Mesurer les milliards d’organismes vivants du plancton océanique: tel est l’objectif des étudiants qui embarqueront début octobre sur les navires de la Marine nationale, dans le cadre d’une opération inédite entre chercheurs et marins.
« C’est une idée de génie », assène Emmanuel Boss, professeur d’océanographie à l’université du Maine (États-Unis), en marge de la conférence de présentation de la « mission Bougainville ».
Présentée mardi à la station biologique de Roscoff (Finistère), cette mission nommée d’après l’explorateur Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), vise à embarquer une dizaine d’étudiants de Sorbonne Université sur des navires de la Marine nationale afin d’effectuer des mesures du plancton océanique.
L’objectif à terme est d’accumuler une « mesure répétée et homogène » du plancton car « on ne sait pas du tout ce qu’il se passe dans le microbiome » océanique, selon Colomban de Vargas, directeur de recherche au CNRS, et initiateur de la mission avec l’amiral Christophe Prazuck, directeur de l’Institut de l’Océan de Sorbonne Université.
« Le projet de ce siècle, c’est de comprendre comment marche la biologie planétaire », assure le chercheur.
– « Meilleurs marins »-
Venu spécialement pour l’occasion, le chef d’état major de la Marine nationale, l’amiral Nicolas Vaujour, a lui aussi souligné qu' »une meilleure compréhension de la mer » aiderait les « équipages demain à être de meilleurs marins ».
Dès le début du mois d’octobre, quatre étudiants en fin de master navigueront justement avec les équipages des Bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) basés en Nouvelle-Calédonie et à La Réunion.
A bord de ces navires affectés à la surveillance du domaine maritime français (le deuxième plus grand au monde), ces nouveaux officiers biodiversité s’attacheront à récolter des données d’imagerie et des prélèvements d’ADN sur les milliards d’organismes vivants (virus, bactéries, prostites, animaux, etc) qui peuplent les océans.
Ces données seront recoupées avec les mesures de salinité, de température et de pression réalisées simultanément.
Avant d’embarquer, Manon, Hugo, Thomas et Mathilde ont reçu une formation scientifique à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ainsi qu’une formation militaire à l’école navale pendant un mois.
« On ne connaissait pas du tout le monde militaire et on appréhendait un petit peu, à 23 ans, de devoir diriger certains marins qui ont beaucoup plus d’expérience que nous et sont plus âgés », a témoigné Manon Thueux. « Ça nous a donné le bagage nécessaire pour partir sur nos bateaux la semaine prochaine ».
Pendant un an, ces volontaires officiers aspirants côtoieront des marins chargés de surveiller la zone économique exclusive (ZEE) française, qui interviennent régulièrement sur des opérations de lutte contre le trafic de drogue ou contre la pêche illégale.
« C’est enthousiasmant. On va avoir un côté opérationnel qu’on n’avait pas sur les bancs de la fac », se félicite Thomas Finet, 24 ans.
– Science frugale –
Toutes les mesures biologiques seront effectuées grâce à des instruments scientifiques « frugaux », plus légers et nettement moins chers que les appareils habituellement utilisés pour ce genre de missions.
L’idée, à terme, est de rendre ces instruments accessibles aux voiliers de plaisance et aux navires de commerce afin d’obtenir une cartographie encore plus vaste du plancton océanique. « Le grand intérêt, ça sera l’accumulation. Cela constituera la mémoire de l’océan, un trésor extraordinaire », souligne Colomban de Vargas, qui veut « mettre en oeuvre d’ici 2030 une mesure coopérative, frugale et pérenne de la vie aquatique invisible, à l’échelle planétaire, permettant de surveiller la santé de l’océan et des eaux douces ».
Une meilleure connaissance de la diversité biologique du plancton permettra notamment d’affiner les prévisions quant à l’évolution du réchauffement climatique.
« On sait que c’est une faiblesse des modèles climatiques. C’est très simplifié dans la plupart des modèles », souligne ainsi Fabien Lombard, maître de conférence au laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). « Savoir comment cet écosystème réagit au réchauffement climatique est très complexe. »
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