Mobilisations propalestiniennes : après les évacuations de campus parisiens, les étudiants s’organisent pour de nouvelles actions

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Malgré l’intervention des forces de l’ordre pour les déloger à la Sorbonne ou à Sciences Po, certaines organisations syndicales étudiantes continuent d’appeler à la mobilisation, notamment vendredi au Panthéon.

« On dirait le calme avant la tempête », lâche Claire. Etudiante en 2e année à Sciences Po Paris, la jeune femme commente l’atmosphère qui règne jeudi 2 mai dans la grande école, secouée six jours plus tôt par l’évacuation d’étudiants mobilisés pour Gaza et la Palestine. Pour la majorité des étudiants interrogés, l’opération de police a laissé des marques. « Je ne suis pas particulièrement militant, mais les images de l’intervention m’ont choqué », confie un 4e année en affaires publiques, planté aux abords de l’école, dont l’entrée n’est possible que sur présentation d’une carte.

Pour rebondir sur les demandes du comité Palestine de l’établissement, la présidence de l’Institut d’études politiques (IEP) parisien a organisé jeudi matin un débat « Town Hall », du nom de ces discussions ouvertes, sur le modèle d’un conseil municipal, dont sont friands les partis politiques américains. L’objectif était d’échanger sur la situation à Gaza, la façon dont l’institution peut prendre position sur certains sujets, et ses partenariats avec les universités et écoles en Israël.

Mais en conclusion du débat, des pancartes ont été brandies, au cri de « Israël, assassin ! Sciences Po, complice ! » De quoi provoquer l’ire du syndicat étudiant de droite Uni, qui a dénoncé sur X le « retour du chaos » au sein de l’établissement.

Après les discussions et les invectives, Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po Paris, a appelé toutes les parties à l’apaisement. « Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d’émotion, a-t-il expliqué à la presse au terme de deux heures de débat. J’aspire maintenant à ce que chacun retrouve son calme (…) et qu’on veille les uns sur les autres. »

Mais son refus de monter un groupe de travail sur les liens entre Sciences Po Paris et certains partenaires financiers est loin d’être accepté par tous. « On demandait des mesures concrètes, on ressort avec du vent, peste Ulysse*, joint par téléphone après les discussions. Je ne pense pas que ça va calmer grand monde. »

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VIDEO. Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences-Po Paris

Alors que la contestation étudiante embrase les Etats-Unis, où plus de 250 campus ont été le théâtre d’actions ces dernières semaines, les écoles et universités françaises dénoncent de plus en plus bruyamment la guerre à Gaza. Quitte à risquer l’expulsion manu militari.

A Sciences Po Toulouse notamment, la police est intervenue mardi pour faire évacuer l’établissement et déloger, avec force, une cinquantaine de manifestants. Le même jour, des étudiants protestataires de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ont été enfermés sur le campus de Tolbiac, dans le 13e arrondissement de Paris, avant d’être invités à quitter les lieux. Jeudi matin, c’est l’IEP de Lille qui a été fermé en marge du blocage de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ), voisine d’une quarantaine de mètres. L’action a notamment reçu le soutien de militants et de députés de La France insoumise.

De son côté, le gouvernement appelle au calme – mais aussi à l’imposer, si nécessaire. Le Premier ministre, Gabriel Attal, soutient les évacuations en cas de blocus. Pour Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, une « tolérance zéro » doit être appliquée face aux actions des étudiants engagés contre la guerre à Gaza. « Le débat, la liberté d’expression : oui (…) Les blocages et les intimidations, c’est non », a prévenu la ministre.

Elle a rappelé jeudi matin cette consigne en convoquant les présidents des universités et des grandes écoles françaises. « Je vous demande d’utiliser l’étendue la plus complète des pouvoirs que vous confère le Code de l’éducation », a-t-elle déclaré lors de cette réunion, selon les informations transmises à la presse par son cabinet. Avec une priorité : le « maintien de l’ordre », via des sanctions disciplinaires ou en faisant appel aux forces de l’ordre.

Même si elles en ont choqué certains, ces déclarations de Sylvie Retailleau étaient globalement attendues par les animateurs de la mobilisation propalestinienne. « Cela s’inscrit dans la continuité de ces derniers jours, personne n’est surpris », explique Hortense, étudiante du campus de Tolbiac et membre du NPA Jeunes. Le risque d’intervention de la police peut-il doucher les projets d’action ? « On en discute beaucoup, mais personne ne semble être démoralisé pour l’instant », assure-t-elle.

Jeudi après-midi, plusieurs tentes ont été plantées sur la place de la Sorbonne, dans le 5e arrondissement de la capitale. Au milieu des pancartes et des drapeaux de la Palestine, une petite centaine de personnes étaient par ailleurs réunies. « C’est plus un symbole qu’autre chose, on n’a pas forcément prévu d’y passer la nuit », précise par téléphone l’un des étudiants à l’origine de cette action. Un « symbole » avant la grande action prévue vendredi : un rassemblement unitaire, prévu à 14 heures sur la place du Panthéon.

Mais avant de battre le pavé, les étudiants d’Ile-de-France mobilisés pour la cause palestinienne doivent encore régler quelques détails. De Nanterre (Hauts-de-Seinne) à Tolbiac, plusieurs syndicats étudiants, dont l’Unef, le NPA Jeunes ou Poing levé, ont appelé à tenir une assemblée générale interfacs jeudi en fin d’après-midi. « Il y a beaucoup de déception autour de nous, confie Jack, étudiant en master 1 à Sciences Po Paris. Le rassemblement au Panthéon peut être l’occasion de faire converger tous les étudiants, et toutes les colères. »

* Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.

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