Mesurer le bonheur semblait autrefois une idée étrange, presque un oxymore. Le bonheur n’est-il pas fugace et indéfinissable ? Et pour un gouvernement, ne suffit-il pas de viser la consommation et l’emploi pour améliorer le bien-être des habitants du pays ? Or, depuis une vingtaine d’années, l’opinion courante s’est radicalement modifiée à ce sujet. L’outil Ngram de Google permet ainsi de constater l’envolée de la fréquence du mot bonheur dans les ouvrages publiés à partir des années 2000. Des gouvernements comme ceux de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de la Nouvelle-Zélande, et des institutions telles que l’OCDE ont intégré des mesures de bien-être subjectif à leurs indicateurs officiels.
Ces initiatives s’appuient sur les observations réalisées par la recherche économique depuis une vingtaine d’années grâce aux données collectées lors de grandes enquêtes nationales ou internationales qui demandent aux personnes interrogées de positionner leur niveau de satisfaction dans la vie sur une échelle graduée (de 0 à 10 par exemple).
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On constate alors que les réponses ne sont pas de simples « bruits » dus au hasard, mais qu’elles collent au contraire à la réalité sociale : les scores de satisfaction dans la vie déclarés par les gens augmentent avec le revenu, le fait d’avoir un emploi, la qualité du lien social et de la gouvernance, ou encore la liberté ressentie. Ils recèlent également une valeur prédictive (les gens qui se déclarent insatisfaits de leur travail le quitteront dans les années qui suivent ; ceux qui sont les moins satisfaits de leur vie auront plus de risques de voir leur santé se dégrader).
Faut-il alors adopter le bonheur par habitant en lieu et place du revenu par habitant comme étalon ultime du bien-être d’une société ? Comme l’écrivait Aristote, « Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d’une autre chose, à l’exception du bonheur, qui est une fin en soi ». La croissance n’a jamais été qu’un objectif intermédiaire de la politique publique, à défaut de pouvoir mesurer directement le bien-être social, même si elle s’accompagne d’évolutions indéniablement porteuses de bien-être, telles que l’élévation de l’espérance de vie, la baisse de la mortalité infantile, etc.
C’est pourquoi, sans vouloir substituer la mesure du bien-être à celle du revenu, il semble souhaitable, à présent que la recherche a établi des métriques fiables, de compléter par ces dernières les indicateurs économiques et les mesures d’impact des politiques publiques. Ceci permettra de savoir si une politique, en sus de favoriser, par exemple, le retour à l’emploi, le niveau de diplôme ou la mixité scolaire, a également des effets sur le bien-être subjectif des personnes concernées. Une validation supplémentaire des mesures envisagées.
Au fond, comme le remarquait l’économiste Alan Blinder : « si les cellules pouvaient parler, les biologistes se priveraient-ils de les écouter ? ».
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