Européennes : Emmanuel Macron, chef de l’Etat et chef de meute au pied du mur

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Ceci n’est pas un exercice de campagne. Non, l’Elysée le dépeint plutôt en « moment institutionnel ». Qu’il serait mal intentionné de qualifier le grand discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, attendu ce jeudi 25 avril à La Sorbonne, de lancement officieux de campagne électorale. A huit semaines du scrutin européen du 9 juin ? Seuls les esprits chagrins oseront le rapprochement. Le chef de l’Etat prononcera à 11 heures une allocution dans l’université parisienne, sept ans après son ode à la « souveraineté européenne » dans ce même lieu. Il devrait y égrener les succès enregistrés depuis 2017 – emprunt commun pour financer le plan de relance, pacte asile et immigration… – et vanter la construction d’une « Europe puissance », exigence née du tumulte international.

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L’exécutif défend une intervention non partisane, l’opposition hurle au mélange des genres. Habituel jeu de rôles. Nicolas Sarkozy s’était exposé à des critiques analogues en décembre 2011 après un discours à Toulon sur la crise économique à l’aube de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron profite à son tour de l’ambiguïté de son statut de président, à la fois arbitre et chef de meute.

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Dans le camp présidentiel, l’intervention du président est attendue avec impatience. La tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, est encalminée à 18 % d’intentions de vote, loin derrière le Rassemblement national. L’eurodéputée, peu connue des Français, peine à ramener à l’étiage européen une campagne que Jordan Bardella compte transformer en vote sanction contre la politique du gouvernement. Le discours de la Sorbonne tombe comme une bouffée d’oxygène. L’occasion idéale de placer l’Europe au cœur du débat, et de réveiller l’électorat macroniste.

Scrutin de mobilisation

Les élections européennes sont un scrutin de « mobilisation ». L’abstention y est forte, le vainqueur est celui qui rassemble son socle. Et quoi de mieux que l’Europe pour pousser aux urnes un macroniste ? 96 % des électeurs de Valérie Hayer sont « favorables au projet européen », d’après une enquête Ipsos pour Le Monde. 75 % d’entre eux promettent de tenir compte des « propositions des partis sur les questions européennes » pour arrêter leur choix. Cette europhilie n’a aucun équivalent sur l’échiquier politique. Il est urgent de pousser cet avantage. En interne, plusieurs voix pressent pour qu’un message positif autour de la construction européenne s’ajoute aux attaques contre l’extrême droite. Ainsi, le programme de Renaissance devrait être dévoilé d’ici le 7 mai, date du grand meeting parisien de Valérie Hayer.

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« L’enjeu est de limiter l’abstention de nos électeurs. Notre première cible, ce sont les macronistes qui doutent, confiait en mars l’eurodéputé Renew Gilles Boyer. Emmanuel Macron a obtenu plus de neuf millions de voix au premier tour de la présidentielle, si on obtient 2/3 avec 50 % de participation, cela fait 25 % des voix. » La campagne s’adapte à cet impératif. Les opérations de tractage et de porte à porte se déroulent à proximité des bureaux de votes les plus favorables au chef de l’Etat. Exit les grands meetings régionaux, supplantés par une multiplication de réunions publiques plus modestes pour se rapprocher des supporters du président.

Le mouvement présidentiel part de loin. 52 % des électeurs d’Emmanuel Macron de 2022 affirment qu’ils iront voter, d’après une enquête Ifop publié mardi. Valérie Hayer ne récolte pour l’heure le soutien que de 59 % d’entre eux. En parallèle, l’électorat frontiste de 2022 est plus disposé à sortir de chez lui le dimanche 9 juin. « Il y a toujours la tentation de faire de cette élection un défouloir », redoute une ministre.

L’usure du pouvoir

En 2019, le soutien appuyé d’Emmanuel Macron à la liste conduite par Nathalie Loiseau avait permis à l’exécutif de limiter la casse. Le camp présidentiel espère une réécriture de l’histoire. Que la figure du chef de l’Etat fasse rentrer dans le rang ses partisans tentés par l’abstention. Le président a visité le 19 avril le QG de campagne de Valérie Hayer, promettant « d’apporter (ses) forces à quelques moments clefs de la campagne ». « Même ceux de nos électeurs qui expriment de l’amertume ou des désaccords avec le président ne questionnent pas son engagement européen », juge Olivier Dussopt, député de l’Ardèche et numéro 2 de Renaissance.

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Emmanuel Macron n’est plus le jeune président d’il y a cinq ans. Le chef de l’Etat amorce sa fin de règne, enlisée par la majorité relative à l’Assemblée nationale. Lestée, aussi, par l’impopularité. « Il souffre de l’usure du pouvoir, c’est structurellement plus difficile », note un cadre de la campagne. « Sarkozy avait bien réussi à imposer une forme de leadership alors qu’il était au plus bas dans les sondages, se souvient un député Renaissance. Mais il n’avait pas le même nombre d’années au compteur. » L’étoile Macron a pâli. Son camp prie pour qu’elle brille encore un peu.

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