Qu’elle doive se dévoiler signifie qu’elle n’est plus considérée comme un individu soumis à son groupe d’appartenance identitaire, mais comme une personne autonome, dégagée de toute obligation autre que celle d’apprendre, de penser par elle-même, d’exercer son esprit critique – or n’est-ce pas pour cela qu’on va à l’école ?
Je tiens que chaque fois qu’on est considéré comme une personne, et non comme le simple élément d’un groupe quelconque, on gagne en liberté. Car la communauté nous contraint à un rôle – comment s’habiller, se nourrir, à quoi croire, qui épouser… Tandis que devant la personne, dont la singularité est irréductible à toute assignation, s’ouvre une infinité de possibles.
Hélas, parmi les élèves et les très jeunes enseignants, le modèle nord-américain de la « tolérance » (chacun fait ce qu’il lui plaît) commence à remplacer celui de la laïcité, ce principe si émancipateur garant de la liberté de conscience.
Parmi les élèves et les très jeunes enseignants, le modèle nord-américain de la « tolérance » (chacun fait ce qu’il lui plaît) tend à remplacer celui de la laïcité.
Le cas du proviseur du lycée Maurice-Ravel, qui s’est retiré de sa fonction, fin février, pour préserver sa vie et la sécurité de son établissement, doit doublement nous inquiéter. Il avait demandé à une jeune fille d’ôter son voile, ainsi que l’exige la loi. Elle a prétendu qu’il l’avait violentée. Ce mensonge fait frémir : la jeune fille à l’origine de l’affaire qui a conduit à la décapitation de Samuel Paty avait, elle aussi, menti. Aujourd’hui, être victime d’un mensonge peut avoir des conséquences tragiques…
Le départ du proviseur du lycée Ravel nous indique qu’il ne croyait pas l’institution capable de le protéger. C’est une crainte générale et c’est d’ailleurs pourquoi une centaine de chefs d’établissement se sont rassemblés place de la Sorbonne, témoignant de leur inquiétude. C’est aussi pourquoi, comme nous l’apprennent les sondages, la plupart des professeurs s’autocensurent désormais dans leurs cours, par crainte des représailles.
Car outre la violence, et s’en accommodant fort bien, se répand le sentiment que l’école est un supermarché où l’on doit trouver ce dont on a envie (ce en quoi l’on croit). On ne devrait donc pas y montrer des tableaux de femmes nues qui heurtent certains : ce fut le cas dans un établissement des Yvelines où l’enseignante fut contestée pour avoir présenté un tableau de la Renaissance à ses élèves. Mais on ne devrait pas, non plus, y enseigner la théorie de l’évolution, objet d’un large consensus scientifique, au nom de croyances créationnistes (Dieu aurait d’emblée créé toutes les espèces dans leurs formes actuelles)…
Ah ! J’aimerais être plus gaie pour Pâques. Cette fête a une belle symbolique. Comme toutes celles du mois de mars, elle exprime le passage (celui des Hébreux fuyant l’Égypte à travers la mer Rouge) et la renaissance (la résurrection du Christ). Seulement voilà : le lundi de Pâques, qui devrait exprimer l’ère nouvelle et l’espoir, tombe cette année (pour la 7ᵉ fois depuis 1900, paraît-il), le 1ᵉʳ avril, fête des plaisanteries et des mystifications. C’est sans doute pourquoi, malgré la renaissance du printemps, nous sommes un peu inquiets.
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