Ambulancière sous les bombes en juin 1940 : l’incroyable voyage de Josephine, une Américaine de 24 ans

Elle s’appelait Josephine Winter. Lorsque les Nazis ont envahi la France en mai-juin 1940, cette Américaine de 24 ans aurait pu demander à être rapatriée aux Etats-Unis. Mais la jeune femme, étudiante à La Sorbonne depuis trois ans, a préféré s’engager comme ambulancière, pour venir au secours des millions de Français sur la route de l’exode, entre Paris et La Rochelle. Son petit-cousin, Larry Roeder, souhaite organiser une cérémonie en septembre 2024 à La Rochelle, pour lui rendre hommage. Et avec elle aux centaines de volontaires, civils américains, britanniques, et français, qui ont fait le même choix héroïque.

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80 ans après, Larry Roeder n’en revient toujours du courage de celle qu’il appelle « tante Josephine ». Lui-même n’était pas né en juin 1940, et c’est son père (le cousin germain de Josephine) qui lui a raconté l’exploit de cette femme au caractère très réservé. Quand les Nazis foncent sur Paris, Josephine Winter est étudiante à La Sorbonne, depuis déjà trois ans. Fille d’un brillant dentiste, elle appartient à l’élite fortunée. Une famille qui lui demande de rentrer rapidement aux États-Unis. Au lieu de cela, la jeune femme de 24 ans répond à une annonce diffusée par l’AVAC, corps d’ambulanciers créé par la section parisienne de l’American legion
, association d’anciens combattants américains.

« Elle se sentait Parisienne »

Des volontaires de l'AVAC (American Volunteer Ambulance Corps), l'organisation qui a recruté Josephine Winter, et l'a envoyée sur les routes de l'exode entre Paris et La Rochelle.
Des volontaires de l’AVAC (American Volunteer Ambulance Corps), l’organisation qui a recruté Josephine Winter, et l’a envoyée sur les routes de l’exode entre Paris et La Rochelle. © GettyKeystone-France

« Josephine se sentait obligée vis-à-vis de ses voisins, pense savoir Larry Roeder. Elle se sentait Parisienne. Et elle savait conduire n’importe quoi, elle s’y connaissait même en mécanique. Donc on l’a mise tout de suite au volant d’une ambulance Ford. Et elle a mis le cap au sud. » Voilà Joséphine rapidement plongée dans l’horreur de l’exode : huit millions de Français jetés sur les routes
, mitraillés, bombardés par l’aviation nazie.

« Son boulot, c’était de transporter les blessés vers des gares, précise le petit-cousin de Josephine, pour qu’on puisse les évacuer par le train vers l’hôpital le plus proche. Mais les gares étaient elles-mêmes bombardées. Une mission très dangereuse. N’oubliez pas qu’elle était très jeune, sans expérience des combats. Mettre sa vie en jeu pour des étrangers, c’est du vrai héroïsme. »

Pas de médaille

Josephine Winter n'a jamais réclamé de médaille pour cet acte de bravoure. C'était une personne très réservée, se souvient son petit-cousin, Larry Roeder.
Josephine Winter n’a jamais réclamé de médaille pour cet acte de bravoure. C’était une personne très réservée, se souvient son petit-cousin, Larry Roeder.Collection Larry Roeder

Pour Josephine, cette odyssée passe par Dreux, Châteaudun, Tours et Poitiers. Elle s’achève à La Pallice, le port rochelais, sous un déluge de bombes. Obligée de passer plusieurs jours terrée dans un bunker, Josephine est témoin du naufrage du Champlain, paquebot censé embarquer des réfugiés, touché par une mine magnétique, larguée par l’aviation allemande, et dont l’épave restera deux décennies dans le paysage, entre La Rochelle et l’île de Ré. Une expérience traumatique pour la jeune femme : « Le son des bombes était si intense, qu’elle ne pourra plus jamais voler à bord d’un avion commercial » précise Larry Roeder, citant un article de 1941 racontant les exploits de Josephine.

Quelques jours plus tard, le drapeau nazi flotte sur l’hôtel de ville de La Rochelle. La jeune femme retourne ensuite à Paris, où l’attend son chien qui normalement ne la quitte jamais, Clarinette. Décédée en 1980, Josephine n’a jamais demandé de médaille pour cet acte de bravoure. Larry Roeder voudrait au moins une cérémonie d’hommage, qu’il aimerait organiser à La Rochelle. Pour sa grande-cousine, mais aussi pour des centaines d’autres volontaires ayant accompli la même mission. « Des personnes ordinaires qui ont accompli des actes extraordinaires ». C’est ce que Larry appelle le « projet Josephine ».

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Appel à témoignages

Patron d’une ONG installé à South Riding en Virginie, dans la grande banlieue de la capitale américaine Washington, Larry Roeder lance d’ailleurs un appel à témoignages. Il aimerait retrouver les noms et les histoires des centaines de volontaires qui ont choisi comme Josephine de s’engager comme ambulanciers durant l’exode de mai-juin 1940. Si vous avez des informations, n’hésitez pas à contacter le standard de France Bleu La Rochelle : 05.46.35.17.17.

Josephine was aged 24 when France was invaded by the Nazis in May-June 1940. Instead of returning to the United-States, this American student in Paris chose to volunteer as an ambulance driver for AVAC (an ambulance corps created by the American Legion’s Paris section). A courageous choice that led her on the overcrowded roads of exodus, when millions of French hit the road in despair, under nazi bombs and grainshots. This terrible journey led Josephine from Paris to La Rochelle, where her grand-cousin Larry Roeder, would like to organize a ceremony in September 2024. For Josephine and all volunteers involved as paramedic. Larry Roeder needs to find the names and stories of these « ordinary civilians who did extraordinary things ». Whenever you have information, call our radio station France Bleu La Rochelle : +33.5.46.35.17.17.

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