Philippe Gaudin-Degaëtz, professeur de chant au conservatoire de Vernon (Eure), quitte l’établissement. Il revient sur son parcours et explique ce qui l’a poussé à venir à Vernon.
Pouvez-vous nous parler de votre amour du chant ?
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté. Petit, j’avais une voix étonnante, voire intrigante. Ma mère, qui trouvait que j’avais une belle voix, m’a fait prendre des cours de chant.
Je me souviens de la première personne hors du cercle familial qui s’est intéressée à ma voix. C’était au conservatoire de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) où j’ai été admis par Marie-Louise Cristol. Elle m’a conseillé de vraiment prendre en considération ce « don » que j’avais. Du coup, j’ai pris au sérieux mes cours de chant.
Mais malheureusement, j’ai moins pris au sérieux les cours de solfège et j’étais vraiment à la traîne dans ce domaine. Je me suis rattrapé depuis.
Aventure en Autriche
On dirait que ça ne vous a pas empêché de faire carrière dans la profession.
Non, en effet. À 18 ans, je suis parti à Salzbourg (Autriche) pour intégrer le Mozarteum, la célèbre université de musique.
J’y ai suivi des cours de chant avec deux professeurs, dont Hannah Ludwig. À cette occasion, j’ai pu parfaire mon allemand. Mais après quelques années, la nostalgie de la France fut trop forte et je suis rentré. Le conservatoire de Versailles (Yvelines) cherchait un baryton pour son atelier de chant lyrique.
J’ai postulé et j’ai été admis dans la classe de Jacques Villisech. Ce fut une excellente formation scénique qui m’a ensuite ouvert bien des portes. Mais il fallait bien que je gagne ma vie.
Un diplôme à la Sorbonne
Alors qu’avez-vous fait ?
Mes connaissances de l’allemand m’ont permis de passer un diplôme à la Sorbonne et d’enseigner cette matière dans divers établissements scolaires, dont l’École active bilingue de Paris. J’ai beaucoup d’affection pour cette langue. Mon père avait été fait prisonnier en 1940.
Revenons au chant, vous voulez bien ?
Pendant que j’enseignais, j’ai continué à prendre des cours de chant, notamment avec Jacques Mars, avec le ténor américain Howard Crook, ainsi qu’avec Janine Reiss qui ont joué un rôle important dans ma vie de chanteur, tout en participant à des spectacles. Le goût de la scène a été le plus fort.
J’ai quitté l‘Éducation nationale pour me consacrer au chant surtout que j’avais été recruté par le StudiOpéra pour l’opéra Cosi Fan Tutte. Et ça, je ne pouvais pas le refuser !
Une tournée au Japon
J’ai vécu des aventures extraordinaires avec cette troupe qui m’ont notamment conduit à rencontrer Jean Françaix dont j’ai chanté l’Apostrophe. S’ensuivit une tournée d’un mois au Japon pour la création de Neuf historiettes de Gédéon Tallemant-des-Réaux, une œuvre espiègle qui n’épargne personne.
Ce fut à l’occasion d’une répétition au conservatoire d’Antony (Hauts-de-Seine) que j’ai été remarqué par le directeur de l’époque qui recherchait un second professeur de chant. J’ai postulé et j’ai été admis. Ça, c’était en 1999 et, 25 ans après, j’y suis toujours.
Comment êtes-vous arrivé à Vernon ?
Le hasard fait parfois bien les choses. Lors d’une production de Bastien et Bastienne de Mozart, sous la direction de Michel Laplénie, j’ai rencontré Sophie Boulin par l’intermédiaire de qui j’ai obtenu le poste de chant au conservatoire de Vernon. J’enseigne donc à Antony et à Vernon.
Une élève de 80 ans
Avez-vous une anecdote à nous relater ?
En 2010, la secrétaire du conservatoire de Vernon, Adeline, m’informe qu’une dame d’un certain âge désire s’inscrire : « Elle a dépassé l’âge, elle a 70 ans, mais je crois qu’elle aimerait bien prendre des cours de chant. » Je suis un peu étonné de cette demande, regarde les informations inscrites sur la feuille et m’aperçois que la dame en question n’a pas 70 mais 80 ans.
Donc, à priori, ça me semble impossible. « Mais, écoute-la quand même, ça lui fera plaisir », insiste la secrétaire, ce que je fais.
Je m’installe, ferme les yeux pour mieux écouter cette dame, Janine Muszynski, et je suis immédiatement séduit par la voix cristalline, pure qui interprète « Caro mio ben » qu’elle avait travaillé.
Elle m’a expliqué que prendre des cours de chant lyrique était un rêve et que si je voulais bien d’elle dans ma classe, ce serait la concrétisation de ce rêve. Elle a été mon élève pendant cinq années. C’est vraiment un merveilleux souvenir de ma vie d’enseignant.
Avez-vous un projet avant votre départ en retraite que vous allez prendre à la fin de l’année scolaire ?
Je prépare un dernier spectacle avec les élèves de mes deux ateliers de chant lyrique, celui de Vernon et celui d’Antony, « Une soirée à Broadway« , en partenariat avec les élèves de la classe de danse. C’est un spectacle festif autour de grands tubes de comédies musicales, accompagné par deux pianistes talentueux : Antoine Cesari et Sergeï Smirnov, que vous avez pu entendre il y a quelques semaines à l’Espace Philippe-Auguste.
Le spectacle intitulé Une soirée à Broadway est prévu mercredi 5 juin, à 19h30, à la salle Vikings de l’Espace Philippe-Auguste. Entrée gratuite.
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