Université Libé à la Sorbonne : entre les leaders de la Nupes, la table gronde

, Université Libé à la Sorbonne : entre les leaders de la Nupes, la table gronde


Marine Tondelier, Fabien Roussel, Manuel Bompard et Olivier Faure lors des débats organisés par «Libé» à la Sorbonne, ce mercredi 31 mai.

© Albert Facelly Marine Tondelier, Fabien Roussel, Manuel Bompard et Olivier Faure lors des débats organisés par «Libé» à la Sorbonne, ce mercredi 31 mai.

La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés ensemble dans une pièce, la soirée avait tourné au vinaigre. C’était le 2 mai, lors de la réunion que Jean-Luc Mélenchon qualifiait – au grand dam de ses camarades – de rencontre «au sommet» pour discuter des suites à donner à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Presque un mois plus tard revoilà l’écologiste Marine Tondelier, le socialiste Olivier Faure, le communiste Fabien Roussel et l’insoumis Manuel Bompard réunis pour disserter sur l’avenir de l’alliance, nouée en juin 2022, dans le somptueux amphi Richelieu de la Sorbonne pour la première «Université» organisée par Libération. En public, cette fois. D’entrée, les désaccords et les potentielles tensions sont donc mis de côté. «Ah oui, on est quand même très soudés, plaisante la cheffe des écolos en effleurant le coude de son voisin Fabien Roussel au moment de s’installer. J’espère que Manu va faire pareil avec Olivier !»

Devant les plusieurs centaines de personnes sagement assises sur les travées de bois inconfortables, les quatre chefs de partis de la gauche ont un message à faire passer : quoi qu’en disent les commentateurs et les adversaires de la Nupes, le groupe vit bien. Peu importe ce qui se passe en réalité dans les vestiaires… «Ce n’est pas difficile de nous réunir, on a l’habitude de travailler ensemble. Nous l’avons encore fait ce matin en faisant en sorte de pouvoir examiner la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites», commence Bompard avant de philosopher sur l’éternel débat à gauche entre «crédibilité» et «radicalité». Pour le député des Bouches-du-Rhône, l’opposition souvent faite entre les deux termes n’a pas lieu d’être. «Je ne considère pas que pour être crédible, il ne faut pas être trop radical et que si on est trop radical, on n’est pas crédible», affirme-t-il. Le débat «fatigue aussi un peu» Marine Tondelier. «Je suis écologiste, je ne suis pas là pour me qualifier de radicale, pragmatique ou de quoi que ce soit, je suis tout à la fois», assure-t-elle. Le communiste Fabien Roussel «ne se retrouve pas dans le terme “radical”» auquel il préfère celui de «révolutionnaire» tandis qu’Olivier Faure reprend les mots de Karl Marx : «Il disait : “Etre radical, c’est saisir les choses à la racine”, je suis pour prendre les choses à la racine.»

«Vrai mouvement politique»

Les questions de visions politiques posées, reste une grande interrogation pour la Nupes : comment faire évoluer cet accord qui, en juin 2022, n’a pas permis de remporter les élections législatives ? Pour Bompard, les choses sont simples, «pour faire mieux, la Nupes ne peut pas être qu’un accord électoral simplement en vigueur à l’Assemblée nationale, il doit être un vrai mouvement politique», explique-t-il. L’occasion d’introduire le cheval de bataille du moment des insoumis : l’unité de la gauche à tous les scrutins et donc aux prochaines européennes. «Il faut faire en sorte que notre coalition soit stable dans toutes les élections. Si on veut apparaître comme une alternative crédible, il ne faut pas qu’à chaque élection, on recommence le travail à zéro et à expliquer pourquoi on n’était pas ensemble à celle d’avant», lance-t-il.

Mais Tondelier reste inflexible. Comme elle le répète depuis des mois, la patronne de EE-LV ne veut pas d’une liste commune étiquetée Nupes. Déjà parce que le mode de scrutin proportionnel à un tour permet aux différents partis de se lancer dans leurs coins sans risquer de voir l’extrême droite arriver au pouvoir. Puis, car elle ne permettrait pas à chacun de capter leurs différents électorats. «Une liste Nupes, même avec nos beaux sourires et des bons meetings, ça fait 19 % sachant qu’il y aura des listes de gauches dissidentes. Et quand ont fait 19 %, bon courage pour dire qu’on est la solution pour 2027», plaide-t-elle. Tout en assurant qu’une désunion à l’élection prévue début juin ne signifierait en aucun cas la fin de l’alliance. «La Nupes est un acquis politique, elle perdurera», martèle-t-elle.

«Pression à l’unité»

Au-delà des seules européennes, les chefs de partis de la Nupes ont également tous en tête la présidentielle de 2027. Et à ce propos, excepté Fabien Roussel qui ne veut pas s’avancer, tous sont d’accord sur la nécessité de ne présenter qu’un seul candidat pour toute la gauche. «Fabien s’y rangera…» le vanne Faure. Roussel n’apprécie pas : «Depuis quand c’est toi qui dis ce qu’on fait chez nous ?» Tondelier intervient : «Tu viens de le convaincre de ne jamais le faire.»

«La pression à l’unité après dix ans de macronisme et le risque de l’extrême droite sera d’une puissance que personne n’imagine, poursuit Olivier Faure. Une défaite engagerait la France vers une voie mortifère.» Pour y parvenir, le patron des socialistes répète son idée de «contrat de coalition» pour définir ce que la gauche unie ferait au pouvoir pendant cinq ans. Ensuite se poserait la question de l’incarnation qui est loin d’être tranchée. Comment définir le champion de la Nupes ? Personne ne sait. «Ce pourrait être une convention citoyenne, ou un jury populaire à l’américaine, propose le député de Seine-et-Marne. Ou une primaire mais qui serait une primaire de casting et non de projet.» Ni Tondelier ni Bompard ne semblent emballés par la dernière suggestion. Encore moins Roussel qui dit tout bas à sa voisine ? «Quoi ? De casting ? Non, non, non…»

Mais avant de penser candidature et victoire en 2027, la gauche a un programme à rédiger. Depuis plusieurs semaines, les communistes, écologistes et socialistes plaident pour mettre à jour celui pondu en treize jours et treize nuits en juin 2022 sans que les insoumis ne se montrent très pressés. Logique, les plus de 600 propositions de la Nupes sont largement inspirées de «l’Avenir en commun», le projet porté par Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle. Mais Manuel Bompard le concède : «La prochaine fois qu’auront lieu des élections nationales, on ne va évidemment pas se présenter avec le même programme.» Mais attention, hors de question de repartir de zéro. «On peut s’éviter le ridicule de dire que tout ce qu’on a fait ne vaut plus surtout qu’il a rassemblé des millions de personnes en 2022», estime-t-il. Un moyen de rappeler, au passage, que les insoumis gardent le lead au sein de la Nupes.

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