La république, une forme et des principes

Dans le podcast «  Les mots de la République« , des spécialistes en sciences politiques reviennent sur les termes incontournables du débat public pour mieux comprendre l’actualité. Marie-Anne Cohendet, constitutionnaliste, professeure de droit public à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste des institutions de la Vᵉ République, commence par les racines du mot « république ».

De la démocratie à la république

Étymologiquement, le mot « république » vient de l’expression latine « res publica », littéralement « la chose du peuple ». Il apparaît chez les Romains, lors de la République de Rome dans l’Antiquité. Marie-Anne Cohendet explique que les principes de la République naissent en fait plus tôt, à Athènes. Mais les Grecs parlaient alors de « démocratie » qui, selon la classification des régimes élaborée par Hérodote, désigne un gouvernement « où tous gouvernent ».

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Alexis de Tocqueville

« Cette classification grecque se fait aussi en vertu des principes de gouvernement. Quand on gouverne dans l’intérêt du plus grand nombre, du peuple, c’est la démocratie, complète la constitutionnaliste. C’est pourquoi il y a un lien étroit entre république et démocratie : si on veut avoir des bons principes dans l’intérêt du peuple, il faut que ces principes soient définis par le peuple et pour le peuple. »

L’historien Maurice Agulhon considère d’ailleurs que les deux termes sont assimilables. « Ce qu’on entend aujourd’hui par « république » en France, c’est un système sans roi ni dictateur, un État de droit, une démocratie libérale », résume Marie-Anne Cohendet.

Liberté, égalité, fraternité : les grands principes

Après être apparue dans de petits États, c’est aux États-Unis en 1787 que la république naît à grande échelle. Peu de temps après la Révolution, elle est ensuite proclamée en France en 1792. « Très tôt, l’idée de république est assimilée aux grands principes de la Révolution. Aujourd’hui encore, elle l’est complètement dans notre histoire constitutionnelle », remarque Marie-Anne Cohendet.

En quoi les êtres humains sont-ils égaux ?

Ces principes, inscrits en préambule de notre Constitution, sont bien connus, et devenus la devise même de la République : « liberté, égalité, fraternité ». Parmi les principes fondateurs, la constitutionnaliste cite également l’organisation démocratique du gouvernement : « c’est-à-dire conformément à la volonté du peuple et surtout de manière collégiale. L’organisation du gouvernement tient sa légitimité du peuple, devant qui il est responsable et qui le contrôle en permanence ».

Garantir la pérennité

Autre indispensable : la séparation des pouvoirs, théorisée par Montesquieu. « Dès lors qu’on a concentration des pouvoirs, dans les mains d’un roi, d’un empereur, ou d’un Pétain par exemple, on n’a plus de république », assure Marie-Anne Cohendet.

Elle souligne enfin l’importance de la stabilité pour préserver le régime : « si on change les règles pour un oui ou pour un non, on ne garantit pas la démocratie. Pour garantir ses principes fondamentaux, il est important de se méfier des mouvements d’opinion. Il faut donc une procédure qui permettant la réflexion et le respect des droits. » C’est tout l’intérêt de l’article 89 de notre Constitution, qui précise que « la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision ».

Politique !

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