« Laisser nos patients passer la nuit sur un brancard, on mesurait déjà l’indignité de la chose, relève la docteure Catherine Legall, cheffe des urgences à l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise) ; on peut désormais affirmer, chiffres à l’appui, que c’est mortel ! ». Comme bon nombre de ses collègues, l’urgentiste n’a pas été surprise par les résultats de l’étude publiée, le 6 novembre, par des équipes de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), de l’Inserm et de Sorbonne Université dans la revue JAMA Internal Medicine. D’autant moins surprise que « ses » urgences ont pris part à l’enquête, avec 96 autres services dans toute la France.
La Dr Legall n’en souligne pas moins l’« importance » des chiffres annoncés : le risque de mourir à l’hôpital, pour un patient de plus de 75 ans accueilli aux urgences et qui passe une nuit entière à attendre un lit dans un autre service, passe de 11,1 % à 15,7 %. Soit une hausse de près de 40 %, selon cette étude baptisée « No bed Night » (« nuit sans lit »), menée du 12 au 14 décembre 2022, alors qu’une « triple épidémie » (Covid, grippe et virus respiratoires) déferlait, et incluant 1 598 patients âgés de plus de 75 ans.
Pour la frange de patients déjà dépendants, peu ou pas autonomes, une nuit passée à attendre une place d’hospitalisation multiplie pratiquement par deux le risque de mourir, y apprend-on. L’étude montre aussi un risque plus élevé de complications – des chutes, infections nosocomiales, escarres…
« Inconfort prolongé, manque de repas »
« On est parti du constat, récurrent dans nos services, que les malades attendent trop longtemps aux urgences, et des alertes, tout aussi récurrentes, que chaque hiver est plus difficile que le précédent, pour lancer cette investigation statistique poussée, basée sur une cohorte prenant en compte les comorbidités, l’âge et l’état de gravité initial des patients, explique le professeur Yonathan Freund (AP-HP) qui, avec la docteure Mélanie Roussel (Université de Rouen Normandie), a coordonné les travaux. C’était des choses suggérées, pressenties, pour lesquelles on a maintenant démontré qu’il y a une vraie association », fait valoir ce médecin de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
Parmi les facteurs pouvant expliquer cette surmortalité, il cite « le fait de ne pas dormir, de ne pas avoir la surveillance suffisante, car les urgences sont surchargées, ou de ne pas avoir toujours le traitement à temps, l’inconfort prolongé, le manque de repas… ».
Des « études préliminaires rétrospectives » avaient suggéré ce sur-risque de mortalité chez des patients âgés, a rappelé l’AP-HP dans un communiqué. « Pour la première fois, la preuve scientifique est apportée », écrit-elle aussi, en appelant à ce que l’objectif de « zéro lits brancards » aux urgences, notamment pour les personnes âgées, soit considéré comme un « objectif de santé publique ». Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, s’était engagé, en avril, à « désengorger » les urgences d’ici à la fin 2024.
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