« Le bilan d’émissions GES de Sorbonne université a baissé en raison de données plus fiables » (David Siaussat)

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Le bilan d’émissions GES 2019 de Sorbonne université s’élève à 38 800 tonnes CO2e, « inférieur de 20 000 tonnes CO2e à 2018, essentiellement en raison de données plus fiables », fruit d’un « travail de fourmi sur les données ». C’est ce que déclare David Siaussat, conseiller développement durable et transition environnementale de l’université parisienne dans un entretien à AEF info fin décembre 2023. Labellisation DD&RS, cartographie de la recherche et de la formation en fonction des 17 ODD, recrutement d’un CDD pour le développement du schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables ou encore préparation du schéma directeur via l’organisation d’ateliers, sont les principaux chantiers de l’université, officiellement devenue la première université partenaire du groupement de recherche Labos 1point5 en novembre.

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David Siaussat, conseiller développement durable de Sorbonne université. Sorbonne université

AEF info : Sorbonne université est engagée dans une démarche de labellisation DD&RS. Comment est-elle mise en place ?

David Siaussat : S’inscrire dans la démarche du label DD&RS faisait partie du programme de Nathalie Drach-Temam, présidente de Sorbonne Université. Quand elle a été élue, elle m’a demandé de porter le projet. C’est dans cette dynamique que le plan d’action de l’université a été calé sur le référentiel du label DD&RS depuis début 2022. La mission DD&RS a quant à elle été validée en CA en novembre 2022. Il s’agit d’une nouvelle cellule au sein de l’université, hébergée à la direction du patrimoine, dirigée par David Michel et moi-même, et pour laquelle nous avons recruté deux chargées de mission et une ingénieure en développement durable. Cette cellule est à l’interface entre toutes les directions qui relèvent des cinq axes du référentiel, et se structure actuellement pour permettre une montée en puissance de cette démarche.

Nous avons douze emplois étudiants pour faire de la sensibilisation et de l’animation sur les campus ou pour mettre au point des outils plus spécifiques à destination des étudiantes et étudiants – comme un guide des déchets actuellement en construction. Nous avons aussi recours à des missions d’expertise doctorale de deux types : d’une part des ‘éco délégués’ avec l’objectif de vulgariser, de faire du transfert de connaissance et d’autre part une mission d’expertise et d’analyse de données. Un des gros projets consiste à répertorier la recherche et la formation en fonction des 17 objectifs du développement durable des Nations Unies. Nous n’avons pas développé notre propre algorithme pour cela, car il existe un outil à l’échelle européenne, ainsi que des outils open source que nous testons. Ce projet fait l’objet d’une collaboration avec l’université de Laval à Québec.

Le dispositif des experts doctoraux est intéressant dans le contexte de la transition des universités. Ils peuvent aussi intervenir dans d’autres domaines, comme l’énergie, sur la mise au point de ressources photovoltaïques par exemple. C’est une occasion d’embarquer les doctorantes et doctorants dans l’aventure.

AEF info : À quel niveau la démarche DD&RS est-elle portée au sein de l’université ?

David Siaussat : Dans les différentes composantes de l’université, des personnes consacrent une partie de leur temps aux enjeux du développement durable. À la direction des achats, c’est le cas d’un titulaire, Thierry Collen, à qui nous avons donné un budget pour recruter un CDD pour développer un Spaser (schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables). Sorbonne université s’est en effet munie de son premier Spaser, dont l’élaboration a demandé beaucoup de temps.

C’est aussi le cas de la direction de l’aide au pilotage, de la direction de la formation tout au long de la vie, de la direction recherche et innovation… Grâce à la nouvelle DGS et aux nouveaux DGSA, nous structurons davantage ce nouvel organigramme.

Le vice-président patrimoine et développement durable, Dominique Pateron, porte politiquement le tout. Il me délègue la partie développement durable. Je pilote donc la stratégie sous sa responsabilité et avec les arbitrages du vice-président et de la présidente de Sorbonne Université.

« Ce qui a baissé, ce sont les incertitudes qui étaient beaucoup plus importantes pour l’année 2018 : nous avions appliqué la valeur la plus haute. »

AEF info : Sorbonne université vient de réaliser son bilan d’émission de gaz à effet de serre. Sur quelle année porte-t-il et quels en sont les ordres de grandeur ?

David Siaussat : Nous venons de finir le Bilan carbone (1) de l’année 2021 – nous l’avions déjà fait pour l’année 2018, qui correspond à l’année de regroupement des deux anciennes universités. Nous avions alors des doutes sur la précision des données et nous avons beaucoup travaillé sur ce point. Nous arrivons donc à un chiffre très différent, de 38 800 tonnes, inférieur de 20 000 tonnes de C02e à 2018, essentiellement en raison de données plus fiables.

Ce qui a baissé, ce sont les incertitudes qui étaient beaucoup plus importantes pour l’année 2018 : nous avions appliqué la valeur la plus haute. Avec une incertitude plus faible et des données plus fiables, le chiffre est plus bas. Mais sur les énergies liées à la question bâtimentaire et aux usages de consommation, le chiffre n’est pas meilleur.

AEF info : Comment avez-vous travaillé sur ces données ?

David Siaussat : Cela nécessite un travail de fourmi. Pour les achats par exemple, il faut examiner les codes Nacres (Nomenclature achats recherche enseignement supérieur) un par un, identifier les postes correspondants, voir de quoi il s’agit précisément pour essayer d’y faire correspondre un taux d’émission carbone le plus précis possible. Nous essayons aussi de travailler avec un groupe pour la réduction des consommables plastiques, de façon à entrer dans le cœur de la donnée. Idem pour les déplacements et les mobilités, qui comportaient de grosses incertitudes. Nous avons, pour cela, beaucoup travaillé avec les directions du pilotage et des achats.

Dans le domaine de l’énergie, nous avons utilisé Deepki, une plateforme centralisée qui permet à chaque vendeur de flux d’injecter les données site par site, ce qui permet d’avoir du monitoring centralisé. En 2018, rien n’était centralisé dans ce domaine, l’accès aux données est devenu plus simple et fiable désormais.

En revanche, en ce qui concerne les compteurs, c’est toujours problématique. Par exemple, il n’y a que deux compteurs pour tout le campus Pierre et Marie Curie. Il va y avoir des audits énergétiques dans 25 % du parc immobilier de l’université et nous avons pour projet de tester des sous-compteurs intelligents sur le campus Pierre et Marie Curie.

AEF info : Avez-vous réalisé ce bilan carbone en interne ou êtes-vous passés par un prestataire ?

David Siaussat : Nous sommes passés par le même prestataire qu’en 2018, EcoAct. Il nous semblait important qu’il connaisse la maison. Par ailleurs, il propose un aspect formation intégrée à la prestation et offre un plus autour du numérique sur l’impact des serveurs par exemple. Les devis pour ce genre de prestation vont de 8 000 à 40 000 €, celui d’EcoAct s’élève autour de 20 000 €.

Nous devons d’ores et déjà travailler au prochain bilan carbone. L’internaliser demande des ressources humaines dédiées. Nous sommes dans l’expectative en attendant l’outil auquel travaille le ministère : s’il vient à être prêt à temps nous ferons peut-être évoluer notre choix en fonction.

AEF info : Le siège de Labos 1point5 est hébergé par Sorbonne université. Quelles sont vos relations avec ce groupement de recherche ?

David Siaussat : Nous sommes officiellement devenus en novembre la première université partenaire du GDR. Un grand nombre de laboratoires des facultés des sciences et ingénierie et de santé de Sorbonne université utilisaient déjà l’outil GES 1.5 et nous nous sommes engagés à en promouvoir l’utilisation dans les laboratoires en complément du bilan carbone de l’établissement. Nous avons voulu appuyer la démarche en devenant partenaire du GDR. Nous avons donné des locaux, une petite subvention de fonctionnement, nous faisons la promotion de l’outil et nous allons motiver nos personnels d’enseignement, de recherche et administratifs à s’investir dans les travaux du GDR.

Dans un futur proche, nous irons plus loin. Nous examinons actuellement la possibilité de déployer les formations continues du GDR pour nos personnels via des accords-cadres. Nous allons aussi relayer les informations du GDR comme leurs webinaires. Récemment nous l’avons fait pour un webinaire adressé aux doctorants via l’institut de Formation Doctorale.

« Nous irons, courant 2024, à la rencontre des communautés pour discuter de sujets comme la modification des pratiques quotidiennes et, notamment pour la recherche, leurs attentes »

AEF info : Quelles sont les prochaines étapes de cette transition écologique de l’université ?

David Siaussat : Nous sommes à mi-mandat, nous devons en discuter avec la présidente de l’université et faire le bilan au CA pour définir les prochaines actions. Il s’agit maintenant d’entrer dans la phase opérationnelle via l’autodiagnostic DD&RS. Nous avons aussi le projet d’établissement à rédiger, ensuite nous passerons au schéma directeur. Le gros du travail de consultation se fera avant l’été.

Dans le cadre d’ateliers organisés par la présidence pour préparer le projet d’établissement, nous irons, courant 2024, à la rencontre des communautés et des référents développement durable au sein de nos différentes composantes pour discuter de sujets comme la modification des pratiques quotidiennes et, notamment pour la recherche, leurs attentes. Nous organiserons des tables rondes thématiques avec des personnalités extérieures via un système de questions réponses avec le public autour de la formation, de la recherche, des bilans carbone. Cela permettra d’alimenter l’autodiagnostic pour le référentiel DD&RS, le projet d’établissement et le schéma directeur DD&RSE.

« Il y a tous les types de publics, des moins convaincus aux très engagés en passant par ceux qui essaient de comprendre les enjeux et les mécanismes. Avec tout ce spectre, le lien commun c’est la communication »

AEF info : Sorbonne université est un gros établissement. Est-ce que la transition écologique est une question qui fédère ?

David Siaussat : Il y a tous les types de publics, des moins convaincus aux très engagés en passant par ceux qui essaient de comprendre les enjeux et les mécanismes. Avec tout ce spectre, le lien commun c’est la communication. Nous devons expliquer ce que nous faisons. Dans la newsletter dédiée à l’interne, sont apparus récemment des termes comme le Spaser ou le bilan carbone. Nous nous attachons à lever le mythe urbain sur le chauffage et la consommation électrique.

Nous assumons nos faiblesses : nous réalisons des investissements mais le parc immobilier est très grand et nous n’en avons pas forcément la maîtrise – c’est le cas du bâtiment historique de la Sorbonne que nous partageons avec le rectorat, la mairie de Paris, l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne : dès qu’il faut faire des travaux, les choses se complexifient. De façon générale, notre site internet comporte des éléments sur le patrimoine et le bâtimentaire : nous nous attachons à communiquer beaucoup plus sur ces éléments. Mais bien sûr il reste des gens pour qui cela ne va pas suffisamment vite.

« Au niveau européen, l’impulsion nationale donnée par le MESR apparaît originale et n’a pas d’équivalent pour nos partenaires »

AEF info : Est-ce un sujet que vous abordez avec vos partenaires internationaux ?

David Siaussat : Nous avons surtout avec l’université de Laval des discussions sur les bâtiments bas carbone ou les bilans carbone, parce qu’ils sont très en avance sur ces sujets. Avec nos autres partenaires, par exemple au sein de la Leru ou de notre alliance européenne 4EU+, nous discutons plus de la formation – il y a des besoins de développer ce type d’enseignements dans toutes les universités de tous les pays. Au niveau européen, l’impulsion nationale donnée par le MESR apparaît originale et n’a pas d’équivalent pour nos partenaires. Sur la partie recherche, les échanges sont plus naturels, il s’agit surtout de questionnements sur la façon de financer à l’échelle européenne les appels à projets et les consortiums, des sujets innovants sur ces thématiques.

Cette chronique est reproduite du mieux possible. Si vous désirez apporter des explications sur le sujet « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Notre plateforme sorbonne-post-scriptum.com vous conseille de lire cet article autour du thème « Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne ». La fonction de sorbonne-post-scriptum.com est de rassembler sur le web des données sur le sujet de Anciens et étudiant de Panthéon-Sorbonne et les diffuser en répondant du mieux possible aux interrogations des gens. En consultant régulièrement nos pages de blog vous serez au courant des prochaines publications.