Portrait d’un Panthéon-Sorbonnard: Michel-Edouard Leclerc

Biographie:

Directeur des Centres E.Leclerc (www.e-leclerc.com), première enseigne de France avec plus de 17% de part de marché de la grande distribution (14% pour Carrefour), le médiatique Michel-Edouard Leclerc, souvent désigné par ses initiales, MEL, est un Panthéon-Sorbonnard et fier de l’être.

Il fait d’ailleurs souvent référence à sa formation sur son blog, “De quoi je me M.E.L.” (www.michel-edouard-leclerc.com),  et dans son livre d’entretiens “Du Bruit dans le Landerneau” publié en 2004 chez Albin Michel. Il quitta sa Bretagne natale et l’Université de Brest pour rejoindre l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne afin de bénéficier de sa nouvelle approche pluridisciplinaire en Sciences Humaines et Sociales, ce qui lui permit d’étudier à la fois la Philosophie, la Science Politique et l’Economie, tout en côtoyant les plus belles et brillantes étudiantes parisiennes et les plus beaux esprits français de l’époque. Il est notamment diplômé du Doctorat ès Sciences Economiques de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (l’université fondatrice de la Paris School of Economics avec d’autres Grandes Ecoles et Grands Etablissements comme Normal Sup’, l’EHESS, les Ponts et Chaussées et l’INRA, www.parisschoolofeconomics.eu, et la seule université qui dispose d’un département uniquement consacré à l’enseignement et à la recherche en Science Politique, http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9partement_de_science_politique_de_la_Sorbonne).

Morceaux choisis:

” Michel-Edouard Leclerc, étiez-vous préparé à jouer ce rôle, à devenir le patron des Centres
E. Leclerc ?

Non, pas du tout. J’ai d’abord choisi de faire des études classiques, à dominante littéraire. Et si je suis sorti de la faculté muni d’un doctorat en sciences économiques, j’ai surtout fréquenté les amphithéâtres de la Sorbonne pour y suivre des cours de sciences politiques et de philosophie. Depuis l’adolescence, je rêvais d’être enseignant ou journaliste. J’étais passionné par ces deux métiers et je ne me sentais nullement obligé d’incarner la continuité de l’entreprise. Bien au contraire, je conférais déjà à ces deux passions professionnelles le sens d’une mission. C’était un engagement. J’avais organisé mes études, j’avais mis en éveil toute ma curiosité pour m’y préparer. A la fac, mes condisciples « pigeaient » comme moi pour quelques journaux. Ils ont entretenu cette vocation. J’étais très influencé par les grandes figures du journalisme : Pulitzer, bien sûr, et ses méthodes d’investigation, Albert Londres, Joseph Kessel, John Reed, et toutes les grandes signatures de l’époque, de Robert Guillain au Monde à Marc Kravetz dans Libération. Je lisais fébrilement leurs articles comme on attend le nouvel épisode d’un feuilleton. Et puis, il y avait la présence d’un homme qui, dans mon éveil intellectuel, aura joué un rôle essentiel : Michel Bosquet. Il signait dans le Nouvel Observateur toutes ses « critiques du capitalisme quotidien ». Et c’est sous le nom d’André Gorz que cet ancien disciple de Jean-Paul Sartre poursuivait dans « Les Temps Modernes » son oeuvre salutaire de rénovation de la gauche. Je l’ai connu en Bretagne. Il était venu à la rencontre de mes parents pour comprendre la scission des Centres E. Leclerc avec les adhérents du groupe Intermarché. Ce qui l’intéressait, c’était d’analyser l’efficacité du modèle coopératif par rapport au commerce intégré. Il m’a fait lire John Kenneth Galbraith, découvrir Herbert Marcuse, l’école critique de Francfort et les économistes radicaux américains. Avec beaucoup d’affection et de pédagogie, lui et sa femme m’ont poussé à réfléchir sur le sens de l’action. Et c’est avec eux que j’ai découvert l’importance de l’écologie politique.

[...]

Qu’est-ce qui vous a donné envie de poursuivre des études de sciences économiques. Qu’est-ce qui
vous a fait rejoindre les bancs des étudiants en philosophie ?

Une furieuse volonté d’agir et de donner du sens à ma vie ! Ce sont des expressions banales. Tout le
monde s’y réfère. Chez moi, tout simplement, c’est une obsession.  Je me suis inscrit à la faculté à Brest en voulant comprendre les rouages de l’économie. J’ai adhéré au PSU. Ce courant politique, fraîchement crée par Serge Mallet et Michel Rocard, traversait une mouvance allant du mouvement coopératif aux régionalistes, en passant par les partisans d’une Europe sociale. J’avalais les écrits arides de nos grands économistes, malgré une difficulté majeure. La mode était à la micro-économie. Je n’avais pratiquement pas fait de maths ! Et comme nos prix Nobel ne sont pas des monstres de littérature, il fallait apprendre le calcul intégral et manier les dérivés pour expliquer les courbes du chômage. J’en ai eu vite assez ! Ce n’était pas de la paresse. Mais c’était une époque où l’économétrie imposait sa dictature. Après la révolte étudiante de 1968, on avait supprimé l’enseignement de la sociologie. Il fallait tout rationaliser, modéliser. J’avais pourtant le pressentiment qu’il n’était pas besoin de ces explications, finalement simplistes, pour décrire la faillite inéluctable des chantiers navals ou de l’industrie charbonnière. J’ai changé de faculté. Je me suis inscrit à la Sorbonne. J’y ai rejoint d’autres étudiants, avides de comprendre les mutations sociales. A l’Université de Paris I, il y avait les cours de Raymond Barre. Classique ! Mais, à deux encablures, dans un autre amphithéâtre, je me suis retrouvé aux côtés de Jérôme Garcin, aujourd’hui merveilleux écrivain, dans la mire de Vladimir Jankélévitch. Quel homme extraordinaire ! Quelle finesse, quelle humilité ! Et ses coups de colère si dérangeants, dès qu’il pouvait fustiger les grands penseurs allemands. Il distillait une philosophie du désespoir, mais aussi du pardon, si corrosive mais salvatrice. A la sortie des cours, il faisait bon retrouver le parterre des plus belles étudiantes, corps et âme tendus vers l’écoute de Michel Serres. J’ai aimé sa manière de faire aimer l’étude, la recherche et la vie. Son cours d’histoire de la philosophie des sciences est un antidote à la morosité. Je suis toujours resté en relation avec lui, comme d’ailleurs avec Alain Etchegoyen, un autre de ses élèves, passionné lui aussi d’établir des ponts entre l’entreprise et la société. Je ne doute pas qu’après sa récente nomination au Commissariat Général au Plan, il redonne toute son utilité et sa noblesse à cette institution. C’est pendant ces études que j’ai participé à la rédaction de premiers numéros spéciaux de la revue Que Choisir, consacrés à l’Europe et à l’environnement. Des thèmes alors très novateurs pour les mouvements de consommateurs.”

Sa page sur Wikipedia:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel-%C3%89douard_Leclerc

Son blog:

http://www.michel-edouard-leclerc.com/blog/m.e.l/index.php

Guillaume Mariani

Tags : , ,

Laisser un commentaire