Marseille : des étudiants en médecine recalés à cause d’une règle ubuesque

, Marseille : des étudiants en médecine recalés à cause d’une règle ubuesque
, Marseille : des étudiants en médecine recalés à cause d’une règle ubuesque

Marseille – 23 étudiants en première année de médecine ont déposé un recours contre une règle d’harmonisation des notes qui les a empêché d’accéder en deuxième année de médecine. 

Voilà quatre ans désormais que la réforme de la première année de médecine est entrée en vigueur à la rentrée 2020…et quatre ans qu’elle multiplie les couacs et essuie de virulentes critiques. Redoublement interdit puis autorisé, nombre de places ouvertes en deuxième année peu clair, examens mal organisés, oraux jugés injustes…les polémiques se sont multipliées ces dernières années.

L’université de la Sorbonne a récemment connu un imbroglio juridique concernant l’attribution des places en deuxième année de médecine, qui s’est finalement terminé par une décision du tribunal administratif de Paris le 13 juillet dernier. L’Université d’Aix-Marseille connait actuellement une polémique encore plus ubuesque, qui devrait elle aussi se terminer devant le tribunal.

Rappelons que, depuis la réforme, il existe désormais deux voies d’accès pour ceux qui souhaiteraient embrasser des études de médecine : le parcours d’accès spécifique santé (PASS), sorte de première année classique et une licence d’accès santé (LAS), où les étudiants suivent en majorité un cursus différent de la médecine. Pour l’année universitaire 2023-2024, l’Université d’Aix-Marseille ne comptait ainsi pas moins de 57 LAS différents, dans lesquelles les élèves étudiaient des domaines aussi différents que la biologie, l’histoire ou la géographie…mais avec l’espoir d’entrer en médecine.

Une certaine vision de l’équité

Sur les centaines d’élèves inscrits en LAS, 46 avaient fait le choix de s’inscrire dans une licence IFSI (institut de soins infirmiers), un choix en apparence logique, puisqu’il s’agit d’une des licences les plus proches de la médecine. Une licence exigeante puisque les élèves y ont l’obligation de réaliser 935 heures de stage infirmier dans l’année, soit 24 heures de garde par semaine. Malgré ces contraintes, les élèves de cette licence infirmière se sont surpassés cette année : le dernier élève de la promotion a obtenu 13,5/20 de moyenne.

De quoi, a priori, s’assurer le droit d’entrer en deuxième année de médecine, ou du moins la possibilité de passer les oraux d’admission. C’était sans compter la vision quelque peu particulière que l’Université Aix-Marseille a de l’équité. La direction a en effet décidé de procéder à une « harmonisation » des notes entre les différentes licences afin que des étudiants de toutes les licences, y compris celles sans aucun rapport avec la médecine et dans lesquels les étudiants étaient mal notés, aient une chance d’aller en deuxième année de médecine. Une harmonisation qui a pénalisé les brillants étudiants d’IFSI : seuls huit d’entre eux ont été admis en deuxième année de médecine et huit ont pu passer les oraux.

« Je suis passé de 16,23 de moyenne à 12, cela m’a vraiment fait baisser dans le classement » témoigne un des élèves de la licence IFSI. « J’ai eu 15,5 au premier semestre, on m’a enlevé 5,3 points, je me retrouve à 10,2 points, ce qui ne me laisse aucune chance d’avoir médecine » témoigne une autre. Le 3 juin dernier, les élèves d’IFSI ont manifesté devant l’hôpital de la Timone à Marseille contre cette harmonisation qu’ils jugent injuste et ont adressé une lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, lui demandant d’intervenir.

Mais la direction de la faculté défend sa décision. « Ce système permet d’assurer l’équité entre les 57 mentions de LAS2/LAS3 qui rentrent dans ce processus d’harmonisation, soit une cohorte de 469 étudiants ayant candidaté à l’accès sélectif » leur a répondu le Pr Georges Leonetti, doyen de la faculté d’Aix-Marseille, dans un courrier en date du 5 juin dernier.

Pour faire médecine, mieux vaut un bon infirmier qu’un mauvais historien

Bien décidé à ne pas se voir voler leur rêve de devenir médecin, 23 étudiants d’IFSI, soit la moitié de la promotion, ont saisi le tribunal administratif. « On ne prend pas les meilleurs au concours, mais les meilleures de chaque LAS » résume leur avocat Maître Marc Bellanger. « La licence IFSI est la formation la plus proche des études de médecine et pourtant elle se retrouve pénalisée » ajoute-t-il.

Le système d’harmonisation utilisée par l’Université d’Aix-Marseille aboutit en effet à privilégier des étudiants « médiocres » en histoire ou en philosophie sur de bons élèves en soins infirmiers. La décision du tribunal administratif de Marseille sur cette situation kafkaïenne est attendue pour ce mercredi. 

Cet imbroglio administratif met une nouvelle fois en lumière les faiblesses de la réforme PASS/LAS, qui avait pourtant l’ambition de mettre fin au gâchis humain que constituait la première année de médecine et de diversifier les profils dans les études médicales. Récemment, la conférence des doyens a préconisé le retour à un bon vieux concours de fin d’année commun aux étudiants de PASS et de LAS, seul moyen selon eux d’évaluer de manière « juste et lisible » le niveau des élèves. Et de mettre fin aux tambouilles administratives à laquelle se livrent les Universités.

Cette chronique est reproduite du mieux possible. Si vous désirez apporter des explications sur le sujet « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Notre plateforme sorbonne-post-scriptum.com vous conseille de lire cet article autour du thème « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne ». La fonction de sorbonne-post-scriptum.com est de rassembler sur le web des données sur le sujet de Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne et les diffuser en répondant du mieux possible aux interrogations des gens. En consultant régulièrement nos pages de blog vous serez au courant des prochaines publications.