« L’Europe est mortelle », a prévenu le président Emmanuel Macron lors de son récent discours à la Sorbonne, le 25 avril. Cette mise en garde contre la désintégration de l’Union avait une tonalité presque centre-européenne. Dans l’Europe centrale et orientale, personne n’a besoin d’être convaincu de la mortalité des Etats ou des unions interétatiques. La peur de perdre sa souveraineté est l’« ADN politique » de pays tels que les Etats baltes, la Pologne, la Roumanie et, à sa manière, la Finlande.
Au moins depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, les craintes légitimes de « mortalité de l’Etat » sont pleinement intégrées dans la politique de l’Ukraine et de la Moldavie. Au cours des trois cents dernières années, l’Europe centrale et orientale a été une région de « dieux mortels », comme l’a écrit Thomas Hobbes dans le Léviathan. Quiconque s’est rendu en Ukraine sait que depuis 2014 la création de nouveaux cimetières le rappelle douloureusement.
Si la question de l’aide à l’Ukraine est marginale dans la campagne électorale de l’ouest de l’Europe, dans les pays voisins de la Russie, les débats politiques sont remplis de mises en garde contre l’agressivité de la Russie. De Tallinn à Varsovie, les questions de désinformation et d’espionnage font la une des journaux. En Pologne, le premier ministre, Donald Tusk, pro-européen, adopte les tons les plus alarmistes pour mobiliser les électeurs. Il essaie de convaincre les citoyens que le résultat des élections au Parlement européen déterminera l’avenir de la guerre.
Différentes analogies historiques
La stratégie de Donald Tusk fait écho au contenu du second discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne, ainsi qu’aux slogans de campagne de Raphaël Glucksmann, tête de liste aux européennes pour le PS et Place publique. Il est d’autant plus remarquable que les élections au Parlement européen mettent en lumière un processus important qui se déroule dans toute l’Europe. Une partie de la classe politique des pays occidentaux a adopté l’optique géopolitique des pays voisins de la Russie – en tant qu’optique européenne. Mais cela nous renvoie à des différences fondamentales dans l’interprétation de l’agression russe contre l’Ukraine. La guerre en Ukraine unit et divise l’Europe. Différentes analogies historiques sont, en effet, utilisées pour interpréter ce conflit paneuropéen.
Les premières « lunettes » à travers lesquelles la guerre d’Ukraine est vue portent la date de 1914. En 2013, Christopher Clark a publié Les Somnambules. Cet historien respecté de Cambridge y décrit le puzzle complexe de la politique internationale au moment de l’attentat de Sarajevo. Comment les coups de feu d’un jeune assassin en juin 1914 ont-ils pu déboucher sur un conflit mondial ? Le livre de Clark avance une thèse dramatique : la guerre mondiale n’était pas une nécessité.
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