Autrice du livre « Le Frérisme et ses réseaux », Florence Bergeaud-Blackler a vu sa prochaine conférence annulée par la doyenne de la faculté parisienne pour « des raisons de sécurité ». Son avocat dénonce un renoncement face aux islamistes, alors que la chercheuse menacée de mort et sous protection policière pour son travail sur le rôle des Frères musulmans en France.
Le report d’une conférence d’une chercheuse du CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, initialement prévue vendredi 12 mai à la Sorbonne et dédiée à son ouvrage sur le mouvement islamiste des Frères musulmans, a suscité une levée de boucliers.
Cette conférence n’est « ni annulée, ni censurée, mais reportée à une date ultérieure », le 2 juin, a indiqué Sorbonne Université à l’AFP, sans donner plus de précisions sur les motifs de ce report.
Une enquête sur les Frères musulmans en Europe
L’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), devait y présenter son dernier livre sur le mouvement des Frères musulmans, « Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête », paru en janvier 2023.
Dans celui-ci, elle entend montrer comment le mouvement « étend son emprise au cœur même des sociétés européennes en s’appuyant sur leurs institutions, en subvertissant les valeurs des droits de l’homme ou en « islamisant » la connaissance », décrit son éditeur sur son site. « Le propos ne vise ni une religion ni une communauté de croyants, mais décrit un mouvement qui cherche à se servir d’eux pour imposer une stratégie d’islamisation des pays non musulmans dans toutes sortes de domaines, de l’économie à l’écologie, de l’école à l’université », précise encore l’éditeur.
L’ouvrage s’est attiré des critiques. Dans une recension, publiée sur le site Orient XXI , Rafik Chekkat, avocat fondateur de islamophobie.fr, évoque « un livre « polémique, complotiste, qui met une cible sur les personnes et institutions musulmanes » et qui « n’a aucune valeur sur le plan scientifique ». Pointé comme « porte-parole du frérisme européen en épousant la thèse de l’islamophobie d’État », dans le livre de Florence Bergeaud-Blackler, François Burgat, islamologue à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam), a dénoncé « l’indigence absolue de son argumentation hors sol ».
Selon un décompte du magazine Le Point, François Burgat tweete ainsi ou retweete sur son compte Twitter, 85 messages ciblant explicitement la chercheuse, entre le 25 février et le 7 avril. Le média rappelle également que François Burgat est codirigeant du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep), financé par le Doha Institute et Qatar Charity, une organisation souvent citée comme soutien des Frères musulmans.
Une chercheuse empêchée
Mardi, la chercheuse avait annoncé via Twitter : « On m’informe que la doyenne de la Faculté de Lettres de la Sorbonne a demandé la “suspension” de ma conférence sur le frérisme qui devait se tenir le 12 mai pour des raisons de “sécurité”. Elle ne m’a pas contactée. Il n’y a pourtant eu aucune manifestation contre l’événement. »
Elle avait ensuite déploré, en tant que fonctionnaire du CNRS, un « empêchement à travailler et à rendre compte de (son) travail », et demandé à être reçue par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau.
Le ministère a indiqué ce mercredi 10 mai à l’AFP qu’elle y serait reçue « prochainement », et a considéré « intolérable que la liberté académique puisse se voir remettre en cause par la moindre menace à son encontre ».
Pour l’avocat de la chercheuse, Me Thibault de Montbrial, « c’est exactement là où veulent en venir les islamistes, c’est-à-dire créer un climat d’insécurité qui conduit les autorités intellectuelles, médiatiques et autres, à être boycottées de peur d’être prises à leur tour dans la tourmente », a-t-il dit sur BFMTV.
Selon lui, l’ouvrage de la chercheuse s’est attiré dès sa sortie les foudres de « réseaux proches de l’islamisme intellectuel en France » sur les réseaux sociaux. Avec un « effet boule de neige » et une multiplication de messages agressifs, menaces et menaces de morts à l’encontre de sa cliente. Elle bénéficie, au titre de sa protection fonctionnelle, d’une protection policière depuis courant mars.
Des réactions politiques
La décision de l’université a fait réagir des élus de droite. « Une nouvelle fois, nos universités sont victimes des censeurs qui imposent leur idéologie en empêchant le débat », s’est indigné le chef de file des Républicains Éric Ciotti.
Le député européen LR François-Xavier Bellamy a fustigé quant à lui une « addition révoltante de compromissions et de lâchetés ».
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