PÉGUY EN SORBONNE

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Les Cahiers de la quinzaine ont cinquante ans ; jeudi, pour célébrer cet anniversaire, une cérémonie à la mémoire de Péguy est organisée en Sorbonne. Péguy en Sorbonne… Quelle revanche ! De la boutique du 8 de la rue de la Sorbonne où s’éditaient les Cahiers jusqu’à la vieille maison, alors aux prises de ce  » parti intellectuel  » qu’il exécrait tant, le chemin n’était pas long : juste assez pour exciter la verve du pamphlétaire et la colère sacrée de ce paysan dont d’illustres fréquentations n’avaient pu, comme il l’a dit, ni  » dérober  » ni  » dévorer  » le cœur.

Péguy vivant, cette manifestation eût-elle eu lieu ? On a du mal à se représenter que Péguy pourrait être encore parmi nous ; on oublie qu’il était plus jeune que Claudel, que Gide, que Mourras. Qu’il soit mort à Villeroy de la mort qu’il avait souhaitée n’empêche pas qu’il ait souvent, très souvent, pensé au vieillard qu’il aurait pu devenir. Dès 1910 il sentait en lui  » l’inclinaison commençante générale vers la terre nourricière, vers la ferre mère, vers la terre tombeau… Je vois, écrivait-il, que je ne finirai pas comme ces messieurs de la ville, qui se tiennent droit jusqu’au bout… Je serai un vieux cassé, un vieux courbé, un vieux noueux… Un vieux tassé, un vieux chenu. On dira : c’est le père Péguy qui s’en va… « 

A contempler, d’après le portrait que Pierre Laurens a fait du poète d’Eve, rebelle à la photographie, cette barbe foisonnante, ce regard doux et sérieux derrière le lorgnon, on n’a pas de peine à imaginer cette barbe blanchie ; pourquoi sous le sourcil épaissi le même œil avide de vérité ne fouillerait-il pas encore nos âmes ? Fêterait-on alors Péguy en Sorbonne ? Eh ! mon Dieu, pourquoi pas ? Ce qu’il détestait en elle ce n’était pas qu’elle existât, mais qu’elle fût tombée en des mains qu’il jugeait impures. Il ne faisait d’ailleurs pas fi de la gloire ni même des gloires officielles. En 1910 encore il ne s’étonnait pas que Barrés lui ait dit, alors qu’on songeait à lui pour les Goncourt ;  » Ça masque l’Académie (française) « , et deux ans plus tard il confiait à Joseph Lotte :  » Je suis pauvre, pauvre, il me faut l’Académie. Ça viendra dans trois ou quatre ans, peut-être plus tôt…  » C’était Péguy ; ce n’était pas Léon Bloy.

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