Paris-III : Daniel Mouchard souhaite « passer à la vitesse supérieure » sur les ressources propres et « regagner des étudiants »

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« La rentrée s’est déroulée dans un climat plus serein que l’année dernière », grâce à un « important travail d’optimisation des emplois du temps et des locaux » du campus de Nation, souligne Daniel Mouchard, président de Paris-III depuis avril dernier (lire sur AEF info), dans un entretien à AEF info, en septembre 2023. Il souligne cependant que des « problèmes bâtimentaires demeurent », citant une « chute de faux plafonds » intervenue récemment. S’agissant du financement, Daniel Mouchard souhaite faire entrer Paris-III « dans la dynamique » des appels à projets en construisant « en interne une chaîne qui facilite la réponse aux AAP », et « passer à la vitesse supérieure pour développer » les ressources propres. Autres objectifs : faire « regagner des étudiants » à Paris-III, laquelle « connaît une baisse de ses effectifs depuis plusieurs années » et développer des partenariats avec l’Inalco et Paris Cité, en parallèle de Sorbonne Alliance.

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Daniel Mouchard, président de l’université Paris-III Sorbonne Nouvelle, élu en avril 2023. Droits réservés – DR

AEF info : Comment s’est déroulée cette deuxième rentrée sur le site de Nation ? Avez-vous résolu les problématiques liées au manque de salles et à l’impossibilité d’ouvrir l’amphithéâtre de 500 places ? Rappelons qu’en 2022, la rentrée avait dû être reportée de deux semaines faute de places (lire sur AEF info).

Daniel Mouchard : Le constat est positif : la rentrée s’est déroulée dans un climat plus serein que l’année dernière, grâce à la mobilisation et aux efforts de toute la communauté de la Sorbonne Nouvelle. Nous avons en partie résolu le manque de salles, grâce à un important travail d’optimisation des emplois du temps et des locaux, en dialogue étroit avec les composantes et les services. Nous avons mobilisé toutes les salles du campus (y compris les laboratoires de langues, salles de réunion, salles d’informatique), en travaillant sur leur modularité. C’est un travail que nous devons d’ailleurs poursuivre, afin d’exploiter tout le potentiel du campus et de répondre à tous les usages.

La location « ne peut être une solution durable, ni sur le plan des locaux, ni sur celui du budget. »

Grâce à ce travail, tous les cours prévus sont placés et il n’y a aucun passage en distanciel contraint, ce qui était notre priorité. Sur le premier semestre, on ne compte qu’1,2 % de cours en ligne, et uniquement si ce mode a été demandé par l’équipe pédagogique. Par ailleurs, nous avons reçu fin août l’autorisation d’ouvrir l’amphithéâtre de 500 places, qui présentait un défaut de conception sur le système de désenfumage. Cela nous donne aussi des marges pour valoriser le campus à l’extérieur.

Cependant, le sujet du manque de salles n’est pas encore complètement résolu, puisque nous avons dû louer cinq salles supplémentaires durant le premier semestre. Elles sont fonctionnelles, et proches du campus Nation, mais cela ne peut être une solution durable, ni sur le plan des locaux, ni sur celui du budget. Le travail de consolidation de notre trajectoire immobilière doit permettre, à terme, d’éviter ces locations.

Par ailleurs, des problèmes bâtimentaires demeurent. Ils se sont récemment traduits par une chute de faux plafonds – intervenue alors que personne n’était dans la salle concernée fort heureusement. L’enquête diligentée immédiatement a montré que ce problème était isolé mais nous procédons actuellement à une nouvelle vérification de l’ensemble des salles pour régler définitivement ce problème. D’autres problèmes se posent encore (fenêtres, portes, etc.). Nous sommes extrêmement vigilants avec l’ensemble des services, et nous travaillons avec l’Epaurif pour résoudre méthodiquement ces difficultés. Au fur et à mesure de la résolution de ces problèmes, le campus entre enfin dans sa vitesse de croisière et nous souhaitons pouvoir l’inaugurer dès que possible avec les différents partenaires – l’État, la Région Île-de-France, la Ville de Paris – et bien sûr toutes les équipes présidentielles qui ont porté le projet.

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AEF info : Ce travail sur les salles et les emplois du temps vous permettra-t-il de résoudre à long terme le manque de mètres carrés sur le campus ou souhaitez-vous, à terme, bénéficier d’espaces supplémentaires pérennes ?

Daniel Mouchard : À moyen terme, la trajectoire immobilière de l’université doit être liée étroitement à son projet stratégique, en particulier sa cible en matière d’effectifs étudiants et d’offre de formation. L’équipe présidentielle porte l’objectif de regagner des étudiants, sachant que depuis plusieurs années, la Sorbonne Nouvelle connaît une baisse de ses effectifs. Si l’on veut renforcer l’attractivité de nos formations, tout assurant une soutenabilité de l’offre, il faut consolider nos implantations immobilières. Le moment venu, cela fera l’objet d’une discussion avec la tutelle. Mais à court terme, il nous faut utiliser au maximum nos implantations à Nation, sur le pôle Quartier Latin, ainsi qu’à Condorcet.

AEF info : Cette rentrée est aussi marquée par un budget contraint, la ministre de l’ESR ayant annoncé que les compensations seraient partielles en 2023 et 2024. Quels sont les impacts pour votre établissement ?

Daniel Mouchard : Les mesures « Guerini » sont positives en termes de pouvoir d’achat pour les personnels de l’établissement. Mais c’est aussi un choc budgétaire qu’il va falloir absorber, avec un surcoût pour la Sorbonne Nouvelle d’environ 1,2 M€ pour 2023, et 2,5 M€ pour 2024. Nous allons intégrer la dépense, tout en préservant nos investissements et notre politique d’emplois, grâce à la mobilisation raisonnée mais volontariste de notre fonds de roulement disponible. Cela nous permettra de boucler l’équation budgétaire pour 2024. Mais, à terme, la question de la compensation devant être assumée par l’État se pose pour tous les établissements, et donc aussi pour la Sorbonne Nouvelle : il est indispensable de préserver nos capacités pour l’avenir, ainsi que nos conditions de travail.

La Sorbonne Nouvelle « souhaite entrer dans la dynamique » des AAP. Nous allons notamment répondre à l’AMI CMA et travaillons pour déterminer avec quels partenaires nous y engager. »

AEF info : En matière de financement, on observe que la Sorbonne Nouvelle est restée en retrait des appels à projets lancés ces dernières années, qu’il s’agisse d’Excellences ou d’ASDESR. Souhaitez-vous inverser la tendance ? Quelles sont vos pistes pour développer davantage les ressources propres ?

Daniel Mouchard : Nous souhaitons entrer dans cette dynamique – à partir du moment où un appel correspond aux objectifs de l’établissement – et donc nous donner les moyens de le faire. Cela présente plusieurs intérêts : intellectuel tout d’abord, puisque cela permet de se projeter dans des coopérations nouvelles ; budgétaire, car cela donne la possibilité d’augmenter les ressources propres de l’université ; et enfin cela affirme la visibilité de la Sorbonne Nouvelle. Pour se donner les moyens de le faire, l’objectif est de construire en interne une chaîne qui facilite la réponse aux AAP, que ce soit dans le domaine scientifique, pédagogique ou culturel. Nous avons obtenu, dans le cadre du dialogue stratégique de performance mené en mai dernier, un poste transversal d’ingénieur projets. Il sera directement rattaché à la direction générale des services et sera chargé d’assurer une veille et de coordonner la chaîne de réponse aux AAP.

Nous allons notamment répondre à l’AMI CMA et travaillons pour déterminer avec quels partenaires nous y engager. Nous n’avons pas encore arrêté le sujet, mais il pourrait notamment porter sur les questions de culture et d’IA, domaines très mobilisateurs et pour lesquels nous avons un apport majeur sur les usages et transformations induites, avec des chercheurs qui travaillent sur le sujet et ont déjà remporté des projets ANR.

Je pense également à l’appel SHS dont nous attendons beaucoup : c’est l’occasion pour notre établissement d’affirmer non seulement l’excellence de notre formation et de notre recherche, mais aussi l’inscription de l’université et de ses partenaires dans un tissu culturel, social et économique dense.

De manière générale, nous voulons passer à la vitesse supérieure pour développer nos ressources propres. Nous allons renforcer le travail transversal et le soutien aux services concernés, qu’il s’agisse de la formation continue, des projets de recherche, ou de la valorisation des locaux.

AEF info : Quel bilan faites-vous de la procédure Mon master ? Avez-vous rempli ?

Daniel Mouchard : La campagne « Mon master » a représenté une charge de travail très importante pour la communauté de la Sorbonne Nouvelle et des aspects de la procédure doivent être améliorés. Dans le même temps, le dispositif représente un réel intérêt car il met en évidence les préférences des étudiants et étudiantes au niveau national. Il s’agit maintenant de faire des choix stratégiques. C’est indispensable en vue de la prochaine vague HCERES. Nous devons conforter nos domaines d’excellence traditionnels en arts, lettres, langues et sciences humaines et sociales, tous en les aidant à évoluer, à se transformer et à créer de nouvelles coopérations interdisciplinaires, pour répondre aux besoins émergents sur les métiers et formations, avec des chemins professionnels encore plus lisibles et visibles.

« Si le message de la ministre signifie qu’il faut un pilotage fin des formations et des capacités d’accueil, au service d’une stratégie d’avenir définie par les universités en discussion étroite avec les tutelles, alors je l’entends bien. »

AEF info : Justement, le président de la République a récemment exhorté les présidences d’université à « avoir le courage » de fermer certaines formations qui n’insèrent pas assez, tandis que la ministre a appelé à travailler sur la modulation à la hausse ou à la baisse des capacités d’accueil. Comment recevez-vous ces demandes adressées aux établissements ?

Daniel Mouchard : Je pense qu’il faut faire confiance aux communautés universitaires qui savent très bien ce qu’elles font et travaillent très courageusement au quotidien pour l’avenir de nos étudiantes et étudiants et pour notre mission de service public, dans un contexte souvent difficile. Si le message de la ministre signifie qu’il faut un pilotage fin des formations et des capacités d’accueil, au service d’une stratégie d’avenir définie par les universités en discussion étroite avec les tutelles, alors je l’entends bien. Dans ce contexte, le travail d’une présidence d’université est d’accompagner et soutenir les collègues, de mettre en place une communication claire et dynamique sur l’offre de formation et les débouchés professionnels, de susciter une démarche interdisciplinaire : donc de mettre en œuvre les transformations mais surtout pas de stigmatiser certaines disciplines ou certaines formations, qu’il n’est pas question d’abandonner.

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« Nous sommes pleinement engagés dans le campus Condorcet, avec en ligne de mire un projet d’établissement pour lequel les discussions sont en cours. »

AEF info : Quelles sont vos priorités en matière de politique de site ?

Daniel Mouchard : En matière de politique de site, nous voulons avant tout approfondir le partenariat avec Sorbonne Alliance [Paris-I, Paris-III, ESCP], et intensifier le rythme de collaboration, aux niveaux pédagogique et scientifique. Les complémentarités avec les deux établissements sont remarquables et c’est un cadre idéal pour un croisement entre les humanités, arts, lettres, langues, et les sciences humaines sociales. 

Nous sommes également pleinement engagés dans le campus Condorcet, avec en ligne de mire un projet d’établissement pour lequel les discussions sont en cours. Par ailleurs, nous souhaitons consolider et développer des projets avec d’autres établissements, en particulier avec l’Inalco. Cela concerne aussi l’université Paris Cité, en matière notamment de sciences du langage. 

Nous souhaitons aussi renforcer les alliances à l’international, d’une part au sein de Yufe, l’alliance d’universités européennes à laquelle nous participons activement et pour laquelle nous recrutons une équipe dédiée.

Tous ces axes stratégiques se retrouveront dans notre futur COMP : nous avons demandé à entrer dans la 3e vague (2025), pour nous donner le temps d’être prêts. La discussion commence dès 2024. Nous avons déjà bénéficié d’un dialogue stratégique de performance et je reçois positivement ce nouvel outil, qui ne représente pas qu’un bonus financier mais permet de poser un certain nombre d’objectifs stratégiques.

Les axes prioritaires du nouveau président

Pour la mandature en cours, Daniel Mouchard porte également les priorités suivantes :

  • « Renforcer l’organisation collective et remettre de la confiance dans notre façon de travailler, ce que porte la lettre d’orientation budgétaire qui a été adoptée par le CA (unanimité moins trois abstentions) le 15 septembre dernier ». Cela passe par deux axes :

– « Améliorer nos conditions de travail et donc l’attractivité de l’établissement. Dans cette perspective, nous allons amorcer un mouvement de dégel des postes vacants, engager un travail sur le régime indemnitaire des personnels contractuels, tout en reprenant les ouvertures de concours et en poursuivant les CDIsations. Nous allons également renforcer la formation des personnels. »

– « Remettre la Sorbonne Nouvelle sur une trajectoire de développement, en matière de formation et de recherche. S’agissant de la recherche, nous souhaitons renforcer l’appui à notre politique scientifique et donc notre capacité à nous inscrire dans des APP nationaux et internationaux. Ainsi, nous renforçons notre capacité à faire de la veille et du suivi des projets, nous organisons en novembre prochain des assises de la recherche pour donner une cartographie précise des actions que nous menons en la matière. Sur la science ouverte, nous venons de nommer un vice-président SAPS, dont la mission sera de renforcer la transversalité de cette démarche, car nous souhaitons en effet obtenir une labellisation dans ce domaine.

  • Relancer les Presses de la Sorbonne Nouvelle : « nous avons reconstitué l’équipe, avec un soutien financier et une direction scientifique nouvelle. » 
  • Poursuivre « l’université des cultures ouvertes » – série de conférences ouverte à tous les publics, visant à donner la parole à des chercheurs de notre université et d’autres établissements lancée l’an dernier –, qui rencontre un important succès ». 
  • Soutenir « nos bibliothèques et leur pleine intégration dans le projet global de l’université, est également un point central de notre stratégie ».
  • Engager un travail sur le schéma directeur de la vie étudiante pour le finaliser d’ici la rentrée prochaine. « Nous allons le mener en lien étroit avec les collectivités territoriales et avec le Crous de Paris, notamment pour ouvrir plus d’espaces pour les étudiantes et les étudiants sur le campus Nation ». Il faut mettre aussi l’accent sur « le renforcement de la prévention, l’inclusivité dans toutes ses dimensions, la lutte contre les VSS et les discriminations, la valorisation de l’engagement, l’accueil des étudiants internationaux (exonérés sur critères, en visant à atteindre le quota de 10 %) ». « Nous avons travaillé sur le statut de la vice-présidence étudiante, afin de mettre en place une indemnisation reconnaissant son engagement, d’autant que nous avons fait le choix d’associer pleinement le VPE à l’équipe de gouvernance et de lui confier le copilotage de plusieurs dossiers. »
  • Viser une labellisation DD&RS pour 2025 et intégrer la démarche TEDS dans notre offre de formation et notre recherche. « Nous renforçons nos équipements et notre équipe en la matière.
  • Construire un schéma directeur handicap.

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