. Ils ont levé le camp en soirée, après avoir obtenu des gages de la direction : l’abandon de toutes poursuites à l’égard des manifestants, et la promesse d’un « town hall », jeudi, un exercice venu d’outre-Atlantique, sous forme de grand échange de questions-réponses avec la direction de l’établissement.

Pour l’instant, seule une poignée de manifestants se sont mobilisés, de quelques dizaines à 200, selon les observateurs. Soit une petite minorité, sur les 14 000 étudiants de Sciences Po ou les 22 000 de la Sorbonne. Rien à voir donc avec une lame de fond. Autre élément qui ne plaide pas pour une mobilisation de longue durée : le calendrier n’est pas favorable, alors que plusieurs établissements – dont Sciences Po – vont commencer leurs examens de fin d’année.

« La liberté académique n’a jamais été sans limites »

Sur le fond, ensuite, les mots d’ordre laissent sceptiques plusieurs observateurs du monde universitaire qui doutent de leur capacité à rassembler. « Prétendre qu’il y aurait une atteinte à la liberté académique, qu’on ne puisse pas parler de Gaza à l’université semble excessif », avance Bernard Toulemonde, ancien inspecteur général. Bien qu’aujourd’hui à la retraite et « donc pas au fait de tout ce qui se passe dans les établissements », concède-t-il, il rappelle que « la liberté académique n’a jamais été sans limites. »

Elle confère aux professeurs un statut d’indépendance et leur permet d’exprimer une opinion. Elle permet aussi aux étudiants de faire de même, se réunir et monter des associations. « Mais l’idée est toujours de faire vivre le pluralisme, dans le respect de l’ordre public et sans sectarisme. » Elle s’oppose de ce fait à toute idée de bannissement ou de blocage, prolonge Bernard Toulemonde.

Cet engagement propalestinien est aussi la marque d’un engagement à gauche de la gauche du monde étudiant, déjà souligné par les travaux des chercheurs Anne Muxel et Olivier Galland, par exemple. Lundi, Manuel Bompard, chef de file de La France insoumise, a ainsi souhaité que les mobilisations pour Gaza « prennent de l’ampleur », tandis que sa candidate aux européennes, l’avocate palestinienne Rima Hassan, a dit « assumer totalement » son appel au « soulèvement ». Le député Louis Boyard était présent à la Sorbonne, où il est très bien accueilli par des syndicats marqués à l’extrême gauche.

Une « internationalisation de la solidarité »

Reste que ce mouvement pourrait aussi porter plus loin, estiment certains universitaires comme Ziad Majed, politiste et professeur à l’Université américaine de Paris, selon qui on assiste, via les universités, à une « internationalisation de la solidarité » avec Gaza. « Il est évident qu’il y a, ces dernières semaines, de plus en plus de manifestations, de mobilisations, de conférences, de pétitions lancées par des étudiants, des organisations de défense des droits de l’homme, des juristes, et ceci dans plusieurs pays du monde, y compris les pays occidentaux. » Plus qu’un mot d’ordre politique ou une ingérence, celle-ci, estime-t-il, est due « au moment exceptionnellement tragique que traverse Gaza. »

Partis des universités américaines, ces mouvements trouvent une résonance d’un pays à l’autre, d’un campus à l’autre, amplifiée par les réseaux sociaux. Au point que même « les étudiants des villes arabes, qui n’ont pas la possibilité de se mobiliser face à des régimes autoritaires qui veulent la mort de l’activisme politique, voient ces mobilisations occidentales avec espoir ».

« On est là suite à l’appel des étudiants de Harvard, Columbia », a d’ailleurs indiqué Lorélia Fréjo, étudiante à Paris 1 et militante de l’organisation étudiante Le Poing levé, lundi, à la Sorbonne. « Après les actions à Sciences Po, on est là pour que ça continue. »

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