Préparation du budget 2024: décryptage avec l’économiste Christian de Boissieu

Alors que la Première ministre Élisabeth Borne a balayé, dans un entretien à France bleu, la piste d’une augmentation d’impôts sur les ménages et tandis que le Président Macron a demandé, lors du conseil des ministres de rentrée, ce mercredi, à ses troupes, de ne pas « laisser monter la petite musique sur la hausse des impôts », Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes et professeur émérite d’économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, nous explique pourquoi le gouvernement doit donner un signal fort de réduction des déficits publics, sans pour autant toucher aux « paquebots » que sont les « grands impôts ». Interview.

La réduction des déficits est un impératif absolu?

Oui, je parle bien des déficits publics, au sens européen, qui incluent celui de l’État, des collectivités et de la Sécurité sociale, qui ont atteint 4,9% du PIB. Il faut donner un signal à l’Europe, montrer que nous reprenons le contrôle car nos voisins ne nous feront pas de cadeaux. C’est aussi un signal aux agences de notation, qui après la dégradation opérée par Fitch Ratings publieront de nouvelles notations en octobre. Une nouvelle baisse serait préjudiciable pour les taux auxquels la France emprunte et pour son image. Enfin nous avons intérêt à maîtriser notre dette qui, à 3.000 milliards d’euros, dépasse 110% du PIB annuel avec des charges qui augmentent compte tenu de la hausse des taux.

N’y a-t-il pas un risque de récession si l’État réduit ses dépenses?

Si la direction doit être celle du signal de réduction des déficits, la question de la vitesse à laquelle le gouvernement doit aller se discute, dans un contexte où le crédit ralentit et où la crise immobilière a débuté. On ne doit pas aller trop vite vers les 3% (de PIB, Ndlr). Il y a pas mal d’incertitudes sur la croissance dans le monde, avec le ralentissement chinois, des prix de l’énergie qui restent élevés… On ne peut pas compter sur la croissance pour régler tous nos problèmes. Or un certain nombre de dépenses sont inévitables. Avec la hausse des taux, les charges de la dette pour les collectivités et l’État augmentent, on pourrait atteindre 50 milliards d’euros voire plus cette année contre 35 milliards certaines années. Ensuite avec la guerre en Ukraine, les dépenses liées à la Défense sont en hausse et enfin il faut financer la transition énergétique et écologique.

Reste la piste de la hausse de certaines taxes?

L’État peut réduire certaines autres dépenses; c’est ce que le gouvernement essaie de faire en évoquant la chasse au gaspillage dans l’assurance maladie ou en recentrant certaines aides au logement. Il annonce aussi de nouvelles taxes, sans toucher aux grands impôts car ce sont des paquebots difficiles à faire bouger donc il travaille aux marges. Le ministre des Transports Clément Beaune a indiqué par exemple que la hausse des taxes sur les sociétés d’autoroute n’aurait pas de répercussion sur le tarif des péages. Mais nous sommes dans une économie de marché, il peut y avoir des effets de deuxième et troisième tours, avec un impact sur les prix payés par les consommateurs. La frontière entre impôts et taxes est assez arbitraire et plutôt cosmétique et il est compliqué de prétendre que cela ne touchera pas le pouvoir d’achat des ménages.

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Christian de Boissieu. Photo DR.

Les patrons vent debout

La traditionnelle Rencontre des entrepreneurs de France, l’université d’été du Medef, les 28 et 29 août, s’annonce agitée. Les patrons voient en effet se rapprocher la menace de devoir payer un peu plus longtemps la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Les 8 milliards d’euros qu’elle représente devaient initialement être effacés en deux ans, en 2023 et 2024. Mais finalement la suppression des 4 milliards restants pourrait être étalée sur 4 ans. Le président du Medef Patrick Martin pointe d’ores et déjà la « fiabilité de la parole de l’État ».

Et la CPME, dans un communiqué, enjoint le gouvernement « de ne pas céder aux sirènes de la facilité en augmentant les taxes et impôts qui pèsent sur les entreprises, au risque de casser la dynamique actuelle de créations d’emplois ». Et s’inquiète d’une autre mesure, qui consisterait à laisser à la charge des entreprises les indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS) des 4e au 7e jour d’arrêt maladie de leurs salariés. Soit un coût estimé pour les PME de 1,4 milliard €.

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