Speed dating… et match entre le Luxembourg et la Sorbonne

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«Comme tout speed dating, cette rencontre est par essence un peu rapide.» Dans la petite salle «cinéma» du Sorbonne Center for Artificial Intelligence où la délégation luxembourgeoise vient de regarder des molécules de glycines et des aurores boréales en 3D, le vice-président des relations internationales et des partenariats de la Sorbonne, Guillaume Fiquet, sait que son temps est compté.

Le speed dating de la recherche et de l’innovation, organisé au dernier jour du voyage du ministre luxembourgeois de l’Économie à Paris, se termine et il va falloir «récupérer» le numéro de téléphone de ses interlocuteurs. Franz FayotFranz Fayot (LSAP) enlève ses lunettes 3D, se lève et inscrit son numéro de portable sur la carte de visite qu’il tend à la vice-présidente en charge de la recherche et de l’innovation de l’Université parisienne, Elisabeth Angel-Perez, qui venait de lui conseiller le livre de Daniel Andler intitulé «Intelligence artificielle, intelligence humaine: la double énigme». Il ne fait aucun doute que tout ce beau monde va se revoir, chacun y ayant des intérêts pour des raisons différentes.

Au 24e étage de ce qui aura été pendant un an la plus haute tour de Paris, la tour Zamansky, où l’œil embrasse en une seconde la Tour Eiffel, la Défense, Notre-Dame et le Sacré-Cœur, le ministre n’avait laissé planer aucun doute dès le début de cette rencontre menée au pas de charge. «Il y a une tradition scientifique et académique incroyable depuis très longtemps et je suis très intéressé par approfondir cette relation, apprendre et travailler ensemble dans un univers fait de multiples complexités et de multiples enjeux.»

Cinq composantes clés d’un écosystème

L’Université parisienne lui avait réservé un tour d’horizon rapide et dense de ce qu’elle a mis en place pour favoriser le passage des chercheurs vers le monde de l’entreprise innovante.

À commencer par le SATT Lutech, pour «société d’accélération de transfert de technologies rattaché à l’Université de la Sorbonne». Particularité: est née en 2012 de la volonté du gouvernement français de faire de certains chercheurs d’exception des entrepreneurs à succès, avec un financement initial de 1 milliard d’euros. Ambition: amener ces chercheurs d’un TRL de 1 à 5 ou 6 pour qu’ils puissent aller se frotter au marché.

Le TRL ou niveau de maturité technologique est l’indicateur mis au point dans les années 1970 à la NASA qui atteste d’une compréhension d’une technologie, d’une gestion des risques et d’une analyse du temps, des coûts et des moyens à déployer pour rendre la technologie déployable sur le marché. Bilan: en dix ans, SATT Lutech a délivré 100 licences de technologie pour 50 millions d’euros et 50% des chercheurs sont eux-mêmes devenus des entrepreneurs.

Puis l’Agoranov, incubateur qui a donné naissance à 500 start-up dont Doctolib, une de ses cinq licornes en 20 ans d’existence. Dans le FrenchTech 2030, 22 des 125 start-up sont issues de cet outil qui s’articule en sélection des projets et en accompagnement des projets.

«Notre mission est d’écouter les signaux faibles dans les laboratoires», a expliqué son directeur, Jean-Michel Dalle, devant la délégation luxembourgeoise. «Moins les lubies des politiques que ces signaux. Concrètement, un chercheur qui vient nous voir avec une idée révolutionnaire, on ne le juge pas. On l’écoute. Puis on va en parler avec des experts de ce domaine et la discussion se poursuit jusqu’à ce qu’on décide de la laisser se développer.»

À Pepite, troisième point d’accroche, 10.000 étudiants ont postulé pour devenir étudiants-entrepreneurs et profiter d’une dotation financière particulière pour travailler à leur projet, 1.000 ont été retenus, 200 ont été accompagnés et 80 diplômés.

Le Paris Parc, futur lieu centralisateur de l’écosystème

Bientôt, tout cet écosystème sera regroupé dans un bâtiment futuriste, à la droite de ce campus né dans les années 1970. Le Paris Parc: 15.000 m2 dont 4.000 m2 pour l’événementiel et la formation des 20.000 étudiants et milliers de chercheurs.

Une dimension intéresse particulièrement le Luxembourg, outre l’organisation du transfert de technologies de l’Université du Luxembourg vers le monde économique, le Summit, dans lequel Stéphane Labbé a recruté 13 ingénieurs pour être le relai entre les entreprises qui ont des projets et les chercheurs qui ont des compétences. Pourquoi? Parce qu’il a besoin de capacités de calcul dimensionnées à l’échelle des PME. «Les grosses entreprises ont tous les moyens dont elles ont besoin et les PME ont des moyens limités qui les empêchent d’utiliser un supercalculateur pour réinventer leur production», a expliqué le directeur général du Summit. «C’est très énergivore d’un côté et il n’y a peut-être besoin que d’utiliser 1.000 des 10.000 cœurs du HPC. Ce sont deux enjeux de recherche fondamentaux.»

Il a, miracle des rencontres bien orchestrées, évoqué deux exemples qui parlent à ses hôtes luxembourgeois: la modélisation des molécules de l’acier pour obtenir la meilleure qualité du monde, là où l’état de l’art ne permet d’atteindre «que» 97%. Et la possibilité, avec des données, d’élaborer «des algorithmes génétiques, qui vont permettre de savoir où il y a des fuites sur les canalisations d’eau de la Ville de Paris», d’où s’échappent 40% de l’eau aujourd’hui.

Ami de Pascal Bouvry à l’Université, M. Labbé a identifié le HPC luxembourgeois comme un fantastique outil. Il évoque les 5.000 à 6.000 chercheurs à sa disposition – 1.000 ont commencé une carrière d’entrepreneur –, les talents complémentaires à l’Université du Luxembourg et les capacités de calcul comme un écosystème à disposition. Le ministre boit du petit lait et rappelle justement que le HPC a été mis en activité aussi bien pour la recherche que pour les entreprises. «Nous ne manquerons pas de poursuivre les discussions autour de cette collaboration», assure le transfert technology officer de l’Université du Luxembourg, Christophe Haunold. «Le Luxembourg est aussi un fantastique pays pour mener des expérimentations directement au niveau d’un pays.»

Avec ses 1.000 PhD et ses outils financiers, comme le Digital Tech Fund 2 doté de 20 millions d’euros, le Luxembourg a tout à gagner de bien amener ces têtes bien faites à devenir des entrepreneurs qui réussissent. Si 50% des doctorants restent au Luxembourg pour leur premier emploi, cela permettrait probablement d’aller titiller les 50 autres pour cent à rester aussi. Dans la guerre des talents, tout est bon.

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