Trajectoires et discours contemporains d’écrivaines dans et sur le monde arabe

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Trajectoires et discours contemporains d’écrivaines dans et sur le monde arabe

 

Colloque international organisé par les Universités Al-Albayt (Jordanie) et La Sorbonne Abu Dhabi (EAU)

Les 3 et 4 mars 2024 à l’Université Al-Albayt

Appel à contributions 

Date d’échéance : 15 janvier 2024

Dans l’entretien qu’elle accorde à Xavière Gauthier, Marguerite Duras pour parler de son écriture en tant que femme évoque « le lieu où ça s’écrit, où on écrit »[1]. L’objet du présent colloque est d’interroger « le lieu où ça s’écrit, où on écrit » dans les œuvres littéraires des femmes arabes ou d’origine arabe consacrées au monde arabe au XXIe siècle. Bien évidemment, l’appellatif « monde arabe » recouvre une variété de réalités géographiques, linguistiques, sociétales et culturelles qu’il ne s’agira pas d’estomper mais bien au contraire de mettre en lumière.

Qui sont les écrivaines du monde arabe ou d’origine arabe aujourd’hui ? Quelles sont leurs trajectoires personnelles ? D’Assia Djebar à Leila Sebbar, d’Andrée Chédid à Leïla Othman, de Maïssa Bey à Fadia Faqir en passant par Thuraya Al-Baqsami et Malika Mokkedem, dans quelle lignée d’autrices pionnières s’inscrivent-elles ? Quels sont leurs rapports au monde arabe, du Maghreb à la Péninsule en passant par le Machrek ? À qui ces écrivaines donnent-elles la parole dans leurs écrits et pour qui écrivent-elles ? Quels sont leurs rapports à la langue arabe et en quelle langue écrivent-elles ? Poursuivent-elles des objectifs socioculturels et politiques dans le sens de l’empowerment ? Parce que la création littéraire n’est pas également valorisée ni également soutenue par les institutions locales et régionales, dans quelle mesure les contextes socio-culturels incitent-ils les femmes à appréhender l’écriture comme un espace de liberté d’expression, d’engagement vis-à-vis des autres femmes et de prise de pouvoir politique ?

À l’instar des hommes, les femmes ont investi le vaste domaine de l’autofiction dans la littérature mondiale. L’importance conférée au réel ainsi qu’aux formes mixtes les plus fréquemment adoptées par le roman et le roman graphique dans les écritures féminines du et sur le monde arabe montrent, en effet, que les approches sociologiques et ethnographiques sont privilégiées par les autrices contemporaines. Le nombre remarquablement élevé d’autobiographies, d’autofictions et d’auto-sociobiographies, voire d’auto-théories, pourra être questionné, de même que l’attrait pour le genre de l’essai ou de l’enquête. L’on pourra, par exemple, réfléchir au Maroc de Leila Slimani, dépeint sous le prisme de la sexualité (Sexe et Mensonges : La Vie sexuelle au Maroc, Les Arènes, 2017), autant qu’à la place du handicap et de la maladie dans la société koweïtienne (Shahd Alshammari, Head above water, 2022). Ces formes mixtes, entre faction et fiction, constituent des démarches d’introspection fictionnelle à explorer par la critique tant elles représentent une voie d’innovation importante dans les perspectives de renouvellement du genre romanesque. Fréquemment elles inaugurent l’entrée en littérature des femmes. L’on s’interrogera pour savoir si les écrivaines suivent des démarches spécifiques, convergentes ou, au contraire, si elles marquent leur présence et leur légitimité en participant au mouvement général du champ littéraire. 

Parallèlement, l’on pourra envisager l’angle du témoignage, devenu prégnant depuis 2011 en raison des violence vécues de près ou de loin par les autrices. Le champ littéraire arabe est, effectivement, marqué par le développement de diasporas dont l’ampleur s’est accrue avec les « révolutions arabes ». L’on suivra, par exemple, la trajectoire de la Syrienne Maha Hassan, réfugiée en France dès 2004, tant elle est symptomatique des caractéristiques nouvelles de la littérature de la migration. Qui sont ces écrivaines de plus en plus nombreuses à se faire entendre et à créer des personnages féminins forts ? Quelle visibilité leur est conférée ? Les guerres sont, d’autre part, des facteurs de prise de parole des écrivaines. D’abord parce qu’elles sont le théâtre d’une double violence pour les femmes : la violence du conflit et les violences de genre. Quelles écrivaines contemporaines s’inscrivent dans le sillage d’Etel Adnan avec Sitt Marie Rose (1978) ou d’Evelyne Accad (Des femmes, des hommes et la guerre. Fiction et Réalité au Proche-Orient, 1993), qui a travaillé sur ce phénomène dans le roman libanais ?

L’on pourra cerner les particularités à la fois thématiques, poétiques, stylistiques et esthétiques des œuvres d’autrices originaires du monde arabe : de Fadia Faqir ou Hyam
Yared à Mai Al-Nakib en passant par Maha Gargash. L’on cherchera également dans quelle mesure la socialisation linguistique et culturelle ainsi que les traditions des littératures arabes comme celle des littératures occidentales influencent l’écriture contemporaine des femmes dans et sur le monde arabe. L’on orientera, par exemple, les recherches vers les autrices du Golfe qui les premières, au tournant du XXIe siècle, ont valorisé l’individuel, l’intime, le positionnement envers l’Autre et la transgression, en particulier la transgression sexuelle et de genre.

Afin de permettre le débat, quatre axes principaux sont envisagés, qui ne sont nullement exhaustifs.

1°/Le premier axe examinera plus particulièrement comment dans leurs publications les écrivaines représentent le monde arabe, qui pour certaines est leur ancienne patrie, et comment elles abordent la situation des femmes arabes.

Il pourra être question de migration, d’exil, de diaspora, de déplacement, de déracinement (avec Abla Farhoud, Le bonheur a la queue glissante (2004) ou Salma Kojok, Le dérisoire tremblement des femmes, 2019) mais aussi d’hospitalité et d’accueil, de coutumes, normes, comportements et pratiques déterminés. Il sera intéressant de scruter la position des écrivaines : celles qui écrivent depuis le monde arabe, celles qui constituent la diaspora et celles qui sont dans une position hybride, à l’instar de Raja Alem. L’on pourra décrire combien cette oscillation qui déplace les centres de gravité, modifie les représentations du centre et de la périphérie, réévaluent les identités et les rendent labiles, se traduit également dans la fiction (Banat al-Riyad de Raja Sani’ (2012) ou La passion (2003) d’Alia Mamdouh, par exemple). Dans un monde où la mobilité des personnes, de la littérature et de la critique est de mise, comment les femmes se positionnent-elles dans cet ensemble travaillé par la migration, la rencontre, la volonté d’émancipation, le désir d’intégrer le champ mondial de la littérature ? 

Symétriquement, l’on pourra voir dans quelle mesure les écrivaines, traditionnellement gardiennes de la mémoire et passeuses d’histoires, nationales ou étrangères, proposent une réécriture de l’H/histoire qui permet de penser le passé des femmes et de garder vif le souvenir de leur lutte contre le patriarcat (Fawzia Zouari, Le corps de ma mère, 2016). En quoi les pratiques scripturales sont-elles mues par un devoir de mémoire ? De quelles voix, inaudibles ou oubliées, sont-elles porteuses ? On pourra à ce propos questionner la réécriture de l’histoire, caractéristique de la littérature du Golfe, avec Reem al-Kamali, Jokha al-Harthi. Umayma al-Hamis ou Umniyat Salim.

2°/Le deuxième axe portera sur la représentation de soi et des réalités de la féminité, de la corporalité et plus largement de la vie des femmes autour de questions locales (virginité, mariage, maternité, misogynie, sociabilité, sexisme ordinaire, violences…). Dans le sillage du travail de Martina Censi sur les romancières de Syrie, Le corps dans le roman des écrivaines syriennes contemporaines. Dire, écrire, inscrire la différence (2016), l’on questionnera le rôle du féminisme, entendu comme une sororité bienveillance et respectueuse de toutes les différences. Dans quelle mesure l’écriture constitue-t-elle un acte politico-culturel d’autonomisation des femmes ? Dans cette perspective, quel est le risque de voir le rôle de porte-parole prendre le pas sur la visée artistique ? Quels sujets les écrivaines abordent-elles le plus volontiers et pourquoi ?

Consécutivement, l’on interrogera, avec Alice Zeniter « cette frontière de genre qui voudrait que [les femmes n’écrivent] surtout, voire seulement, que pour les femmes »[2]. L’on se demandera à quel type de lectorat les œuvres d’autrices s’adressent : veulent-elles atteindre principalement les femmes ? Quelle est la part de pédagogie à l’œuvre derrière leur décision de faire de la littérature ? L’on s’interrogera, par exemple, sur la part de publications destinées à la jeunesse dans certaines trajectoires (Alice Zeniter, Zeina Abirached, Sheikha Bodour Al Qasimi, Boutheyna El-Essa…).

3°/Le troisième axe s’intéressera au choix de la langue qui se pose logiquement dans un territoire kaléidoscopique aux influences anglophones grandissantes. Qu’est-ce qui prévaut dans le choix de la langue d’écriture ? Le passé et l’approche postcoloniale qu’il induit dans certains pays ?

La volonté d’écrire dans une langue autre que l’arabe influence-t-elle le style des écrivaines ? L’on pensera notamment aux poètes émiraties qui écrivent directement en anglais, non seulement parce que la langue anglaise leur est devenue familière mais aussi parce que, langue véhiculaire à l’échelle mondiale, elle offre un lectorat potentiel beaucoup plus large que la langue arabe.

Qu’en est-il de la traduction des œuvres créées en arabe vers les langues européennes ? L’on s’interrogera également sur la question du plurilinguisme, du va-et-vient entre deux ou plusieurs langues d’écriture (cas du dialogue entre l’anglais et l’arabe chez la poétesse émiratie Hoor Al Nuaimi), sur la circulation des œuvres, sur les politiques traductives de et vers l’arabe

4°/Le quatrième axe enfin portera sur les parcours des autrices, à l’image qu’elles ont d’elles-mêmes en tant qu’écrivaines. L’on s’attachera aux conditions de la production littéraire et de l’édition/l’auto-édition, ainsi qu’aux actions institutionnelles et aux politiques de soutien à la création littéraire spécialement dédiée aux femmes. Il pourra être question de parcours emblématiques dans la sphère littéraire et éditoriale nationale et internationale, à l’instar de celui de Nina Bouraoui, Leila Slimani ou de Faïza Guène en France, de celui de Bothayna Al-Essa (All that I want to forget, 2019 ; Lost in Mecca, 2023) et de Thuraya Al-Baqsami (Cellar Candles, 1993) au Koweït. Sera envisagée, à l’échelle nationale et internationale, la question des prix littéraires décernés (en 2019, le Man Booker International Prize a ainsi été décerné pour la première fois à un roman arabe dans la catégorie Premier roman à Jokha Alharthi, une autrice omanaise pour Les Corps célestes, paru en 2021)[3].

Les propositions de communication en français (avec un titre provisoire) de 400 mots environ, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, sont à envoyer jusqu’au 15 janvier 2024 aux adresses suivantes :

i.bernard@ju.edu.jo« >i.bernard@ju.edu.jo

karine.germoni@sorbonne.ae« >karine.germoni@sorbonne.ae

marina.hertrampf@uni-passau.de« >marina.hertrampf@uni-passau.de

 

Calendrier :

15 janvier 2024 : réception des propositions

31 janvier 2024 : diffusion des propositions retenues

3 et 4 mars 2024 : tenue du colloque

 

Informations utiles

Organisé en partenariat avec Sorbonne Université Abu Dhabi, le colloque se tiendra à Mafraq en Jordanie, sur le campus de l’Université Al-Albayt, les 3 et 4 mars 2024.

La durée des interventions est fixée à 30 minutes.  Il n’y aura pas de séance en ligne.

Une publication internationale des actes du colloque est prévue. 

 La langue acceptée pour les communications est le français.

 Il n’y a pas de frais d’inscription. Sont à la charge des participants : les frais de transport pour venir à Amman, les frais d’hébergement et le dîner du 3 mars. 

 Les deux journées de colloque se prolongeront par une table ronde rassemblant des autrices arabes aux trajectoires et projets littéraires totalement différents. Ouvert au public, ce dialogue avec des artistes sera pour les participants l’occasion de découvrir des voix contemporaines singulières et d’échanger autour de la littérature du et sur le monde arabe. 

Comité scientifique

Isabelle Bernard (Université de Jordanie)

Carmen Bustani (Université Saint-Esprit)

Alexandre Gefen (CRNS/Sorbonne Université)

Marina Ortrud Hertrampf (Université de Passau)

Jacqueline Jondot (Université de Toulouse-Le Mirail)

Waël Rabadi (Université Al-Albayt)

Élisabeth Vauthier (Université Lyon III)

 

Comité organisateur

Mohamed Al-Khatib (Université Al-Albayt)

Isabelle Bernard (Université de Jordanie)

Karine Germoni (Sorbonne Université Abu Dhabi)

Waël Rabadi (Université Al-Albayt)

Bibliographie indicative

Al-Samman Hanadi, Anxiety of Erasure. Trauma, Authorship, and the Diaspora in Arab Women’s Writings, New York : Syracuse University Press, 2019.

 

Ashour, Radwa ; Ghazoul, Ferial J. et Reda-Mekdashi, Hasna (dir.), Arab Women Writers : A Critical Reference Guide 1873–1999, Cairo, The American University in Cairo Press, 2008.

 

Ausoni, Alain, Mémoires d’outre-langue. L’écriture translingue de soi, Slatkine Érudition, 2018.

Badran, Margot et Miriam Cooke, Opening the gates a century of Arab feminist writing, Virago Press, 1990.

 

Belayhed, Hamad Al-, Approches du récit féministe, L’Harmattan, 2018.

 

Boustani, Carmen, Effets du féminin : variations narratives francophones, Karthala, 2003.

Boustani, Carmen, Des femmes et de l’écriture : le bassin méditerranéen, (en collaboration avec Edmond Jouve), Paris, Karthala, 2006.

 

Censi, Martina, Le corps dans le roman des écrivaines syriennes contemporaines. Dire, écrire, inscrire la différence, Brill, 2016.

 

Déjeux, Jean, La littérature féminine de langue française au Maghreb, Karthala, 1994.

 

Farès, Saba et Laurence Denooz, Femme et féminisme dans les littératures méditerranéennes et arabe actes de la table ronde de Nancy, 13- 14 mars 2008, ADRA, 2010.

 

Farhoud, Samira, Interventions autobiographiques des femmes du Maghreb. Ecriture de contestation, Peter Lang, 2013.

 

Fournier, Lauren, Autotheory as Feminist Practice in Art, Writing, and Criticism, MIT Press, 2022.

 

Geiser Myriam, « La “littérature beur” comme écriture de la post-migration et forme de “littérature monde” ». Expressions Maghrébines, vol. 7, n° 1, 2008, p. 121-139.

 

Halimi, Gisèle, La cause des femmes ; précédé de Le temps des malentendus, Gallimard, 1992.

 

Lammers, Philipp et Marcus Twellmann, « L’autosociobiographie, une forme itinérante », COnTEXTES, 06/06/2023, DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.10515.

 

Mehta, Brinda, Rituals of Memory in Contemporary Arab Women’s Writing, New York : Syracuse University Press, 2007.

 

Mehta, Brinda, Dissident Writings of Arab Women. Voices Against Violence, London : Routledge, 2014.

 

Mestiri, Soumaya, Décoloniser le féminisme : une approche transculturelle, Vron, 2016.

Noiriel, Gérard, Le Creuset français : histoire de limmigration, XIXe-XXe siècles, Seuil, 1988.

 

Pinçonnat Crystel, Endofiction et fable de soi. Écrire en héritier de l’immigration. Paris : Classiques Garnier, 2016.

 

Redouane, Rabia, Femmes arabes et écritures francophones. Machrek-Maghreb, L’Harmattan, 2014.

Sayad Abdelmalek, La Double Absence : des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré. Seuil, 1999.

 

Sid Larbi Attouche, Kheira, Paroles de Femmes: 21 clefs pour comprendre la littérature féminine en Algerie, ENAG, 2001.

 

Slimani, Leila, Sexe et Mensonges : La Vie sexuelle au Maroc, Les Arènes, 2017.

 

Suhair Majaj, Lisa; Sunderman, Paula et Saliba, Therese (dir.), Intersections : Gender,
Nation and Community in Arab Women’s Novels,
New York : Syracuse University Press, 2002.

 

Vitali Ilaria, Intrangers : post-migration et nouvelles frontières de la littérature beur. Louvain-la-Neuve : Acad. L’Harmattan, 2011.

 

Woodhull, Winifred, Transfigurations of the Maghreb feminism, decolonization and literatures, University of Minnesota Press, 1993.

 

Zahra, Ali, Féminismes islamiques, La Fabrique, 2012.

 

Zeidan, Joseph T., Arab Women Novelists. The Formative Years and Beyond, Albany : State University of New York Press, 1995.

 

Zeniter, Alice, Toute une moitié du monde, Flammarion, 2022.

 

Zouari, Fawzia, Pour un féminisme méditerranéen, L’Harmattan, 2012.

 

 

 

 

 

 

 

 

Contemporary trajectories and discourses of Women Writers in and on the Arab World

 

International conference organized by Al-Albayt Universities (Jordan) and La Sorbonne Abu Dhabi (UAE)

 

March 3 and 4, 2024 at Al-Albayt University

 

Call for papers

Deadline: January 15, 2024

 

In the interview she gave to Xavière Gauthier, Marguerite Duras, speaking about her writing as a woman, evokes “the place where it is written, where we write”. The purpose of this conference is to question “the place where it is written, where we write” in the literary works of Arab women or of Arab origin dedicated to the Arab world in the 21st century. Obviously, the term “Arab world” covers a variety of geographical, linguistic, societal and cultural realities that should not be blurred but, on the contrary, highlighted.

 

Who are the Women Writers in the Arab world or of Arab origin today? What are their personal trajectories? From Assia Djebar to Leila Sebbar, from Andrée Chédid to Leïla Othman, from Maïssa Bey to Fadia Faqir, via Thuraya Al-Baqsami and Malika Mokkedem, in which lineage of pioneering authors do they belong? What is their relationship with the Arab world, from the Maghreb to the Peninsula and the Mashreq? Who do these writers give voice to in their writings and for whom do they write? What is their relationship to the Arabic language and in which language do they write? Do they pursue sociocultural and political objectives towards empowerment? Because literary creation is not equally valued nor equally supported by local and regional institutions, to what extent do socio-cultural contexts encourage women to approach writing as a space of freedom of expression, of commitment to other women and taking political power?

 

Like men, women have invested the vast field of autofiction in world literature. The importance given to reality as well as to the mixed forms most frequently adopted by the novel and the graphic novel in women’s writings from and about the Arab world show, in fact, that sociological and ethnographic approaches are favoured by contemporary authors. The remarkably high number of autobiographies, autofictions and auto-sociobiographies, even auto-theories, can be questioned, as can the attraction to the genre of the essay or investigation. We can, for example, reflect on Leila Slimani’s Morocco, depicted through prism of sexuality (Sexe et mensonges: La vie sexuelle au Maroc, Les Arènes, 2017), as well as in the place of disability and disease in Kuwaiti society (Shahd Alshammari, Head above water, 2022). These mixed forms, between faction and fiction, constitute approaches to fictional introspection to be explored by critics as they represent an important path of innovation in the prospects for renewal of the novel genre. They frequently inaugurate the entry into literature of women. We will wonder whether women writers follow specific, convergent approaches or, on the contrary, if they mark their presence and their legitimacy by participating in the general movement of the literary field.

 

At the same time, we can consider the angle of testimony, which has become significant since 2011 due to the violence experienced directly or indirectly by the authors. The Arab literary field is, indeed, marked by the development of diasporas whose scale increased with the “Arab revolutions”. We will follow, for example, the trajectory of the Syrian Maha Hassan, a refugee in France in 2004, as it is symptomatic of the new characteristics of migration literature. Who are these more and more numerous women writers who are making themselves heard and creating strong female characters? What visibility is given to them? Wars are, on the other hand, factors in which women writers speak out. Firstly, because they are the scene of a double violence to women: the violence of the conflict and gender-based violence. Which contemporary writers follow in the wake of Etel Adnan with Sitt Marie Rose (1978) or Evelyne Accad (Des femmes, des hommes et la guerre. Fiction et Réalité au Proche-Orient, 1993), who worked on this phenomenon in the Lebanese novel?

 

We will be able to identify the thematic, poetic, stylistic and aesthetic particularities of the works of authors from the Arab world. We will also seek to what extent linguistic and cultural socialization as well as the traditions of Arab literatures as well as those of Western literatures influence the contemporary writing of women in and about the Arab world. We will direct, for example, the research towards the authors of the Gulf who were the first, at the turn of the 21st century, to value the individual, the intimate, the positioning towards the Other and transgression, in particular sexual transgression. and gender.

 

To enable debate, four main axes are considered, which are by no means exhaustive.

 

1°/The first axis will examine more particularly how in their publications women writers represent the Arab world, which for some is their former homeland, and how they address the situation of Arab women.

 

It could be a question of migration, exile (Salma Kojok, Le dérisoire tremblement des femmes, 2019), diaspora, displacement, uprooting but also of hospitality and welcome, customs, norms, behaviors and specific practices. It will be interesting to examine the position of women writers: those who write from the Arab world, those who constitute the diaspora and those who are in a hybrid position, like Raja Alem. We can describe how this oscillation which shifts the centers of gravity, modifies the representations of the centre and the periphery, re-evaluates identities and makes them labile, is also reflected in fiction (Banat al-Riyad by Raja Sani’ (2012) or La passion (2003) by Alia Mamdouh, for example). In a world where the mobility of people, literature and criticism is required, how do women position themselves in this whole worked by migration, encounter, the desire for emancipation, the desire to integrate the world field of literature?

 

Symmetrically, we will be able to see to what extent women writers, traditionally guardians of memory and conveyors of history, national or foreign, propose a rewriting of H/history which makes it possible to think about the past of women and to keep the past alive. memory of their fight against patriarchy (Fawzia Zouari, Le corps de ma mère, 2016). How are scriptural practices driven by a duty to remember? What voices, inaudible or forgotten, do they carry? In this regard, we can question the rewriting of history, characteristic of Gulf literature, with Reem al-Kamali, Jokha al-Harthi, Umayma al-Hamis or Umniyat Salim.

 

2°/The second axis will focus on the representation of oneself and the realities of femininity, corporeality and more broadly the lives of women around local issues (virginity, marriage, motherhood, misogyny, sociability, ordinary sexism, violence, etc.) What can be the role of feminism, understood as a caring sisterhood respectful of all differences? To what extent does writing constitute a political-cultural act of women’s empowerment? From this perspective, what is the risk of seeing the role of spokesperson take precedence over the artistic aim? What subjects do female writers tackle most readily and why?

 

Consecutively, we will question, with Alice Zeniter, “this gender boundary which would require [women to write] especially, or even only, for women”. We will ask ourselves what type of readership the works of female authors are aimed at: do they want to mainly reach women? What part of pedagogy is at work behind their decision to write literature? We will wonder, for example, about the share of publications intended for youth in certain trajectories (Alice Zeniter, Zeina Abirached, Sheikha Bodour Al Qasimi, Butheyna El-Essa, etc.).

 

3°/The third axis will focus on the choice of language which logically arises in a kaleidoscopic territory with growing English-speaking influences. What prevails in the choice of the writing language? The past and the postcolonial approach that it induces in certain countries?

 

Does the desire to write in a language other than Arabic influence the style of female writers? We will think in particular of the Emirati poets who write directly in English, not only because the English language has become familiar to them but also because, as a vehicular language on a global scale, it offers a much wider potential readership than the Arabic language.

What about the translation of works created in Arabic into European languages? We will also question the problematics of multilingualism, of the coming and going between two or more languages ​​of writing (case of the dialogue between English and Arabic in the work of the Emirati poet Hoor Al Nuaimi), on the circulation of works, on translation policies from and into Arabic.

 

4°/The fourth axis finally will focus on the journeys of the authors, the image they have of themselves as writers. We will focus on the conditions of literary production and publishing/self-publishing, as well as institutional actions and policies supporting literary creation specifically dedicated to women. It could be a question of emblematic careers in the national and international literary and editorial sphere, like that of Nina Bouraoui, Leila Slimani or Faïza Guène in France, those of Bothayna Al-Essa (All that I want to forget, 2019; Lost in Mecca, 2023) and Thuraya Al-Baqsami (Cellar Candles, 1993) in Kuwait. The question of literary prizes awarded will be considered, on a national and international scale (in 2019, the Man Booker International Prize was awarded for the first time to an Arabic novel in the First Novel category to Jokha Alharthi, an Omani author for The Celestial Bodies, published in 2021).

 

Communication proposals (with a provisional title) of approximately 400 words accompanied by a short bio-bibliography should be sent before January 15, 2024 to the following addresses:

 

i.bernard@ju.edu.jo« >i.bernard@ju.edu.jo

karine.germoni@sorbonne.ae« >karine.germoni@sorbonne.ae    

marina.hertrampf@uni-passau.de« >marina.hertrampf@uni-passau.de

 

Calendar:

January 15, 2024: reception of proposals

January 31, 2024: dissemination of selected proposals

March 3-4, 2024: conference

 

Useful information

 

The conference will be held in Mafraq, Jordan, on the campus of Al-Albayt University on March 3 and 4, 2024.

The duration of the presentations is set at 30 minutes. A publication of the conference proceedings is planned.

 

The language ​​accepted for presentations is French. There will be no online session.

 

There are no registration fees.

 

Participants are responsible for: transport costs to come to Amman, accommodation costs and dinner of 3rd March.

 

The two days of the conference will continue with a round table bringing together Arab Writers with completely different trajectories and projects. Open to the public, this dialogue with artists will be an opportunity for participants to discover unique contemporary writings but also to exchange with the artists their apprehensions of literature from and about the Arab world.

 

Scientific committee

Isabelle BERNARD (The University of Jordan)

Carmen BUSTANI (Saint-Esprit University)

Alexandre GEFEN (CRNS/University of Paris-Sorbonne)

Marina Ortrud HERTRAMPF (University of Passau)

Jacqueline JONDOT (University of Toulouse-Le Mirail)

Waël RABADI (Al-Albayt University)

Élisabeth VAUTHIER (University Lyon III)

 

Organizing committee

Mohamed AL-KHATIB (Al-Albayt University)

Isabelle BERNARD (The University of Jordan)

Karine GERMONI (La Sorbonne-Abu Dhabi)

Waël RABADI (Al-Albayt University)

 

Indicative bibliography

 

Al-Samman Hanadi, Anxiety of Erasure. Trauma, Authorship, and the Diaspora in Arab Women’s Writings, New York : Syracuse University Press, 2019.

 

Ashour, Radwa ; Ghazoul, Ferial J. et Reda-Mekdashi, Hasna (dir.), Arab Women Writers : A Critical Reference Guide 1873–1999, Cairo, The American University in Cairo Press, 2008.

 

Ausoni, Alain, Mémoires d’outre-langue. L’écriture translingue de soi, Slatkine Érudition, 2018.

Badran, Margot et Miriam Cooke, Opening the gates a century of Arab feminist writing, Virago Press, 1990.

 

Belayhed, Hamad Al-, Approches du récit féministe, L’Harmattan, 2018.

 

Boustani, Carmen, Effets du féminin : variations narratives francophones, Karthala, 2003.

Boustani, Carmen, Des femmes et de l’écriture : le bassin méditerranéen, (en collaboration avec Edmond Jouve), Paris, Karthala, 2006.

 

Censi, Martina, Le corps dans le roman des écrivaines syriennes contemporaines. Dire, écrire, inscrire la différence, Brill, 2016.

 

Déjeux, Jean, La littérature féminine de langue française au Maghreb, Karthala, 1994.

 

Farès, Saba et Laurence Denooz, Femme et féminisme dans les littératures méditerranéennes et arabe actes de la table ronde de Nancy, 13- 14 mars 2008, ADRA, 2010.

 

Farhoud, Samira, Interventions autobiographiques des femmes du Maghreb. Ecriture de contestation, Peter Lang, 2013.

 

Fournier, Lauren, Autotheory as Feminist Practice in Art, Writing, and Criticism, MIT Press, 2022.

 

Geiser Myriam, « La “littérature beur” comme écriture de la post-migration et forme de “littérature monde” ». Expressions Maghrébines, vol. 7, n° 1, 2008, p. 121-139.

 

Halimi, Gisèle, La cause des femmes ; précédé de Le temps des malentendus, Gallimard, 1992.

 

Lammers, Philipp et Marcus Twellmann, « L’autosociobiographie, une forme itinérante », COnTEXTES, 06/06/2023, DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.10515.

 

Mehta, Brinda, Rituals of Memory in Contemporary Arab Women’s Writing, New York : Syracuse University Press, 2007.

 

Mehta, Brinda, Dissident Writings of Arab Women. Voices Against Violence, London : Routledge, 2014.

 

Mestiri, Soumaya, Décoloniser le féminisme : une approche transculturelle, Vron, 2016.

Noiriel, Gérard, Le Creuset français : histoire de limmigration, XIXe-XXe siècles, Seuil, 1988.

 

Pinçonnat Crystel, Endofiction et fable de soi. Écrire en héritier de l’immigration. Paris : Classiques Garnier, 2016.

 

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