Shaznane, réunionnaise de 23 ans, décroche un Master 2 mention très bien à la célèbre université de la Sorbonne

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, Shaznane, réunionnaise de 23 ans, décroche un Master 2 mention très bien à la célèbre université de la Sorbonne

– Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Shaznane Razahoseni, j’ai 23 ans et je suis originaire de Saint-Benoît. J’y ai vécu pendant 18 ans avant de quitter mon île pour m’installer à Paris, dans l’optique de poursuivre mes études. J’ai effectué ma scolarité entière à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Titulaire d’une Licence en Science politique avec la mention Bien, je me suis dirigée par la suite vers les politiques sociales et la protection sociale pour mon Master 1 que j’ai également obtenu avec la mention Bien. J’ai alors poursuivi sur un Master 2 « Cadres des organismes du secteur social » (C.O.S.S) que j’ai décroché avec la mention Très bien. Ce diplôme prépare à des postes d’encadrement dans des organismes de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelles…), des organismes publics intervenant dans la conduite des politiques sociales (Sécurité sociale, collectivités, établissements de santé, médico-sociaux) ou encore des ministères. Il permet ainsi de développer une expertise dans les politiques sociales (emploi, santé, retraite, famille, logement…). 

– Tu viens d’obtenir un master 2 dans l’université La Sorbonne, qui est réputée, quel est ton sentiment aujourd’hui ? 

Cette réussite est le fruit de nombreux sacrifices, tant personnels que familiaux. En premier lieu, c’est une fierté pour mes proches qui n’ont pas tous eu l’occasion de réaliser de grandes études et d’intégrer un établissement aussi prestigieux que La Sorbonne. Rien ne vaut ce sourire que j’ai pu décrocher sur le visage de mes parents et de mes sœurs, ces piliers qui ont toujours tout donné pour moi. Je suis comblée de voir mon entourage les étoiles pleins les yeux face à cet accomplissement, c’est ma plus belle réussite. Je me sens reconnaissante vis-à-vis d’eux, sans leur soutien moral et financier je n’aurais jamais pu en arriver là. C’est aussi une satisfaction personnelle, j’ai eu l’impression de gravir des monts et même d’atteindre la lune. Il y a bien des moments où j’ai eu envie d’abandonner, mais je ne pouvais pas me le permettre vu tout ce qu’on a investi pour que je puisse ramener ce précieux sésame à la maison. En tant que Réunionnaise, cette expérience est un véritable tremplin. C’est également un honneur puisque cela m’a permis de représenter mon île et ma culture en Hexagone. 

– Peux-tu me parler de ton parcours avant d’obtenir ton diplôme et également de cette université ? 

J’ai suivi ma scolarité dans le collège et le lycée Amiral Pierre Bouvet à Saint-Benoît. J’étais en filière ES (économique et social) et j’ai obtenu mon Baccalauréat avec la mention Très bien et les Félicitations du jury. J’ai voulu réaliser des études en science politique par la suite. La filière étant inexistante sur l’île, je n’avais aucune autre alternative que de partir.

– As-tu un message pour les jeunes réunionnais ?

Le fait d’être ultramarin n’est pas une faiblesse, bien au contraire, c’est ce qui fait notre richesse. Nous ne devons pas nous auto-censurer et laisser des barrières (climat, éloignement, choc culturel) nous empêcher d’avancer. Nous devrions plutôt prendre cela comme une expérience et une opportunité à saisir. Les voyages forment la jeunesse. « Sauter la mer » pour réaliser ses études peut être un véritable atout, c’est une ouverture sur l’Europe, voire même sur le monde. C’est l’occasion de se surpasser, de prendre en maturité, d’être plus responsable et de découvrir d’autres modes de vie et cultures. C’est aussi l’occasion de voir de plus près comment fonctionne notre système. À La Réunion, nous sommes géographiquement éloignés de beaucoup d’instances politiques alors même qu’elles sont de majeurs pôles de décision et qu’elles influencent notre quotidien. Nous n’en prenons conscience qu’une fois sur place. Je pense sincèrement qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer dans une telle aventure. Pour les plus craintifs, il faut garder en tête que rien n’est figé, il est toujours possible de rentrer sur l’île par la suite si le mode de vie ne correspond pas aux attentes.

– As-tu des projets pour la suite, un métier que tu souhaites faire ? 

Après 5 années passées sur les bancs de l’école, aujourd’hui mon objectif premier est d’acquérir de l’expérience sur le terrain. Le stage de fin d’études est un premier pas vers le monde réel mais à présent je souhaite me positionner sur un poste au sein duquel je peux mettre en pratique toutes mes connaissances et compétences.

Je vais prochainement intégrer le siège d’Unis-Cité Solidarité Entreprises et travailler en collaboration avec L’Oréal pour organiser des « journées de solidarité entreprises » (notamment dans le cadre du « L’Oréal Citizen day »). Ces journées mettent en lien des associations et des entreprises sur des projets collectifs et solidaires, leur permettant ainsi de coopérer et œuvrer ensemble en faveur de l’intérêt général. En effet, ces actions mettent en avant plusieurs types de publics (jeunes, femmes, seniors, personnes en situation de handicap, etc.) tout en intégrant des enjeux actuels (environnement, insertion, éducation…), ce qui correspond à mes attentes. Je ressens ce besoin de me sentir utile, de trouver un sens à ce que je peux accomplir, de contribuer ne serait-ce qu’à petite échelle à rendre le monde meilleur.

Le fait de se trouver loin de nos proches et de nos amis peut nous faire perdre nos repères. Partir c’est aussi quitter sa « zone de confort » pour affronter l’inconnu. C’est là où les activités extrascolaires prennent tout leur sens et peuvent aider à s’intégrer, se familiariser avec ce nouveau milieu, se faire des amis d’ici ou d’ailleurs, apprendre à connaître l’autre mais aussi partager un peu de soi aux autres.

Je pense qu’il ne faut pas se limiter qu’aux études et qu’il est aussi intéressant de s’investir dans d’autres projets. C’est ce que j’ai réalisé tout au long de ma vie scolaire et estudiantine. Cela a débuté dès le lycée, à travers mes postes d’élue au Conseil d’administration et au Conseil de la Vie Lycéenne. En arrivant à l’université, j’ai rejoint l’antenne UNICEF de l’association Sorbonne pour l’Organisation des Nations Unies (SONU). J’ai voulu m’engager pour l’éducation des jeunes en premier lieu car je trouve qu’il est important de donner l’opportunité à tous de pouvoir accéder à l’école. D’ailleurs depuis 2019, je suis tutrice pour des élèves (du CM1 à la 3ème) ayant des troubles de l’apprentissage. Ma mission consiste à accompagner ces élèves pour la réalisation des devoirs après les classes. C’est aussi un moyen de dialoguer avec eux et de les motiver dans leur scolarité.

Entre-temps, l’épisode COVID-19 a fait surface, ce qui a alerté la population sur la réalité de vie des étudiants. J’ai alors ressenti ce besoin de leur apporter mon aide, notamment à ceux qui se retrouvaient loin de chez eux, en intégrant l’association des étudiants internationaux de la Sorbonne (ADÉIS) — d’abord en tant que membre du pôle Diplômatie, puis en devenant directrice de communication de l’association.

Enfin, j’ai décidé de me focaliser sur mes semblables — les étudiants ultramarins qui ont quitté leur île pour venir étudier en Hexagone — par le biais de l’association Sorb’Outremer. En tant que chargée de communication, mon objectif a été de promouvoir la richesse culturelle de nos îles. En parallèle, j’ai également été élue étudiante au sein de mon UFR à l’université et j’ai aussi tenté de valoriser ma filière en occupant le poste de présidente de l’association de mon Master 2. 

Bien qu’il n’est pas évident d’allier les études avec les engagements, je pense que c’est ce qui m’a permis de maintenir le cap. Au final, ce n’était pas vraiment la destination qui comptait, mais plutôt toutes les étapes du voyage et ce qu’elles m’ont apporté.

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