La conférence sur les Frères musulmans, initialement reportée, s’est finalement tenue à la Sorbonne sous haute sécurité

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Le report de la conférence de l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, consacrée à la stratégie prosélyte du frérisme, avait fait polémique.

Un bon exemple dit parfois plus qu’un long discours. Les attaques auxquelles Florence Bergeaud-Blackler est confrontée depuis la sortie de son livre consacré à l’Islam des frères musulmans et ses leviers d’influence en France (Le frérisme et ses réseaux, Odile Jacob, 2023) sont peut-être la meilleure illustration de sa thèse. Au mois de février, l’anthropologue du CNRS devait tenir une conférence sur son ouvrage à La Sorbonne, dans le cadre d’un diplôme d’université (DU) du référent laïcité, une formation continue sur la gestion du fait religieux, proposé par la Faculté des Lettres de La Sorbonne. L’événement avait défrayé la chronique en étant reporté pour des raisons assez floues, à la demande de la doyenne de la Faculté des Lettres. Elle a finalement eu lieu ce vendredi 2 juin et Le Figaro a pu y assister.

Le dispositif de sécurité déployé entre l’entrée du 46 rue Saint-Jacques et l’amphithéâtre où la conférence va débuter en dit long sur la nervosité qui accompagne l’événement. Pour pénétrer dans les bâtiments historiques de la Sorbonne, chaque participant doit émarger sur la liste des participants sous le regard sévère de trois agents de sécurité de l’Université, flanqués de deux autres agents de sécurité d’une agence privée. Une fois dans le hall, on vide ses poches avant de passer au détecteur de métaux, comme à l’aéroport. En haut des marches qui mènent à l’amphithéâtre Michelet où le public se rassemble, nouveau contrôle au détecteur de métaux. Sécurité oblige. Après la parution de son livre sur les frères musulmans, Florence Bergeaud-Blackler a été placée sous protection policière, ayant reçu de nombreuses menaces de mort.

Le califat mondial, un complot ?

«Nous ne sommes pas seulement ici pour témoigner notre soutien à Florence Bergeaud-Blackler, dont l’ouvrage a été attaqué, commence Pierre-Henri Tavoillot, le responsable pédagogique du cursus, mais aussi parce que ce livre est vraiment un très bon livre.» Pendant environ une heure, Florence Bergeaud-Blackler détaille le contenu de son ouvrage, esquissant le tableau à la fois fascinant et inquiétant du réseau frériste en Europe et de sa stratégie de conquête, qui vise à intégrer le Vieux continent au sein d’un califat mondial. Pour atteindre cet objectif, la stratégie mise en œuvre ne passe ni par la violence terroriste, ni par le séparatisme salafiste. Plus insidieuse, la méthode des Frères musulmans consiste à promouvoir un certain entre-soi auprès des musulmans, encouragés à embrasser une orthopraxie radicale : la diffusion du voile et du halal dans l’espace public est par exemple vivement encouragée comme des signes ostentatoires d’une identité religieuse qu’il faut revendiquer. La mise sous tutelle progressive des écoles musulmanes est également prioritaire, pour empêcher l’assimilation des enfants issus de l’immigration.

Selon Florence Bergeaud-Blackler, la dénonciation permanente de l’islamophobie – terme qui n’est jamais clairement défini pour être mieux invoqué lors de chaque critique adressée à l’Islam – constitue le fer de lance de ce combat dans sa version culturelle. Sur ce point, le frérisme trouverait dans «l’islamo-gauchisme» son meilleur compagnon de route. La gauche dite «woke» constituerait par ailleurs un précieux allié, offrant à la fois le bouclier de l’antiracisme et de la défense des minorités, et le glaive des attaques contre le monde capitaliste et ses prétendues velléités néocoloniales.

Les procès en islamophobie, complotisme ou manque de rigueur scientifique se sont, il est vrai, multipliés depuis la sortie du livre de l’anthropologue du CNRS. Mais si elle est prompte à dénoncer les intimidations dont elle fait l’objet, force est de constater que Florence Bergeaud-Blackler n’hésite pas à répliquer. Sur Twitter, elle annonce ainsi porter plainte contre l’avocat Rafik Chekkat, auteur d’un article au vitriol contre son ouvrage, intitulé «Le complotisme d’atmosphère de Florence Bergeaud-Blackler», publié sur le site «Orient XXI».

La scène finale de cette soirée n’en reste pas moins éloquente, sur la vie qu’une chercheuse qui travaille sur de tels sujets est condamnée à mener. Attendue par plusieurs journalistes devant le 46 rue Saint-Jacques, Florence Bergeaud-Blackler a finalement quitté les lieux par une autre sortie, «pour des raisons de sécurité», explique Pierre-Henri Tavoillot.

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