Marie Curie, la fureur de survivre

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Marie Skłodowska, née en 1867 à Varsovie en Pologne, arrive en France à l’automne 1891 pour étudier la physique à la Sorbonne, s’attachant ainsi à son pays d’adoption. Lauréate de deux prix Nobel, en physique et en chimie, elle devient une figure iconique et ouvre la voie aux femmes dans un monde scientifique dominé par les hommes. Marie Skłodowska-Curie nous laisse en héritage une œuvre scientifique considérable mais ses écrits intimes, notamment la biographie de son époux, son journal et sa correspondance, restent moins connus. Ses talents scientifiques et littéraires s’y entremêlent harmonieusement.

Un testament intime et scientifique

Le récit biographique commence par l’évocation de la famille de Pierre Curie. Son père, Eugène Curie, est un médecin renommé, remarqué pour son courage pendant la Révolution de 1894 et la Commune. Sa mère, Claire Depoully, issue d’une famille d’industriels, est entièrement dévouée à sa famille. Pierre et son frère Jacques grandissent dans une atmosphère d’affection et de simplicité. Cette chaleur familiale a façonné le caractère de Pierre : réservé, timide, grave, silencieux, indulgent, compréhensif, désintéressé, bon, pensif, d’un charme infini. Il est pourtant un «doux entêté» avec une volonté d’acier, suivant inébranlablement son propre chemin.

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Pierre Curie débute sa carrière comme chef de travaux à l’Ecole de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. Passionné par la physique cristalline, il s’est ensuite intéressé au magnétisme avant de se consacrer, avec Marie, aux recherches qui les ont rendus célèbres : la découverte de la radioactivité et de nouveaux radioéléments, tels le polonium et le radium.

Leur travail acharné sur la pechblende, un minerai d’uranium, témoignait de leur dévouement suprême à la science. Ils faisaient venir des tonnes de ce minerai, ressemblant «à la poussière des chemins», de la mine de Saint-Joachimsthal en Autriche. Les conditions de travail étaient rudimentaires, dans un hangar près de l’Ecole de physique et de chimie, sans protection contre la pluie ou les rayonnements des éléments radioactifs. Marie rappelle les mots de Pierre : «Elle est pourtant dure, la vie que nous avons choisie !»

Refusant de breveter leurs découvertes, les Curie ont publié leurs résultats sans restriction, permettant ainsi à l’industrie du radium de se développer. Ces travaux ont valu à Marie Curie le titre de docteur ès sciences en 1903, une première en France. Cette année-là, les Curie ont également reçu le prix Nobel de physique, partagé avec Henri Becquerel, faisant de Marie la première femme à recevoir cette distinction. Cette célébrité soudaine perturbe leur tranquillité, mais ils cherchent à préserver leur précieux bonheur familial. Albert Einstein dira plus tard : «Madame Curie est, de tous les êtres célèbres, le seul que la gloire n’ait pas corrompu.»

Marie et Pierre Curie ont eu deux filles : Irène, née en 1897, future Prix Nobel de chimie avec son époux Frédéric et Eve, née en 1904, future journaliste et diplomate. La biographie d’Eve Madame Curie, parue en 1938, est un grand succès éditorial traduit en 35 langues et a été adaptée au cinéma en 1943.

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Pierre Curie devient professeur à la Sorbonne en 1904, avec Marie comme «chef de travaux». Malgré quelques améliorations au laboratoire, il regrette de ne pas avoir des conditions de travail décentes, déclinant même la Légion d’honneur : «Je n’éprouve pas du tout le besoin d’être décoré mais j’ai le plus grand besoin d’avoir un laboratoireSon vœu le plus cher n’a malheureusement pas été exaucé de son vivant.

Le 19 avril 1906, en sortant d’une réunion de l’Association des professeurs des Faculté des sciences, à la traversée de la rue Dauphine, il tombe sous les roues d’une hippomobile et décède sur le coup, à 46 ans, laissant Marie dans une douleur infinie. Elle ne trouve le soulagement que dans son journal intime et dans les lettres adressées à Pierre qui, hélas, ne pourront plus jamais recevoir de réponse.

La disparition soudaine de son mari transforme la vie de Marie Curie en un combat quotidien pour poursuivre leur œuvre commune. Le 5 novembre 1906, elle devient la première femme à enseigner à la Sorbonne, reprenant le cours là où il l’avait laissé quelques mois auparavant.

L’œuvre complète de Pierre Curie paraît en 1908 sous l’impulsion de la Société française de physique. Marie Curie rédige la préface et effectue les corrections. En 1910, elle publie un magistral Traité de Radioactivité qui est une synthèse de toutes les connaissances sur le sujet.

Un héritage durable

Malgré les défis, elle continue ses recherches, préparant le radium-métal et réalisant un étalon international de mesure du radium, ce qui lui a valu le prix Nobel de chimie en 1911. Elle est la seule à avoir reçu deux fois cette reconnaissance. Irène, sa fille aînée, l’accompagne pour la réception du prix. Près d’un quart de siècle plus tard, c’est elle qui le recevra, à son tour, dans la même salle, en 1936.

Marie Curie continue son combat pendant la Grande Guerre avec «les petites curies», des voitures radiologiques mobiles qui sauvent de multiples vies et aident les médecins à opérer les blessés sur place. Un autre combat, celui de disposer d’un laboratoire décent, le souhait le plus cher de son époux, est désormais exaucé. L’Institut du Radium, composé de deux laboratoires, est créé pour appliquer la curiethérapie, un moyen efficace de lutte contre le cancer. Un institut similaire est créé à Varsovie, avec l’appui de la sœur de Marie, le médecin Bronia Dluska.

Elle a fait deux voyages en Amérique, en 1921 et 1929, recevant un soutien important pour ses recherches. La mobilisation de Missy Meloney et l’implication au président Hoover lui-même ont fait couler de l’encre à l’époque.

Marie Curie s’éteint le 4 juillet 1934 et est inhumée au cimetière de Sceaux, au côté de son époux. Un musée dédié à l’histoire de la famille Curie se trouve à Paris dans le dernier laboratoire de Marie Curie à l’Institut du radium. Depuis 1995, le couple Curie repose au Panthéon. «Aux Grands hommes, la patrie reconnaissante» s’ouvre alors pour la première fois dans l’histoire à une femme.

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