Sorbonne – Définition

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Introduction

La Sorbonne est un complexe monumental du Quartier latin de Paris. Elle tire son nom du théologien du XIIIe siècle Robert de Sorbon, le fondateur du collège de Sorbonne, collège dédié à la Théologie. Ce terme de Sorbonne est aussi utilisé par métonymie pour désigner l’ancienne Université de Paris, sous l’ancien régime et de 1896 à 1971. La façade baroque est celle de la chapelle Sainte Ursule, achevée en 1642. Cette dernière, déconsacrée depuis la loi de séparation des Églises et de l’État, est désormais utilisée pour des réceptions ou des expositions.

En 1970, l’Université de Paris a été démembrée en treize universités. Celles qui disposent de locaux dans le monument ont conservé le droit de porter ce nom.

La chapelle de la Sorbonne fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 février 1887. Le Grand Amphithéâtre (entre autres salles et salons) fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 30 septembre 1975. L’ensemble des bâtiments (façades et toitures) fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 30 septembre 1975.

Du collège robertien aux universités de la Sorbonne

L’histoire de la Sorbonne est intimement liée à celle des institutions abritées par le bâtiment.

Les fondateurs : Sorbon et Richelieu

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Le collège de Sorbonne au XVIe siècle
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La place de la Sorbonne au début du XIXe siècle.

La Sorbonne désigne, à son son origine, le collège fondé en 1253 au sein de l’Université de Paris par Robert de Sorbon, chapelain et confesseur du roi saint Louis, ainsi nommé d’après son village de naissance, dans les Ardennes. La fondation fut encouragée par le roi, qui céda à cet effet plusieurs maisons du Quartier latin en 1257. Comme les autres collèges de l’université, elle accueillait des pensionnaires pauvres qui y disposaient de prébendes et ainsi que des étudiants non pensionnaires. On y enseignait principalement la théologie, matière dans laquelle le collège gagna rapidement une renommée exceptionnelle, rendant des avis faisant jurisprudence au sein de l’Église. Par métonymie, l’université de Paris prit peu à peu le nom de son plus célèbre collège, celui de la Sorbonne, et devint un grand centre culturel et scientifique en Europe dès le XIIIe siècle avec plus de 20 000 étudiants.

Entre autres privilèges, l’université avait le monopole des industries du livre sur la rive gauche de Paris. Aussi, c’est à la Sorbonne que le prieur et le bibliothécaire de cette dernière, Jean Heynlin et Guillaume Fichet installèrent la première imprimerie de France, en 1469, à l’initiative du roi Louis XI. La Sorbonne put ainsi rester à la pointe de la lutte contre les hérésies et conserver son rôle d’autorité théologique pendant le début de l’époque moderne. Elle est ainsi la première institution à condamner la doctrine de Luther en 1520. La concurrence des nouvelles institutions d’enseignement, comme le collège de France ou les collèges jésuites au cours de la Renaissance, en revanche, détournèrent la faveur et les deniers royaux, si bien que le collège, comme l’université en général, déclinèrent et les bâtiments, depuis longtemps insuffisants, se dégradèrent.

Le cardinal de Richelieu, qui avait été élève de la Sorbonne en 1606-1607, en devient le proviseur en 1622 après le décès du cardinal de Harley. Face à l’état de délabrement du bâtiment, il entreprit un ambitieux programme de rénovation du collège. À cette effet, il y agrégea deux collèges voisins, ceux de Calvi et des Dix-Huit et fit reconstruire les bâtiments dans un style classique. Le nouveau collège avait ainsi plus que doublé sa surface et se vit, en outre, doté d’une monumentale chapelle destinée à recevoir le tombeau du Cardinal. Cette dernière traduisait désormais dans le bâti la place dominante de la Sorbonne sur l’ensemble de l’université de Paris. En plus de ces aménagements, le cardinal léguait une partie de sa bibliothèque et de sa fortune à l’institution.

Sous la Révolution française, les bâtiments furent fermés aux étudiants en 1791 et la société sorbonnique fut dissoute en même temps que les universités de Paris et de province en conséquence de la loi Le Chapelier supprimant les corps intermédiaires. En 1794, la chapelle fut transformée en temple de la déesse Raison. Napoléon Bonaparte transforma le site en ateliers d’artistes.

La Sorbonne devient le siège de l’université de Paris

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La nouvelle Sorbonne de Nénot

À partir de 1806, Napoléon réorganisa l’ensemble du système d’enseignement français en créant l’Université impériale. Elle regroupait tous les niveaux d’enseignement et comportait à ses niveaux les plus élevés les écoles spéciales et des facultés de cinq types : Faculté des sciences, Faculté des lettres, Faculté de théologie, Faculté de droit et Faculté de médecine. Les deux dernières retrouvèrent leurs locaux d’Ancien Régime, place du Panthéon et rue de l’école de Médecine, tandis que les trois autres s’installent dans la Sorbonne de Richelieu. Le bâtiment devenait en outre le siège du rectorat de l’Académie de Paris.

À la Restauration, le duc de Richelieu, premier ministre de Louis XVIII, voulut honorer la mémoire du cardinal en rendant tout son lustre à la Sorbonne. Il y fit construire un amphithéâtre de 1 200 places. Des professeurs prestigieux, comme François Guizot ou Victor Cousin, y dispensaient leur enseignement. Malgré ces aménagements, les vieux bâtiments du XVIIe siècle, abandonnés pendant les dix ans de la Révolution, s’étaient beaucoup dégradés. La concentration sur ce seul collège des étudiants en lettre, science et théologie de toute l’académie de Paris posa rapidement des problèmes d’exiguïté.

La rénovation du complexe devenait une urgence qui traversa tout le XIXe siècle. Sous le Second Empire, on confia à Léon Vaudoyer le projet. Il conçut un palais avec une grande façade rue Saint-Jacques et une tour d’astronomie. La première pierre fut posée en 1855 mais le projet n’aboutit pas. Cette reconstruction fut finalement réalisée par la Troisième République, sous l’impulsion de Jules Ferry. Le chantier fut confié à l’architecte Henri-Paul Nénot, élève et protégé de Charles Garnier, qui présidait le jury. La réputation d’anticléricalisme de Nénot joua également dans ce choix. Malgré quelques protestations, la démolition des bâtiments, chapelle exceptée, dura dix ans, de 1884 et 1894, tandis que la première pierre du nouvel édifice était posée en 1885. Le président Sadi Carnot put inaugurer la première partie du complexe, au nord, en 1889, pour le centenaire de la Révolution française. L’ensemble des travaux ne fut achevé qu’en 1901.

Les espaces initialement prévus pour la faculté de théologie, supprimée en 1885, furent attribués à l’École nationale des chartes, qui devenait ainsi la deuxième école spéciale après l’EPHE à s’installer dans le complexe de la Sorbonne.

En 1896, une loi regroupa les facultés de droit, lettres, médecine et sciences d’une même académie en une personne morale, l’université. La Sorbonne, déjà siège du rectorat de Paris, devenait par là le siège de la nouvelle Université de Paris. Le recteur de l’académie de Paris cumula dès lors sa charge avec celle de chancelier de l’université de Paris, augmentant notablement ses besoins en place et en personnel dans le bâtiment. De la même façon, l’augmentation rapide du nombre d’étudiants, imposa la construction d’annexes autour du bâtiment : (Institut de géographie, Institut d’Art et d’Archéologie). D’abord modestes, ces annexes devinrent après la Seconde Guerre mondiale, de gigantesques complexes rivalisant en taille avec la maison mère, à l’image du campus de Jussieu, de celui de Nanterre etc..

La Sorbonne éclatée : le spectre de mai 68

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Rue Victor-Cousin, 11 mars 2006 au matin.

En mai 1968, la Sorbonne est le bastion des manifestations étudiantes, ayant débuté avec le mouvement du 22-Mars à la faculté de Nanterre, qui aboutirent en un ample mouvement contestataire dans toute la France. La première émeute de mai 1968 se déclenche suite à l’intervention de la police dans la cour de la Sorbonne. Le 3 mai, des centaines d’étudiants se sont en effet rassemblés dans la cour en prévision d’une attaque d’Occident. Il y a là toutes les tendances de l’extrême gauche : trotskystes, maoïstes, ou anarchistes. Les services d’ordre d’extrême gauche sont armés de manches de pioche et prêts à l’affrontement. En faisant appel à la police, le recteur-président de l’université va ainsi déclencher la première émeute du mois de mai. À partir du 13 mai, la grève générale commence et la Sorbonne est occupée.

L’Assemblée nationale élue en juin 1968 après la dissolution décidée par le général de Gaulle s’attaque aussitôt à la réforme universitaire. En 1971, l’Université parisienne est éclatée en treize universités nouvelles. Tandis que les annexes sont partagées entre les différentes universités filles, le complexe de la Sorbonne, propriété de la ville de Paris, est placé dans un régime d’indivision géré par la Chancellerie des universités de Paris. Six établissements d’enseignement se maintiennent dans les locaux : les universités Paris I, Paris III, Paris IV et Paris V ainsi que l’ENC et l’EPHE. Cette multiplication d’acteurs a favorisé l’accumulation de difficultés et d’inégalités dans gestion du monument.

Dans le même temps, un processus de fermeture du bâtiment déjà enclenché par le déménagement de la faculté des sciences s’accélère afin de neutraliser le site : les étudiants de premier cycle, plus nombreux et réputés plus remuants, sont délocalisés sur des sites périphériques comme le centre Pierre-Mendès-France, le centre Censier ou le centre Clignancourt, réduisant notablement le nombre d’étudiants dans le bâtiment. De même, la partie basse du complexe, le palais académique, est fermé aux étudiants, tandis que sous l’effet du plan vigipirate, devenu permanent à la suite des attentats du 11 septembre 2001, la Sorbonne est, en principe, fermée au public. Si l’on fait exception de quelques rares visites groupées organisées par la Chancellerie et des journées européennes du patrimoine, seuls les étudiants et le personnel des établissements ayant des locaux dans la Sorbonne, ainsi que les lecteurs de la bibliothèque de la Sorbonne, peuvent y entrer.

Malgré cela, le caractère symbolique du monument dans la contestation étudiante et la tentation de réitérer le mythe de mai 68 restent forts. C’est ainsi qu’en 2006, plusieurs centaines de manifestants, luttant contre la loi dite « sur l’égalité de chances », ont occupé la Sorbonne pendant trois nuits (du 8 mars au 11 mars au matin : « la prise de la Sorbonne ») avant d’être évacués par les forces de l’ordre.

Le quartier a été bouclé pendant plusieurs semaines ; ce bouclage est pourtant passé inaperçu — voir un des rares documents sur le sujet, le court-métrage Sorbonne interdite. Le bâtiment a été fermé aux étudiants et aux enseignants à la demande du rectorat désireux d’éviter toute nouvelle occupation et tout nouveau dégât. Elle a rouvert le 24 avril 2006. Au cours de cette période, les bâtiments du Panthéon, situé au 12 de la place du Panthéon, continuaient à recevoir étudiants et enseignants.

Des étudiants ont immédiatement voté la réoccupation de l’université avant d’être à nouveau expulsés le soir même. Les cours n’ont pu reprendre que progressivement avec le déploiement d’un important dispositif policier tout autour de l’université. Au-delà de la lutte contre le CPE, une partie des étudiants a cherché à imiter sans vrai discernement, semble-t-il, l’esprit de mai 68. Les dégâts causés par les manifestants se sont chiffrés à 800 000 euros, ce qui a contraint l’université à développer la location de ses locaux – déjà existante vu l’histoire du lieu, pour des tournages de films ou de téléfilms, afin de payer les travaux qui ont nécessité la fermeture du bâtiment et l’annulation de nombreux cours.

Le 19 février 2009 suite à une manifestation la Sorbonne fut occupée par des étudiants pendant plusieurs heures avant d’être expulsés par la police.

Le nom « Sorbonne », héritage des universités de Paris

À la suite de la réforme des universités de 1970, le bâtiment de la Sorbonne fut placé dans un régime d’indivision entre différentes institutions. La Ville de Paris est propriétaire des lieux, avec obligation perpétuelle d’y maintenir le chef-lieu de l’académie de Paris; la chancellerie des universités de Paris, quant à elle gère le monument. D’autres institutions comme les Cours de civilisation française de la Sorbonne et la Bibliothèque de la Sorbonne y ont leur siège, de même que les écoles des Chartes et des Hautes Études qui s’y sont maintenues car elles n’étaient pas des parties constituantes de l’université. Ces dernières, néanmoins, devraient bientôt déménager sur la rive droite, notamment sur le futur Campus Condorcet. Quatre universités, enfin, conservent des locaux en Sorbonne, et par là le droit d’utiliser le nom Sorbonne.

  • Paris I (Panthéon-Sorbonne), qui abrite également l’observatoire de la Sorbonne.
  • Paris III (Sorbonne nouvelle)
  • Paris IV (Paris-Sorbonne)
  • Paris V, dont une composante est nommée « Unité de formation et de recherche de sciences humaines et sociales Sorbonne »

Il s’agit d’un véritable enjeu de taille pour ces institutions, dans la mesure où le nom Sorbonne concentre en lui seul toute la réputation de l’ancienne université de Paris. On a ainsi vu au début de l’année 2010 les différents PRES de Paris se battre autour de ce nom, considéré comme une marque porteuse de prestige et attractive pour les étudiants étrangers.

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