Les Républicains vont-ils conclure un contrat de législature avec le bloc macroniste ? C’est à ce stade, une fois la liesse olympique retombée, et la question de la gouvernabilité du pays à nouveau posée, l’une des hypothèses qui pourrait se dessiner pour sortir de l’impasse institutionnelle dans laquelle le pays est entré au soir du second tour des élections législatives. Reste à savoir si cette perspective est crédible d’une part et d’autre part, s’il est dans l’intérêt des LR d’entrer en voie de coalition avec le parti présidentiel.
À la première des interrogations, il est possible de répondre par l’affirmative, car à brève échéance, s’il veut s’extirper du mauvais pas dans lequel il s’est mis en procédant à une dissolution hasardeuse, le chef de l’État n’a pas d’autre issue que de rechercher un accord avec cette droite qu’il n’a cessé de vouloir aspirer et fractionner depuis 2017. Jamais aussi faibles électoralement, les LR n’auront peut-être jamais été aussi forts politiquement depuis le début de l’ère Macron.
Pour autant, tout l’enjeu consiste à savoir si leur électorat restant leur a donné mandat pour servir de béquille à un président de la République dont tout l’objectif du moment, Jeux olympiques aidant, consiste à faire diversion, à banaliser une situation qui ne l’est nullement et à faire ainsi comme si « de rien n’était ». En installant un climat anesthésique sous couvert d’enthousiasme populaire et sportif, le locataire de l’Élysée, courant après les athlètes et leurs victoires, s’attache ainsi à préparer l’opinion à une manœuvre de contournement des résultats électoraux qui l’ont défait pour mieux se maintenir, lui et ses soutiens, au pouvoir.
À défaut de parvenir dans l’immédiat à fracturer le bloc de gauche qui revendique non sans une forme de culot le poste de Premier ministre, Emmanuel Macron opère sur sa droite afin de « cranter » le minimum minimorum d’une majorité relative. De son côté, le dernier carré parlementaire des LR, conscient de la position stratégique qui est la sienne dans le nouvel hémicycle, s’évertue à faire fructifier une opportunité à laquelle il ne s’attendait pas forcément dans le maelström électoral déclenché par le chef de l’État. Nécessité faisant loi, il offre à ce dernier une ligne de convergence, au travers d’un contrat législatif, pensé en l’espèce comme une sorte de soutien sans participation à partir d’un certain nombre d’axes programmatiques.
C’est dans ce contexte où les arrière-pensées des uns le disputent à l’urgence de l’autre, que s’échafaude le projet d’un compromis susceptible de donner un gouvernement à un pays dont le vote des électeurs a rendu un verdict sans ligne claire. C’est cette absence de clarté qui rend aujourd’hui la tâche de ceux qui s’astreignent d’un côté comme de l’autre à chercher une échappatoire à une configuration excessivement contrainte, pour le moins impraticable, voire impossible. Vu de l’opinion, le risque est grand que le moment venu, l’horizon de cette perspective apparaisse pour ce qu’elle est : au mieux une cote mal taillée, au pire une combinaison d’appareils en lutte pour leur survie.
Nouvelles dissensions à venir chez LR ?
L’équation par ailleurs tend à se complexifier dès lors qu’en viendrait à se dessiner l’idée de nommer à Matignon une personnalité issue des LR comme Monsieur Bertrand. Cette éventualité transformerait de facto le contrat législatif en contrat de gouvernement, une épure différente de celle proposée par Laurent Wauquiez et dont on mesure qu’elle est susceptible de créer des dissensions au sein même des républicains, certains d’entre eux considérant vraisemblablement et non sans raison que cette construction offrirait sur la durée un carburant de premier ordre à la progression du RN à l’horizon 2027.
Tout compte fait, la conjoncture à ce stade ne se prête à aucune martingale non seulement satisfaisante mais viable. Il y aura peut-être un gouvernement à la sortie de l’été mais tout laisse à penser qu’il ne sera que de circonstances, sans colonne vertébrale, ni ressort suffisant pour prétendre être à la hauteur de la double crise, politique et institutionnelle, qui traverse la France. En 2022, le pays n’était gouvernable qu’aux forceps ; il se pourrait qu’il se précipite après le résultat des législatives de juillet dans une ingouvernabilité chronique… Sous l’irénisme du moment olympique prospère la déshérence d’un régime sans gouvernail et aux prises à des vents de « gros temps ». Il faudra bien plus que des arrangements bâtis au fil de l’eau trouble pour retrouver un cap.
*Arnaud Benedetti est professeur associé à la Sorbonne et auteur de « Aux portes du pouvoir – RN, l’inévitable victoire ? » (Michel Lafon).
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