Comment Biomemory va stocker nos données numériques dans l’ADN de synthèse

Quand on lui demande à quand remonte l’idée du stockage des données dans l’ADN, Erfane Arwani, président de Biomemory, se fait espiègle : « 3,8 milliards d’années, quand la nature a décidé de transmettre de l’information à sa descendance via cette molécule qui sert à stocker, transmettre et exprimer. » Ce n’est que bien plus tard, à l’échelle du temps géologique, que le physicien et prix Nobel américain Richard Feynman suggère la possibilité de stocker nos données numériques dans l’ADN. C’était en 1959, à l’heure de l’informatique balbutiante. Et c’est en 2012, dans un laboratoire des Etats-Unis que le procédé est testé pour la première fois avec succès.

Mais à quoi bon cette prouesse numérico-biologique se demanderont certains sceptiques, effrayés à l’idée que leurs précieux brins d’ADN n’hébergent les comptes bancaires de leur voisin ? Voici un début de réponse : en 2020, les 64 zettaoctets de données numériques de l’humanité entière – 64.000.000.000.000 de gigaoctets – sont hébergées dans des millions de data centers énergivores et climatisés consommant 2 % de l’électricité mondiale et émettant 2 % des émissions de CO₂ planétaire. Avec l’augmentation exponentielle du nombre de données hébergées – elles devraient plus que doubler d’ici 2025 -, l’impact environnemental du stockage numérique risque d’être, à l’avenir, proprement phénoménal – sans même parler de l’emprise foncière. A ce rythme, les serveurs pourraient en effet recouvrir en 2040 une surface équivalente à celle de l’Islande.