Le chef de l’Etat était attendu à la traditionnelle réunion du groupe centriste Renew, avant l’ouverture d’un sommet européen.
Il a finalement surtout discuté devant les caméras avec la cheffe des eurodéputés Renew, inconnue du grand public jusqu’à ce qu’elle soit propulsée fin février à la tête de la liste Renaissance.
Les deux ont échangé quelques minutes, tantôt absorbés, tantôt souriants, Emmanuel Macron, très attendu par son camp dans la campagne, faisant pour la circonstance un premier pas dans cette direction.
« On s’organise, on a la bonne candidate (..) On a surtout les bonnes idées, celles qui se sont mises en place en Europe ces dernières années », a alors lancé le président, interpellé par un journaliste.
La séquence, postée par l’Elysée sur X, puis supprimée, a aussitôt suscité la colère des Insoumis qui ont annoncé la saisie de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
« L’utilisation des moyens de l’Elysée pour faire la campagne de la liste soutenue par le président de la République est contraire aux règles de financement électorales », a déclaré le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard sur X.
Le Rassemblement national en ligne de mire
En quelques mots, le président a ensuite déroulé comme un slogan de campagne – « une Europe forte, une France forte, dans une Europe plus forte et plus juste » – avant de se livrer à une attaque en règle contre le Rassemblement national, favori des sondages.
« Je pense qu’il y a beaucoup de peurs, d’inquiétudes dans le moment que nous vivons et que ces colères profitent toujours aux réponses les plus simplistes », a-t-il lancé.
La liste Renaissance reste largement distancée dans les sondages par celle du RN, conduite par Jordan Bardella, omniprésent depuis des semaines et qui ne cesse de creuser l’écart.
Avec 16% d’intentions de vote, elle est en outre désormais talonnée par celle du PS-Place Publique (14%), emmenée par Raphaël Glucksmann, selon un sondage Toluna-Harris Interactive paru mercredi.
« Il y a aujourd’hui une espèce d’hypocrisie du débat et j’espère qu’en rentrant dans les prochaines semaines dans celui-ci, cette hypocrisie sera levée », a lâché Emmanuel Macron.
Le camp présidentiel est suspendu à cette entrée en campagne pour donner un nouvel élan à Valérie Hayer et tenter de réduire son handicap entre le RN et la gauche.
Emmanuel Macron doit, selon son entourage, prononcer un discours sur l’Europe la semaine prochaine, probablement à La Sorbonne comme en 2017 où il avait tracé une feuille de route ambitieuse pour l’Europe.
Une implication sous plusieurs formes
Le chef de l’Etat pourrait aussi s’impliquer sous d’autres formes, dans des réunions publiques, des interviews, des déplacements emblématiques, sur la réindustrialisation ou la défense européenne par exemple, même si rien ne semble arrêté à cette heure.
Dans l’immédiat, l’impatience grandit dans son camp devant la lenteur à entrer dans l’atmosphère: la liste de Valérie Hayer n’est toujours pas dévoilée, et la stratégie pour rattraper le retard sur Jordan Bardella reste floue.
Les annonces « anxiogènes » sur les déficits publics ou la réforme de l’assurance-chômage pourraient aussi s’avérer coûteuses en voix, à droite comme à gauche.
Emmanuel Macron fait de son côté le pari que la campagne ne démarrera réellement que dans la dernière ligne droite, un mois avant le scrutin du 9 juin et qu’il est inutile de partir trop tôt.
En attendant, il a accusé l’extrême-droite de piétiner l’Europe pour mieux en engranger les « dividendes » et d’entretenir une certaine ambiguïté vis-à-vis de la Russie.
« Ceux qui parfois il y a cinq ans disaient ‘la solution c’est sortir de l’euro’, ceux qui ne votent même pas la politique agricole commune mais ensuite disent à la maison aux agriculteurs ‘je vous défends’, ceux qui systématiquement ont essayé d’affaiblir l’Europe en quelque sorte ont les dividendes silencieux de notre propre politique pro-européenne », a-t-il asséné depuis Bruxelles.
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